Abus sexuels rituels : le cas de la maternelle McMartin aux Etats Unis

par Ceri
mercredi 30 mai 2012

En France, c’est bien connu, les réseaux pédophiles n’existent pas. Comme le nuage de Tchernobyl qui s’arrête à la frontière, les réseaux pédophiles craignent méchamment nos braves douaniers. Alors les réseaux satanistes, c’est forcément du pur fantasme.

Aux Etats-Unis, par contre, on en parle. Au moins, quelques voix, et pas des moindres, se font entendre malgré une propagande très efficace destinée à endormir la population. Regardons de plus près un cas d’école –c’est le moins qu’on puisse dire- en matière d’abus sexuels rituels contre les enfants. Ca se passe à l’école maternelle Mc Martin, à Manhattan Beach dans la banlieue de Los Angeles, et c’est devenu l’exemple type du « syndrome des faux souvenirs », une invention des pédos.

L’affaire débute en aout 1983, quand Judy Johnson, une mère de famille appelle la police. Elle pense que son fils de trois ans a été violé dans son école maternelle, la McMartin preschool. Une enquête démarre. Et bizarrement, si 90% de la population locale était convaincue de la réalité des abus sexuels sur les enfants de cette maternelle (et d’autres), les médias, à 90% au moins, défendaient la thèse inverse.

On va commencer par la version officielle.

 

Version officielle : RAS

La version officielle veut que Judy Johnson soit mentalement dérangée, alcoolique et suicidaire. Ca tombe bien :Judy Johnson est décédée prématurément, à cause de l’alcool auquel elle était allergique, alors que le procès était toujours en cours.

Quoi qu’il en soit, le fils de Judy Jonhson a expliqué qu’il avait été abusé dans des tunnels sous l’école McMartin, notamment par Ray Buckey, le fils de la directrice et petit fils de la fondatrice de l’école[1], qui travaillait là à mi temps en tant qu’aide scolaire. Des examens médico légaux le confirment. C’est d’ailleurs parce qu’il est rentré de l’école avec l’anus enflammé que Judy Johnson a réagi. La thèse officielle dira qu’elle « est devenue obsédée par l’anus de Matthew », qu’elle l’a poussé à parler de choses qu’il n’avait pas vécues, bref qu’elle exagéré.

Johnson emmène son fils consulter des spécialistes du Children's Institute International (CII) à l’université de Californie. Pas de chance, selon la version officielle, le médecin qui reçoit l’enfant manque d’expérience, si bien qu’il conclut que le fils de Judy Johnson a bien subi des abus sexuels, dont des actes de sodomie.

Heureusement, une seconde expertise conclut que les allégations de Matthew et de sa mère sont des inepties. Et le pauvre Ray, un garçon si gentil, se demandait pourquoi on l’accusait de choses aussi horribles.

C’est à se demander pourquoi une enquête a été ouverte à ce sujet, pourquoi la police a réuni les parents d’élèves pour leur demander de voir si leurs enfants auraient pu être victimes, et pourquoi une dizaine d’écoles du coin ont été perquisitionnées dans la foulée, et quatre fermées. A ce moment, les parents ont commencé à se parler de ces viols qui n’existaient pas, ce qui s’est transformé en délire collectif et en « chasse aux sorcières », comme l’ont dit et répété les médias US.

La police ne trouve rien qui confirme les abus, toujours selon la version officielle.

Pourtant, les parents, qui ont emmené à leur tour leurs enfants voir les spécialistes de l’université de Californie (notamment en matière d’abus rituels), ont appris que lesdits spécialistes avaient estimés fiables les témoignages de leurs enfants. Mais, on a dit que les spécialistes avaient induit les réponses. D’ailleurs, à l’époque, n’importe quelle allégation de touche pipi se transformait en abus sexuels, voir rituels, nous disait-on doctement. Et en premier lieu, Kee MacFarlane, directrice du CII et membre du Preschool-Age Molested Children's Professional Group, qui a pris pour argent comptant la parole des enfants, et les aurait même poussés à raconter des choses qu’ils n’avaient pas subies[2]. MacFarlane avait été mandatée par le bureau du procureur en octobre 1983 et a reçu 400 gamins (y compris d’anciens élèves), pour estimer que 80% d’entre eux avaient bien subi des abus sexuels. Sur ces 360 enfants, seulement 11 ont été entendus lors du procès.

Sept personnes sont arrêtées en février 1984. Parmi elles, Peggy Buckey la directrice, sa mère et son fils Ray, ainsi que d’autres enseignants de cette école huppée.

A partir de là, on se lance dans la procédure la plus longue et la plus couteuse à l’époque devant un tribunal criminel US[3]. Un peu comme Outreau, pour n’aboutir à rien en fin de compte. Normal : le procès, on ne sait comment ni pourquoi, reposait uniquement sur la parole des enfants, qui savaient à peine parler à l’époque. On a donc fait intervenir d’éminent spécialistes, tels que Richard Gardner de l’université de Columbia, chantre du Syndrome des Faux Souvenirs et du Syndrome d’Aliénation Parentale qui ont ce point commun de ne pas être reconnus dans le DSM, la bible des maladies mentales (qui a pourtant une furieuse tendance à s’étoffer tous les quatre ans). Et qui a dit que les psys qui avaient interrogé les enfants leur avaient induits des souvenirs, d’ailleurs ce qu’ils racontent est tellement impossible que c’est impossible. Je reviendrai plus tard sur ces « spécialistes » qui ont largement décrédibilisé la parole de tous les enfants dans cette affaire, à grands renforts de campagnes médiatiques.

Parmi les chantres de la version officielle, on a Debbie Nathan, une journaliste d’El Paso au Texas pour qui les abus rituels ne peuvent pas exister, et toute cette affaire n’est qu’une « hystérie collective ». Elle s’est fait connaitre dans tout le pays avec l’affaire McMartin, en écrivant dans divers grands journaux des articles tels que « The ritual sex abuse hoax  » (le canular des abus sexuels rituels). Son mérite a été récompensé puisqu’elle a reçu un prix de la Free Press Association et d’un prix d’une faculté de journalisme. Elle a écrit que la plupart des actes de pédophilie « consistent à caresser et attoucher. Pour la plupart des enfants cette expérience apparaît au mieux déroutante, au pire traumatique. Mais les autres semblent participer volontiers », avant de se demander si « comparé aux abus du mouvement de protection des enfants devenu fou, est-ce que l’inceste serait bien pire ?  ».

Quant aux propos des enfants selon lesquels on leur aurait fait subir sodomies et autres rituels glauques dans des tunnels sous l’école, Debbie Nathan explique qu’on n’en a jamais retrouvé la trace, ce qui est faux et elle le savait très bien au moment où elle publiait. Mais, on va en reparler. Depuis l’affaire McMartin, Debbie Nathan a fait son fonds de commerce de la négation des abus sexuels rituels.

Bref, l’ « hystérie » a été si importante qu’on a fermé plusieurs de ces maternelles en Californie et ailleurs[4]. Aujourd’hui, on trouve même à ce sujet un article intitulé « day care sex abuse hysteria » (l’hystérie des abus dans les garderies) sur Wikipedia. Et comme pour Outreau, cette affaire est devenue un cas d’école de la dérive qui survient quand on cautionne la parole des enfants.

En mars 1984, pour le « pré procès », pas moins de 208 chefs d'accusation d'abus d'enfants impliquant une quarantaine d’enfants ont été portés contre 7 adultes : les deux propriétaires de l'école, Ray Buckey et 4 enseignants[5]. Après 20 mois d'audiences préliminaires, au cours desquelles seulement 41 enfants sur les 360 chez lesquels MacFarlane a décelé des signes d’abus (souvent confirmés par un examen médico légal), on décide qu’il y a suffisamment d’éléments pour aller au procès. En janvier 1986, le nouveau procureur élu, Ira Reiner, abandonne l’ensemble des accusations contre cinq inculpés. Il restait alors 52 chefs d’accusation contre Ray Buckey et vingt contre sa mère, qui a finalement été acquittée. Finalement en 1990, seuls 13 chefs d’accusation contre Ray Buckey ont été examinés par le tribunal.

Sauf que de nombreux éléments laissent penser que les enfants ne racontaient pas des histoires, même s’ils pouvaient en avoir l’air.

 

La version des abus rituels

1. Décès suspects

On aimerait croire à la version officielle sans se poser de questions. Pas de chance, de nombreux éléments amènent à relativiser la « vérité judiciaire », et comme par hasard on a soigneusement évité d’en faire état dans les médias et au cours du procès.

Par exemple, le meurtre de Karen Klaas, qui avait tant fait jaser à l’époque. Car, l’affaire est bien étrange.

En janvier 1976, Karen Klaas est violentée chez elle à Hermosa Beach en Californie, par un inconnu qu’on n’a jamais retrouvé. Elle avait divorcé du chanteur Bill Medley du groupe The Righteous Brothers. On l’a retrouvée chez elle, inconsciente mais encore vivante, puis elle décède quatre jours plus tard des suites de ses blessures. Les voisins avaient bien aperçu dans l’immeuble un homme étrange qui semblait épier ou attendre Karen Klaas juste devant sa porte, mais la police piétine. L’homme était déjà venu plusieurs fois la semaine de l’agression. Pourtant, la police n’avance pas, et a d’ailleurs rouvert l’enquête en 2006, afin d’examiner des éléments d’ADN.

Certains s’interrogent en effet sur ce meurtre, car Karen Klaas est décédée une heure après avoir déposé son fils à l’école McMartin. L’enquêteur qui a travaillé sur cette affaire, Paul Bynum, a été viré pour d’étranges raisons en 1979, après avoir résolu une série de meurtres d’adolescentes, crimes qui l’auraient fortement marqué selon sa hiérarchie. Puis il a travaillé comme détective privé et a été recruté par les avocats des parents de victimes de l’affaire McMartin. Et il en est arrivé à la conclusion que des enfants avaient bien été abusés dans cette école.

C’est ainsi qu’on l’a convoqué pour témoigner lors du procès de l’école McMartin dans les années 80 au sujet des ossements d’animaux qu’il avait retrouvés dans les tunnels sous l’école. Mais pas de chance : il s’est tiré une balle dans la tête juste avant de témoigner devant le jury, à 39 ans, un an après le décès de Judy Johnson. Heureusement, Bynum avait déjà témoigné deux jours plus tôt devant les magistrats, au sujet de ces restes d’animaux qu’il avait trouvés. Du moins, c’est la version du Los Angeles Times.

On a dit qu’il était marqué par ses investigations et suicidaire, ce que son entourage a fermement nié. Mais, la Justice n’est pas arrêtée à ces détails, et on a conclu au suicide.

Enfin, Judy Johnson, la mère par qui le scandale McMartin est arrivé, a été retrouvé morte et nue chez elle. On a dit qu’elle était alcoolique chronique et schizophrène, mais ses proches ne lui ont jamais connu de problème d’alcool ni de trouble mental avant d’apprendre ce qui était arrivé à son fils. Mais elle a probablement été aidée à partir en vrille, via des menaces récurrentes, des filatures, bref une pression psychologique permanente.

Un autre mort dont va parler plus loin est Robert Winkler, reconnu par plusieurs enfants mais jamais inquiété pour l’affaire McMartin. Il a été retrouvé mort à la veille de son procès quelques années plus tard : il s’était fait pincer pour avoir créé un réseau pédophile à partir du service de baby sitting qu’il avait ouvert.

 

 2. Ceux qui sont passés entre les mailles du filet

Tout le monde ou presque, lors de ce procès, était d’accord pour dire que les enfants avaient bien été victimes d’abus. Mais, comme pour Outreau, si on a bien des victimes, on n’a pas de coupables. Si peu à Outreau (4 coupables pour 12 victimes), et zéro pour McMartin.

D’aucuns expliquent que «  la McMartin preschool, en lien avec au moins deux autres écoles maternelles de Manhattan Beach et avec un service de baby sitting, était le centre d’un très grand réseau de prostitution enfantine et de pornographie enfantine, dont les activités semblent avoir été protégées et couvertes par un certain nombre de fonctionnaires locaux, provinciaux et fédéraux  ».

D’après un courrier officiel du sergent Beth Dickerson du département du shérif du conté de Los Angeles à l’agent Kenneth Lanning du FBI en août 1983, les 350 enfants interrogés qui ont montré des signes d’abus sexuels, ont désigné les sept personnes qui ont comparu, mais ils ont aussi évoqué une « trentaine d’autres personnes » qui n’étaient à l’époque soumises à aucune charge, « ainsi que de nombreux étrangers non identifiés ». Cela fait donc un bon paquet de gens. Et pourquoi les trente personnes identifiées et désignées par les enfants n’ont-elles pas été impliquées ? Mystère.

Parmi les lieux désignés par les enfants, il y a certes l’école McMartin, mais aussi dans d’autres écoles, dans un marché du coin, dans des églises, une morgue, diverses habitations, une ferme, le bureau d’un médecin, des crèches et autres endroits comme des entreprises. Souvent, des photos et des films étaient réalisés au cours des séances de viols collectifs. Certains enfants ont dit avoir été forcés de participer au sacrifice d’animaux, mais aussi de bébés et d’autres enfants. Ils ont dit avoir été obligés de boire leur sang, de poignarder des bébés ou d’assister à leur décapitation, de manger la chair de cadavres. Certains ont été mis dans des cercueils avec les cadavres mutilés. On les a soumis à des pratiques nécrophiles, scatologiques, zoophiles. Ces éléments ressemblent d’ailleurs beaucoup à ce qu’ont décrit d’autres enfants dans le pays (accusés eux aussi d’avoir de « faux souvenirs « ), mais aussi d’autres enfants en Europe et en France, comme les frères et sœur de l’affaire du Var, à Cogolin : ils ont eux aussi du tuer des enfants, manger la chair des cadavres, assister à des cérémonies bizarres etc. Alors oui, le complot des psys qui insufflent les faux souvenirs doit être au moins mondial.

La plupart des enfants disent avoir été photographiés nus, avoir du boire un liquide rouge ou rose que les faisait dormir, avoir assisté à des meurtres d’animaux (lapins, poneys, tortues, chien…), y compris dans les églises. Des témoignages parlent même de transports des enfants en avion ou en voiture, pour être prostitués à l’extérieur.

Ils parlent de viols et sodomies avec des bâtons, ainsi que d’épisodes scatologiques. Parfois, les adultes étaient habillés de robes noires, et chantaient en cercle autour d’eux.

En mai 1984, une nouvelle enquête démarre dans une maternelle du coin, après qu’une victime de McMartin ait identifié la maternelle Manhattan Ranch comme un lieu où on a abusé. Une soixantaine d’enfants a alors parlé, désignant au moins six coupables. Ils expliquent que des adultes viennent à l’école, les emmènent et abusent d’eux hors de l’école. Là aussi, des animaux sont tués, les enfants sont photographiés, et les mêmes actes scatologiques sont décrits.

On met donc en place un groupe de travail de 21 personnes dédié à l’enquête en novembre 1984. Ce groupe travaille sur les cas McMartin et Manhattan Ranch, ainsi que sur deux autres écoles maternelles dont la maternelle Learning Game de Manhattan Beach, liée à la McMartin. Là, c’est un enfant de McMartin âgé de trois ans qui a identifié l’école comme un lieu où des adultes ont abusé de lui plusieurs fois. L’école été fermée, ainsi que la Children's Path preschool à Hermosa Beach et la Peninsula Montessori preschool à Rolling Hills Estates.

La Manhattan Beach et la Children Path preschool appartenaient à Jill B Schwarz. La seconde a été fermée car sept enfants, dont un de Manhattan Beach et six de Children’s Path, ont dit y avoir été molestés entre janvier 1982 et octobre 1984. On a ensuite appris que huit autres enfants de Manhattan Beach disaient la même chose, mais l’enquête n’a rien donné bien que trois femmes et un homme aient été mis en cause. Une campagne pour la réouverture de Children’s Path a rapidement été organisée par certains parents, qui défendaient Schwartz. Et ça a marché : l’administration a fini par lever la fermeture, qui n’était que temporaire.

Selon Michael Newton, qui a travaillé sur cette affaire, 460 enfants auraient déclarés avoir été abusés dans trois écoles de Manhattan Beach, et que le Children’s International Institute avait repéré que 80% d’entre eux montraient des signes flagrants d’abus, tels que des cicatrices liées à des viols vaginaux et anaux, des saignements anaux, une perte des réflexes du sphincter… Apparemment, ces examens médico légaux représentaient un camion entier de documents.

Tous les témoignages étaient étrangement similaires quant aux types d’abus décrits, au déroulement des faits, aux lieux, aux auteurs. Parmi ces témoignages, il y avait aussi ceux d’anciens élèves, plus âgés, parfois adolescents et jusqu’à une vingtaine d’années, qui savaient donc très bien de quoi ils parlaient. Hélas, on n’a pas laissé ces témoins plus âgés s’exprimer lors du procès car le délai de prescription était dépassé pour ce qui les concernait. Mais, on aurait pu les entendre comme témoins, ce qui n’a pas été fait.

Quant aux petits, beaucoup étaient incapables de témoigner, notamment en raison du traumatisme qu’ils avaient subi. Depuis, un ou deux se sont rétractés, mais la quasi-totalité maintient avoir bien été violé dans ces écoles.

Parmi la trentaine de personnes identifiées et qui n’ont pas été inculpées, il y avait un certain Robert Winkler, arrêté pas loin de là pour avoir géré un réseau d’abus sexuels à partir d’un service de bayy sitting. Pour les enfants, Winkler s’appelait « the wolfman » et venait souvent à l’école. Il fournissait les médicaments qui étaient utilisés dans les rituels d’abus, dans des églises, un cimetière, un crématorium. Pas de chance, Winkler a été retrouvé mort d’une overdose à la veille de son procès.

 

3. Les tunnels

Les enfants ont donc parlé de tunnels sous l’école, où il y avait une chambre secrète dans laquelle ont les violait, et qui permettaient de sortir de l’école sans être vus de l’extérieur. Le premier à creuser a été Paul Bynum, le détective suicidé la veille de son témoignage au procès.

Puis, le procureur en charge du dossier a mené des investigations au sujet de ces tunnels, mais cela n’a rien donné. Il faut préciser que le magistrat n’a ordonné des fouilles superficielles que parce que des parents avaient commencé à creuser eux-mêmes dans l’école. Et l’instruction était de ne chercher que là où les familles avaient déjà cherché.

Alors, les parents ont saisi l’occasion quand l’école a été revendue en avril 1990, et ont embauché une équipe de scientifiques, dont l’archéologique réputé Gary E Stickel, qui a donc utilisé des méthodes reconnues pour cette mission. On a notamment utilisé un radar, et on a sondé le sol, ce qui a permis de constater des remblais ou des tassements de terre anormaux. L’équipe a donc trouvé sous la terre exactement ce que les enfants avaient décrit. L’ex chef du FBI à Los Angeles, Ted Gunderson, était présent lors de ces recherches sur les tunnels. Et il et a déclaré avoir trouvé des tunnels remblayés. Gunderson a ensuite travaillé sur l’étouffement de l’affaire Franklin[6], dont on parlera une autre fois. Cependant, Jackie McGauley, l’un des parents d’élèves à l’initiative des fouilles, a expliqué que Gunderson était probablement là uniquement pour connaitre l’avancement des recherches, et qu’il lui a volé 30.000$.

Deux tunnels ont été repérés, dans lesquelles un homme adulte pouvait circuler, ainsi que diverses structures qui n’ont rien à faire là. Ils avaient été remblayés, si bien qu’il a été facile d’identifier les différents types de terre. Les enfants avaient parlé d’un tunnel donnant un accès caché vers un bâtiment adjacent situé à l’est. Un second accès donnait sous le mur ouest du bâtiment, et menait vers ce qui ressemblait à la pièce secrète décrite par les enfants.

Les tunnels avaient manifestement été creusés à la main sous la dalle de béton, après la fin de la construction de l’école. Pourtant, on n’a jamais parlé de ces investigations-là durant le procès, qui n’était pas encore terminé à ce moment. Mais, admettre qu’il y avait bien des tunnels sous cette école, c’était admettre que les enfants disaient la vérité sur l’un des points les plus « incroyables » de l’affaire.

Dans les remblais de ces tunnels, les archéologues ont retrouvé une boîte à sandwichs Disney fabriquée en 1983, des boites de conserve, des conteneurs, et des ossements d’animaux.

 

Les abus rituels, une banalité aux Etats Unis ?

En février 1985, nombre de policiers savaient que les abus rituels étaient une réalité. L’un d’eux, l’officier Sandi Gallant, de la police de San Francisco, a réalisé un rapport sur le sujet en recensant de nombreux cas à travers les Etats Unis et au Canada, où le phénomène semblait se développer aussi.

Voici ce qu’elle a écrit aux parents des victimes : « Au cours des dernières années, les policiers ont été confrontés des investigations qui impliquent un changement de vocabulaire. Ce vocabulaire correspond à des crimes désormais identifiés comme des cas de « l'abus sexuels rituels » ou « abus rituels contre les enfants". Il décrit les cas impliquant une série systématique de violations sexuelles, physiques, et / ou émotionnelles visant à instiller la peur et réalisés en ayant à l’esprit des objectifs spécifiques. Cela comprend les cas dans lesquels les abus sont commis sur une base spirituelle.

Jusqu'à récemment, les lois étaient appliquées dans ces cas de la même manière que pour la maltraitance habituelle des enfants. Cela n'a pas été fait pour nier l'existence des abus rituels, mais parce que ces .cas n'ont jamais été catégorisés avant. En d'autres termes, ces cas ont été traités de la façon dont tous les dossiers ont été traités parce que personne ne savait qu'ils correspondaient à un scénario de crimes alors en développement dans le pays. Toutefois, cela a posé des problèmes en termes de réussite des enquêtes.

Les cas d'abus rituels impliquent généralement plusieurs agresseurs et des victimes multiples. La violence se produit à plusieurs reprises, plutôt que de façon isolée. Les allégations concernent des types d’abus aussi insupportables qu’incroyables. Les enquêteurs croient les victimes, mais ils sont incapables de trouver des preuves qui puissent les conduise vers des poursuites judiciaires.

Dans le dédale des problèmes qui ont surgi, les enquêteurs se sont retrouvés, dans de nombreux cas, face à des affaires qu'ils ont été incapables de prouver. Les parents des victimes, désormais totalement frustrés par ces échecs du système, ont besoin de réponses et, en fait, ont le droit d’avoir des réponses et de savoir pourquoi leurs enfants qui ont été abusés n’ont pas le droit à la justice.

C'est pour cette raison que cet article a été écrit. Vous, les parents, êtes dignes de voir les lois appliquées. Dans le même temps, nous avons besoin de vous pour comprendre la situation.

Pourquoi les lois sont-elles ainsi ? En tant qu’enquêteur sur les crimes rituels ces dernières années, je peux honnêtement vous dire que nous faisons des progrès et que ce domaine des crimes est reconnu comme spécifique et réel. Je dis cela parce que pas un jour ne passe sans que je ne sois en contact avec d'autres services de police à travers les États-Unis et au Canada, qui cherchent à obtenir des informations concernant le modus operandi et la manière dont se passent les abus rituels. À cet égard, nous faisons des progrès. Là où auparavant les agents n'étaient pas au courant de ce qu'ils voyaient, ils sont maintenant en mesure d'identifier les choses plus facilement. Alors qu’auparavant les enquêteurs n'avaient pas de formation sur la façon de l'identifier ces crimes quand ils y font face, ils reçoivent maintenant une formation.

Tout cela est très bien, mais les parents ne voient toujours pas les résultats escomptés. Dans de nombreux cas, les suspects ne vont même pas jusqu’au procès, et encore moins sont reconnus coupables. Au moment d’écrire ces lignes, il n'ya eu que quelques poursuites réussies aux États-Unis (…)

Problèmes d'investigation

Un problème est que les parties intéressées, quand elles sont frustrées par la machine bureaucratique, décident d’ « aider les enquêteurs » ou de « mener une enquête séparée ». C’est au point que tout un réseau se met en mouvement, et bien que cela aide les parents à se sentir mieux, cela ne fait pas avancer l'enquête. Malheureusement, il peut même faire obstacle à une affaire déjà difficile ».

Et dans le rapport à ses supérieurs Gallant a écrit ceci :

« Les informations contenues dans ce document est désagréable et étranges, à un tel degré que l'on pourrait choisir de les discréditer. Cependant, les recherches que j'ai faites dans ce domaine ont révélé que de nombreux cas de ce type[les abus rituels, ndla] font leur apparition dans le pays et au Canada. Les similitudes dans les histoires de chaque enfant victime utilisé dans ces crimes ont tendance à donner une crédibilité à l'information révélée par d'autres. En outre, les psychiatres et thérapeutes qui ont suivi les victimes, affirment que la cohérence des histoires et les détails explicites révélés les amènent à croire que les enfants disent la vérité. Il y a aussi la croyance que chaque agent des services de police qui a soumis des informations pour ce rapport, que les victimes disent la vérité et que, en fait, les enfants seraient incapables d’élaborer de telles histoires.

Au cours de mes recherches, des similitudes ont commencé à faire surface, indiquant la forte probabilité qu'il existe un réseau de gens dans ce pays, impliqué dans les abus sexuels et de probables homicides de jeunes enfants. Ces cas semblent différer de cas isolés d'abus envers les enfants car les crimes mentionnés ici sont commis avec un objectif à l'esprit de mutiler et massacrer les enfants à des fins rituelles ou sacrificielles. Bon nombre des cas signalés révèlent également une pornographie juvénile au-delà du type normal de pornographie juvénile car les enfants sont photographiés au cours des rituels lors desquels certaines personnes portent des robes, des costumes et des bougies, des serpents, des épées, des autels et d'autres types de matériel rituel sont utilisés ». Ce rapport n’a jamais été transmis au FBI, et le ministère de la Justice a également refusé de l’examiner.

En 1988, une étude intitulée « sexual abuse in day care : a national study  » (abus sexuels dans les maternelles : une étude nationale). Elle porte sur 270 cas d’abus sexuels dans des crèches et maternelles, concernant 1.639 victimes[7]. Et selon les spécialistes qui ont rédigé l’étude, les abus rituels sont évoqués dans 13% des cas. Ils divisaient ces 13% entre les « vrai cultes rituels » et les « pseudos rituels » (similaires au cas du Var, par exemple), dans lesquels les rituels servent à intimider les enfants.

Entre parenthèses, les experts ont calculé que sur l’ensemble des cas d’abus sexuels sur les enfants connus par la police, seuls 23% des pédophiles potentiels sont condamnés à de la prison. En Belgique, 23% des pédophiles condamnés font de la prison, mais passons…

Aujourd’hui aux Etats-Unis, de nombreux « survivants » des abus sexuels rituels se sont exprimés. En créant des blogs, des sites web, en témoignant à la télé, dans les journaux, lors de conférences, en mettant en place des associations d’aide aux victimes de ces abus, qui souffrent souvent de divers problèmes tels que les personnalités multiples.

Souvent, ces victimes parlent des mêmes choses : des expérimentations « médicales » (certaines victimes en France parlent de cela aussi), des manipulations mentales, notamment via des chocs psychiques, d’actes de torture, de meurtres rituels. Et très souvent, des personnalités politiques et locales sont mentionnées également. Beaucoup de ces victimes disent avoir voyagé en avion pour se rendre dans les partouzes, y compris dans de hauts lieux du pouvoir, et beaucoup sont entrés dans le système parce que leur famille y était et les a fait grandir dedans. Même les gangs type Mara Salvatrucha auraient leurs propres rituels sataniques avec meurtres de femmes et d’enfants, au Salvador et aux Etats Unis probablement.

Les témoignages, en réalité, s’accumulent, et sont souvent très similaires. Même la plupart des psys US, qui tentent aussi de communiquer sur le sujet et de faire évoluer la prise en charge des victimes, savent que les réseaux satanistes et pédophiles existent. Il n’y a que les médias commerciaux et la Justice à l’ignorer. A Londres, une unité spéciale de policiers travaille uniquement sur les abus sexuels rituels sur les enfants, en France ou en Belgique, on considère encore que cela n'existe pas, car c'est impossible (voilà en gros la teneur des débats chez nous).

Une étude menée par l’American Psychological Association a montré que 12% des membres avaient déjà eu à traiter des cas d’abus sexuels rituels. De fait, il semble que très souvent, les victimes viennent consulter pour une dépression, par exemple, ou un problème quelconque. Et au fil de la thérapie, les souvenirs d’abus sexuels sataniques reviennent à la mémoire « vive » des personnes. Mais, on ne peut jamais rien prouver, surtout des années après les faits. Surtout quand les victimes sont encore sous influence, ce qui ne semble pas rare du tout.

 

Le jeu trouble des « spécialistes »

La machine médiatique destinée à désamorcer la bombe que constitue cette affaire de la McMartin Preschool a recouru à moult « spécialistes » qui se trouvent souvent être des pédophiles revendicatifs, pour parler de la manipulation des enfants, des « faux souvenirs » etc. Une association comme la False Memory Syndrome Foundation (reconnue d’utilité publique), dotée d’un service de communication bien rôdé, continue aujourd’hui ce travail. Destinée à promouvoir la notion absolument pas scientifique de « Syndrome des faux souvenirs »[8] à grand renforts d’interventions médiatiques et dans les procès de pédophilie et/ou d’abus rituels, l’association continue encore son travail de sape. Elle se présente comme une association scientifique mais ne fait que du lobbying pour les personnes accusées de pédophilie, en se basant sur de pseudo études.

Créée en 1992 par divers « spécialistes », dont Ralph Underwager, un an après une interview donnée avec sa femme à un journal pédophile, au cours de laquelle il a déclaré que la pédophilie est un choix « responsable », et a développé : « Les pédophiles peuvent affirmer avec audace et courage ce qu'ils choisissent. Ils peuvent dire que ce qu'ils veulent, c'est de trouver la meilleure façon d'aimer. Je suis aussi un théologien et un théologien, je crois que c'est la volonté de Dieu qu'il y ait de la proximité et de l'intimité, de l'unité de la chair, entre les gens. Un pédophile peut dire : « Cette proximité est possible pour moi dans les choix que j'ai fait ». Les pédophiles sont trop sur la défensive. Ils vont partout en disant, « Vous les gens là-bas disent que ce que je choisis est mauvais, qu'il n'est pas bon. Vous me mettez en prison, vous faites toutes ces choses terribles contre moi. Je dois définir mon amour comme étant d’une manière ou d’une autre illicite ». Ce que je pense, c'est que les pédophiles peuvent affirmer qu’ils choisissent la poursuite de l'intimité et de l'amour. Avec audace, ils peuvent dire, « Je crois que c'est en fait une partie de la volonté de Dieu ». Ils ont le droit de faire ces déclarations pour eux-mêmes comme des choix personnels. Maintenant si oui ou non ils peuvent persuader d'autres personnes qu'ils ont raison est une autre question  ». Cette sortie, pourtant défendue par Pamela Freys[9], la nouvelle directrice de la fondation, l’oblige à démissionner du conseil consultatif de la False Memory Syndrome Foundation. Qui serait, selon certains, une création de la CIA pour faire écran de fumée face à l’opinion publique dans les cas d’abus rituels et de réseaux pédophiles compromettants. Si c’est le cas, ça a très bien marché. Ainsi, plusieurs pions de la CIA qui ont travaillé dans le domaine de la manipulation mentale (un phénomène aujourd’hui prouvé par les archives, cf. affaires MONARCH, MK ULTRA ou Ewen Cameron, par exemple) seraient présents au conseil d’administration de la fondation.

De fait, la fondation a mis au point une technique infaillible pour que les victimes qui se sont rappelé d’abus rituels finissent par dire qu’elles ont simplement halluciné.

Pour faire cesser la polémique, le National Center for the Prosecution of Child Abuse a été créé en 1988, et a normalisé les auditions de mineurs en collaboration avec le National District Attorney's Associations et le American Prosecutor's Research Institute. Du coup, les questions sont ouvertes et neutres, de manière à ne pas risquer d’influencer l’enfant, mais il faut savoir que les enfants parlent très rarement lors de la première audition, qui est souvent la seule. Le problème, c’est que désormais, cette technique d’audition, qui fait passer à côté de la plupart des affaires, est en train de se répandre partout. Et même avec ces auditions normalisées (au cours desquelles les enfants parlent très peu voir pas du tout), qui se veulent neutres et non subjectives, les avocats de la défense se font une joie de dire que l’enfant a halluciné ou qu’il ment. De l’avis d’une inspectrice de police belge chargée de ces auditions, « les témoignages des enfants, même réalisés suivant cette méthode, ne sont pas des preuves. Si nous allons au procès avec seulement le témoignage de l’enfant, sans preuves médico légales qui sont très rares à obtenir surtout plusieurs jours après les fais, c’est du pain bénit pour les avocats des accusés ».

Bref. Ralph Underwager est donc l’un de ces spécialistes largement cités par les médias à l’époque, et notamment par Debbie Nathan. Doté d’un diplôme de théologie, ancien pasteur Luthérien et psychiatre, il a écrit avec sa femme Hollida Wakefield un bouquin intitulé « Accusations d’abus sexuels sur les enfants », vendu 70$. Une formidable critique du Journal of the American Medical Association résumait parfaitement le degré de fiabilité des délires d’Underwager : « Ce livre a peu de valeur pour ceux qui travaillent avec les enfants abusés à part qu’il peut être important de connaître tous les points de vue. Le livre sera sans aucun doute très utile aux avocats qui défendent les personnes accusées d’abus sexuels sur les enfants. Il semble avoir été écrit tout particulièrement pour ce public… Les auteurs citent 700 références, mais ils n’ont pas réellement étudié cette littérature. Lorsqu’une des références qu’ils citent ne correspond pas à leur point de vue, ils déforment simplement les conclusions  ».

En 1974, Underwager a été nommé directeur de l’Institute for Psychological Therapies, dans le Minesota, et s’est mis à courir les tribunaux à travers tout le pays pour y témoigner en faveur des présumés abuseurs d’enfants, jusqu’à y consacrer 60 à 70% de son temps de travail[10]. Et pour Underwager, tous les enfants mentent systématiquement lorsqu’ils parlent d’abus rituels. D’après d’autres spécialistes, ce serait beaucoup plus rare que cela : David Chadwick du San Diego Children’s Hospital, estimait en 1989 que moins de 8% des allégations d’abus sexuels faites par les enfants sont fausses. Jones et McGraw, qui en 1987 ont examiné 576 cas d’enfants abusés recensés par le Denver Department of Social Services, ont classifié les affaires suivant le degré de fiabilité. Seulement 1% de ces enfants étaient considérés comme ayant probablement fait de fausses allégations. En 2000, 551 cas similaires des mêmes services sociaux de Denver reçus en un an ont été étudiés, et 14 enfants, soit 2,5%, étaient susceptibles d’avoir menti. Dans trois de ces 14 cas, un parent avait manipulé l’enfant, trois autres fois, un geste banal a été mal interprété par l’enfant, et les huit derniers cas étaient réellement de fausses allégations émanant de l’enfant. En outre, des études montrent qu’environ la moitié des victimes d’abus sexuels dans l’enfance refoulent ou oublient ce qui leur est arrivé durant une période de leur vie, en raison par exemple de troubles dissociatifs qui, dans le cas des abus rituels sont fabriqués de toutes pièces par les abuseurs. Pour résumer : en matière d’abus sexuels, on est bien dans la sous estimation du phénomène, y compris et même surtout chez les victimes, et pas du tout dans la surestimation, comme ceux qui parlent d’ « hystérie des abus sexuels » aimeraient le faire croire.

Mais, revenons à ce cher Underwager. En 1984 il créé VOCAL, une association de défense des personnes accusées d’abus sexuels, avec des parents qu’il a contribué à faire acquitter. Les militants n’hésitaient pas à manifester avec leurs pancartes devant les hôpitaux ou les tribunaux pour se faire entendre. Cela a permis à Underwager de témoigner dans plus de 200 procès avant les années 90. Au cours de ses sorties, il a par exemple explique que 60 % des femmes sexuellement maltraitées dans l'enfance disaient que l'expérience a été bonne pour elles. Pour lui, les enquêtes liées à la protection de l’enfance sont une « attaque contre la famille en tant qu'institution », et il a aussi affirmé que 75% des mères alléguant des abus sexuels dans les procédures de garde liées aux divorces ont souffert d'un « trouble grave de la personnalité » qui les a incitées à fabriquer des fausses allégations. En gros, on retrouve ces mêmes arguments dans quasiment tous les procès d’abus sur les mineurs.

Procédurier, Underwager n’hésitait pas à poursuivre ses détracteurs même parmi les spécialistes, comme Anna Salter pour qui Underwager n’était là que pour aider les pédophiles. Heureusement, il a toujours perdu contre elle.

Douglas Besherov, qui fut directeur du National Center on Child Abuse and Neglect, tout en étant directeur du lobby patronal American Entreprise Institute. Il faisait aussi partie des propagandistes liés à la CIA, qui avaient évidemment un accès facile aux médias. Besherov expliquait doctement dans un bouquin publié par l’American Entreprise Institue, intitulé ‘Doing something about child Abuse : the need to narrow the grounds for state intervention’ (traduisible avec mon anglais médiocre comme Faire quelque chose au sujet des abus sexuels sur les enfants : la nécessité de réduire le champ d’intervention de l’Etat) que « statistiquement », la plupart des allégations d’bus sur les enfants sont des mensonges. Il a évidemment été contredit dans ses « statistiques » par moult autres spécialistes qui eux, n’ont pas accès aux médias. Et notamment par ceux qui ont publié les statistiques sur lesquelles il s’était basé.

Besherov était même dangereux, puisqu’outre le fait qu’il prenait la plupart des gamins pour des menteurs, selon lui-même ceux qui étaient bien victimes et pouvaient rester chez eux dans la plupart des cas, même si, précisons-le, c’est chez eux qu’ils ont été abusés. Car, selon lui, ils ne sont pas face à un « danger immédiat ». Et suite à son travail, on a vu fleurir des articles intitulés « ’Fausses allégations d’abus sur les enfants : est-ce que cela peut vous arriver ?’ dans Woman’s Day en 1986, ou encore ‘L’invasion des défenseurs des enfants : personne n’est en sécurité dans la guerre contre les abus’, dans Progressive en 1985…

Au chapitre des médias, on peut évoquer Paul et Shirley Eberle, un couple de journalistes qui a publié en 1986 un bouquin dans la droite ligne des faux souvenirs etc., intitulé « The Politics of Child Abuse » dans lequel ils dénoncent les excès de « l’industrie des abus sur les enfants » (child abuse industry) et requièrent des poursuites contre les mères, les psychologues et autres travailleurs sociaux qui manipulent les enfants afin qu’ils fassent de fausses allégations, ce qui pour les auteurs est le cas presque 100% du temps. Les auteurs récidivent en 1993, avec « The Abuse of Innocence », qui portait essentiellement sur l’affaire McMartin. Accessoirement, dans les années 70 le couple était très impliqué dans la pédopornographie à Los Angeles, et ont publié un magazine dépravé appelé Finger, dans lequel on trouvait par exemple des scènes sado maso ou scatologiques impliquant des enfants y compris, semble-t-il, les leurs[11]. On pouvait aussi y trouver des articles tels que « baby fucking »… Mais, comme Cohn Bendit chez nous, on a estimé que les Eberle étaient simplement dans la vague de libération sexuelle des années 60 et 70, et qu’il n’y avait rien de méchant derrière tout ça.

On ne pourrait pas terminer ce chapitre sur les « experts » qui s’acharnent à nier la réalité des abus sexuels et à relativiser leur impact sur les victimes, sans aborder le cas très préoccupant de l’inventeur du « syndrome d’aliénation parentale » (SAP) en 1985, Richard Gardner. Qui a lui aussi parlé d’ « une grande vague d’hystérie » pour décrire l’affaire McMartin. Il revendique sur ses CV d’avoir enseigné à l’université de Columbia, ce qui n’est pas certain du tout. L’individu a même réclamé lui aussi des sanctions contre les personnes qui signalent des abus sexuels (même avérés).

Comme ses études étaient complètement bidons et que les revues scientifiques à peu près sérieuses n’en voulaient pas, Gardner a créé sa propre maison d’éditions, Creative Therapeutics, Inc, où la plupart des 250 bouquins, vidéos et articles de Gardner ont été publiés, dont ses premiers articles sur le SAP. Le bouquin « Sex Abuse Hysteria : Salem Witch Trials Revisited  » (Hystérie des abus sexuels : le procès des sorcières de Salem revisité) a été publié dans sa propre maison d’éditions en 1991, de même que « The Parental Alienation Syndrome and the Differentiation Between Fabricated and Genuine Sex Abuse Allegations », un de ses premiers bouquins sur le SAP publié en 1987, ou son premier article sur le sujet « Child Custody Litigation : A Guide for Parents and Mental Health Professionals », publié en 1986. Rappelons qu’en principe, pour être reconnu, le travail d’un scientifique doit être publié dans des revues « sérieuses », avec un comité de lecture qui valide les recherches, ce qui n’a jamais été le cas pour Gardner.

Le SAP, j’en ai déjà parlé, mais en gros il s’agit de dire qu’un enfant qui évoque des abus sexuels dans le cadre d’un divorce ment. Selon Gardner, l’enfant mentait d’abord dans 90% des cas, puis dans 30%, à la fin de sa carrière. Pour Gardner, la pédophilie intra familiale relève d’une tradition plus que d’une déviance, et la pédophilie devrait être intégrée dans la liste des comportements sexuels basiques, tels que l’homosexualité par exemple. Mais, le sadisme sexuel, la nécrophilie, la zoophilie ou la scatologie devraient selon Gardner être considérées de la même manière.

Il reprend aussi la théorie des pédophiles, selon laquelle les enfants seraient à la recherche de sexualité avec les adultes, ce qui est particulièrement inquiétant pour un psy spécialisé dans les enfants. Il reprend aussi cet autre argument bien connu, selon lequel « les abus sexuels ne sont pas nécessairement traumatisants ; ce qui est déterminant dans l’aspect traumatique des abus sur les enfants, c’est l’attitude de la société envers la personne poursuivie »[12]. De fait, il n’y a pas un seul forum de pédos dans lequel on ne trouve pas cet argument absolument débile. Comme les autres, d’ailleurs, mais c’est fatiguant de répéter pourquoi on a créé la notion de mineur en droit.

En ce qui concerne sa préoccupation pour le bien être des petites victimes, Gardner a écrit que « On doit dire aux enfants qu’il n’y a pas de parent parfait. « L’exploitation sexuelle doit être mise dans la liste des choses négatives, mais les choses positives aussi doivent être appréciées ». C’est ainsi que des assistantes sociales, dans l’affaire de Castres ou du Var, sont capables de dire aux enfants qu’il faut oublier les abus, que « papa ne l’a pas fait exprès »… Selon Gardner, le parent pédophile ne doit pas être écarté du foyer où vit l’enfant, sauf si vraiment il reste complètement pédophile et que le rapprochement avec la famille a raté. Alors qu’aujourd’hui, on cherche à mettre les enfants à l’abri le plus rapidement possible. Il faut également dire aux enfants « que dans d’autres sociétés, ces comportements [pédophiles] étaient considérés comme normaux », et en outre « il faut aider les enfants à comprendre que nous avons dans nos sociétés une attitude exagérément punitive et moraliste concernant les accusés d’abus sexuels sur les enfants ». Il n’y a pas besoin de faire un dessin pour comprendre que des types comme Gardner, encensés encore aujourd’hui par des « spécialistes » comme Bensussan en France, ont fait perdre des dizaines d’années dans la prise en charge des victimes d’abus sexuels, particulièrement quand il s‘agit d’enfants. Je m’arrête là sur els théories fumeuses de Gardner, mais la liste est longue et on pourrait en faire une encyclopédie de la propagande pédophile. Accessoirement, toutes ces théories ont été publiées par sa propre maison d’édition.

Gardner a été tellement critiqué qu’il a tenté de répondre à la plupart des reproches, souvent acerbes, faites par ses collègues (notamment les spécialistes US des abus sur les enfants qui n’ont pas reconnu le SAP) et par les associations de victimes. Rappelons que le SAP n’est toujours pas inscrit dans le DSM, qui recense les troubles mentaux officielles, et qui a pourtant une furieuse à s’étoffer à chaque révision. Si le SAP n’y est toujours pas malgré le lobbying intensif de Gardner, c’est qu’il n’a vraiment aucun fondement scientifique[13]. En France, pourtant, des psys comme Paul Bensussan, qui défend les accusés de pédophilie jusque dans nos médias, se basent uniquement sur le SAP pour décrédibiliser la parole des enfants. Et des associations comme SOS Papa, qui défend tous les pères, y compris les pères accusés d’actes pédophiles, font leurs choux gras avec ledit SAP, brandi comme un bouclier par les pédos.

D’après les observateurs, « la théorie du SAP a eu un effet profond sur la manière dont les tribunaux de notre pays abordent les allégations d’abus sexuels, particulièrement lors de divorces ». De fait, comme Underwager, il a en partie fait sa com ‘ en défendant les accusés de faits pédophiles jusque dans les tribunaux, et serait ainsi intervenu dans 400 affaires environ à travers 25 Etats.

 

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On n’aura jamais officiellement la vraie vérité dans l’affaire McMartin. Ce qui est sûr, c’est que comme avec Outreau chez nous, et Dutroux en Belgique, dès qu’on parle d’abus rituels aux Etats-Unis, la pensée unique (autorités + médias commerciaux) brandissent l’affaire McMartin comme un avertissement d’ « hystérie satanique ». Depuis, la chape de plomb s’est refermée, et ceux qui osent dire que ce qu’ont dit les enfants était vrai sont immédiatement traités d’hurluberlus conspirationnistes ou de fanatiques des droits des enfants. 

La règle dans ces enterrements judiciaires qu’on commence à trop bien connaitre, c’est de ne pas prendre en compte ce que disent les victimes, qui sont aussi les seuls témoins. Et qui ont l’énorme désavantage de n’être que des enfants. Si par malheur des psys cautionnent la parole des enfants, on fait intervenir d’autres spécialistes, comme Underwager aux Etats Unis ou Bensussan en France, qui se chargent de décrédibiliser les experts et les victimes. Après, on met de côté les preuves médico légales –quand elles existent, et l’affaire est bouclée.

Dans Outreau, on a cependant une exception : on a bien pris en compte les preuves médico légales, si bien que 12 enfants ont été reconnus finalement comme victimes. Dans cette affaire, il manque juste la plupart des coupables. Dans l’affaire McMartin, on a réussi le tour de force de considérer que près de 500 gamins racontaient des mensonges, qu’ils avaient tous été manipulés par les experts. Quant aux examens médico légaux qui prouvaient les sévices, quant aux tunnels, on n’en a simplement pas parlé lors du procès.

La morale de tout cela ? Je vous laisse le soin de la percevoir.

 


[1] Virginia McMartin, qui fut une célébrité dans les années 60 sur le créneau de la garde des enfants, et a voyagé en tant que consultante en Nouvelle Zélande, en Australie, au Danemark, en Suède, en Norvège et en Angleterre.

[2] MacFarlane craignait que les enfants en soient victimes d’un « syndrome » tout à fait différent des faux souvenirs : un syndrome d’habitude aux abus sexuels qui les amènerait à nier qu’ils ont pu être victimes (et elle n’a pas tort, puisque les enfants commencent presque toujours par nier avoir subi quoi que ce soit, surtout s’ils connaissent l’abuseur). Elle a donc utilisé des techniques décrites par certains comme « extrêmement suggestives ».

[3] Le procès en lui-même s’est étalé entre 1987 et 1990, quand toutes les charges ont été levées, et aurait couté 15 millions de dollars. La phase préliminaire a duré près de deux ans parce que les sept avocats de la défense ont été autorisés à interroger les enfants à de multiples reprises.

[4] Le California State Department of Public Social Services a en effet fermé une dizaine d’autres maternelles. Ensuite, plusieurs affaires d’abus sexuels dans des maternelles ont éclaté en Californie et dans le pays après l’affaire McMartin : on a eu l’affaire de Country Walk en 1985, quand le propriétaire du Country Walk Babysitting Service (qui n’avait pas de licence et était installé dans leur maison de banlieue à 150.000$), Francisco Fuster, a été jugé coupable de 14 chefs d’inculpation d’abus sur des enfants. En 1982, il avait déjà été jugé coupable d’attouchements sur une enfant de 9 ans. Fuster était un pédophile, sataniste et pervers narcissique, amateur de scatologie. Là encore, le pédo s’en est bien tiré parce que ses avocats ont dénoncé les spécialistes qui avaient validé les propos des enfants victimes, via d’autres « spécialistes » et de journalistes comme Debbie Nathan. On a notamment dit que les enfants avaient été longuement interrogés par les psys, qui n’acceptaient pas les réponses négatives. La femme de Fuster, illeana (23 ans en 1985), menacée de devoir quitter les Etats-Unis, a fortement soutenu son mari dont elle subissait la perversité. Elle a quand même été renvoyée au Honduras dès 1989. Récemment, elle a expliqué avoir subi un véritable lavage de cerveau par les « spécialistes », pendant que le fils de Fuster revenait sur ses accusations contre son père. Dans cette affaire, les enfants ont décrit des cérémonies satanistes, des meurtres d’animaux, des viols collectifs, de photos pédopornos, comme dans l’affaire McMartin. Là en plus, ils devaient manger des excréments. Comme d’habitude aussi, on menaçait de tuer leurs parents si les enfants parlaient.

On a aussi l’affaire McCuan et Kniffen, du nom de deux couples qui tenaient une crèche sons licence en Californie. L’affaire implique aussi les parents de Déborah McCuan. Là aussi, on a parlé de « chasse aux sorcières  » : ce sont des flics zélés qui auraient gonflé l’affaire pour rien. Selon les victimes, les couplés s’échangeaient les enfants, y compris les leurs, pour des partouzes pédos. Ils ont été condamnés en 1983 et ont pris ensemble plus de 1.000 ans de prison, puis en 1996 ils ont été libérés (en 1982 ils avaient déjà été jugés coupables de maltraitance sur leurs deux filles). Là aussi, on a fortement décrédibilisé les personnes qui ont cru les enfants, en les faisant passer pour des psychotiques qui avaient manipulé les gamins. En outre, les McCuan ont bénéficié d’une incroyable bienveillance des services sociaux.

En 1984, éclate aussi l’affaire du Fells Acres Day Care Center, dans le Massachusetts. Un enfant de quatre ans s’est confié à sa famille (qu’on a aussi décrédibilisée), expliquant que le chauffeur du bus qui l’amène à l’école l’a touché. Il dit aussi avoir été violé par un clown et un robot dans une chambre secrète. La police réunit les parents des élèves, et interroge les enfants. Au final, un enseignant, s amère et sa femme ont été condamnés pour avoir abusé de neuf enfants. Encore une fois, on a aussi décrédibilisé la parole des enfants (« syndrome des faux souvenirs » etc.) et les experts qui ont validé leurs propos, si bien qu’on a finalement décidé de ne pas en tenir compte. En 2004, tous les coupables étaient sortis de prison.

Plusieurs autres abus ont eu lieu dans des crèches et maternelles du Bronx.

[5] Ray et Peggy Buckey, la mère de cette dernière Virginia McMartin, Peggy Ann Buckey (la sœur de Ray), Mary Ann Jackson, Betty Raidor et Babette Spitler étaient sur le banc des accusés.

[6] En gros, les enfants placés dans Boy Town, une ville pour enfants difficiles et/ou autistes. Ils étaient alors envoyés dans des partouzes à travers le pays, certaines impliquant des personnages du plus haut niveau comme Reagan.

[7] A l’époque, il y avait 229.000 « day care » et 7 millions d’enfants à y être pris en charge aux Etats Unis. Les experts ont donc compté qu’il y avait 5,5 cas d’abus sexuels avérés sur 10.000 enfants pris en charge, contre 9 sur 10.000 dans le cadre familial.

[8] Il n’y a pas eu d’étude basée sur des méthodes scientifiques. Comme pour Gardner et son « syndrome d’aliénation parentale », leurs travaux sont simplement des escroqueries intellectuelles.

[9] Jennifer Freyd, professeur de psychologie et fille de Pamela et Peter Freyd, psychiatres co directeurs exécutifs de la Fondation, a dénoncé ses parents publiquement comme étant des pédophiles.

[10] Par exemple, il a été appelé à la rescousse par les avocats de Woody Allen, accusé par son ex femme Mia Farrow d’avoir abusé de leur fille de sept ans.

[11] A ce sujet, la police a dit qu’ils avaient bien vu les photos d’enfants dans Finger, mais qu’ils n’avaient pas pu prouver qu’ils avaient moins que l’âge légal pour lesdites photos. Au moment où l’enquête commençait à se préciser, le magazine a fait faillite, à la fin des années 70.

[12] Dans « True and False Accusations of Child Sex Abuse », publié en 1992 dans sa propre maison d’édition.

[13] Lors de la dernière révision du DSM en 1994, la moitié des membres de l’American Psychiatric Association, qui réalise la liste, avaient refusé que le SAP soit inscrit comme trouble mental et soit reconnu, un tiers avaient demandé qu’il le soit.


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