Afrique : Révolte populaire ou le nouveau procès de la colonisation...

par Aimé Mathurin Moussy
mardi 8 février 2011

Semaine après semaine, Jour après jour, la révolte sonne l'hallali chez tous les peuples las de colonialisme et du diktat des forts de ce monde : Les pays industrialisés. L'Afrique, Surtout elle, semble recoller à son passé indépendantiste. Violences policières contre toute manifestation de l'opposition démocratique ; langage de guerre des tenants du pouvoir, dénonciation par les forces vives, du « Diktat » et de « l'impérialisme occidental », longtemps bras armé, de tous les régimes dictatoriaux.

Nous en sommes, à nous interroger si, le « Mur », très courageusement détruit à Berlin en 1989, a-t-il déjà repoussé en Afrique ? Cette poussée de Jasmin, n'est-elle en train de faire renaître, dans cette citoyenneté longtemps honnie,l' idéologie qui pouvait faire illusion à de braves gens ? Ici et là, bien que le cynisme du pouvoir ait repris de plus belle, il ne demeure pas moins vrai que, la révision des intérêts, des puissances colonisatrices soit de plus en plus au centre des enjeux. Cette Afrique dénudée veut se rhabiller de son authenticité, politique, économique et culturelle.

La démocratie de la rue

Faut-il rappeler que la gouvernance de plusieurs États africains, a été imposée dans la majeur partie des cas,par les puissances coloniales d'avant les indépendances . De l'Afrique subsaharienne au Caire de manière illégale, du point de vue du droit international,la « communauté internationale », a encouragé une certaine pratique du pouvoir:non respect du suffrage universel, absence de liberté d'opinion,violation de la liberté de presse .

Curieusement, aucune de ces puissances impériales,que ce soit, les États-Unis, la France ou la Grande Bretagne n' a voté des résolutions au Conseil de sécurité dénonçant ces régimes barbares . Et en acceptant un soutien tacite à la « démocratie de la rue », ils acceptent désormais là, l'échec de leur complaisance et leur déni de l'État de droit .

En échange de ces « concessions de désapprobation des dictateurs », l’administration Obama s’engage, à l’utilisation par les États-Unis de tous les moyens, y compris le droit de veto, pour empêcher toute tentative de confiscation du pouvoir à ceux qu'ils ont longtemps soutenu, par la vente d'armes et autres formes d'aide : Moubarak, Ben Ali et bien d'autres pas encore attaqués par la rue.

Que les États-Unis puissent se vanter d’empêcher le maintien au pouvoir des ses suppôts à l'instar de Moubarak ; que la France favorise l’adoption de textes par les Nations unies contre Gbagbo ; qu’ils puissent entériner certaines dynasties au pouvoir dans certains pays, et la pérennisation de plusieurs chef d'États au pouvoir ; nonobstant, dénonçant l’immobilisme et l'autocratie, montre le peu de cas qu’ils font du droit international dont ils prétendent se réclamer.

Du culturalisme au nationalisme.

Jules Ferry expliquait en 1885 : « Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le droit de civiliser les races inférieures. »

La Révolution française , est pour nous , une illustration du concept que les manifestants de la démocratie abhorrent : La nation . L’unification des nations s’accélère par la création d’un État fort et d’une économie intégrée, par l’affirmation d’un nationalisme moderne. Désormais, en Europe au moins, les « communautés », religieuses ou régionales, tendent à se dissoudre, à perdre leurs caractéristiques - ce qui n’est pas le cas, jusqu’à aujourd’hui, dans le monde musulman, où l’individu est défini par l’appartenance à une communauté religieuse. Ils ont dépassé le simple concept communautaire, pour l'intégrer à l'idéal de la nation. En fait la religion, loin de tout fondamentalisme, est la liaison entre le citoyen et sa culture, voire sa nation.

La tendance à l’assimilation sera contredite par l’émergence d’une nouvelle forme d'’animosité à l’égard des colons, l’anticolonialisme, néologisme, pour favoriser le développement parallèle du mouvement de l'émancipation des populations. Cette hostilité à l'égard de ceux qui épousaient cette idéologie, sera nourrie par l’invention du terme : atteinte à l'ordre public ou État de droit . Une onde de « classification » des peuples s’empare du monde scientifique et intellectuel, et qui dit classification dit hiérarchisation. Elle sert de justification à l’aventure coloniale et à la nécessaire tendance à l'assimilation. Pour davantage brouiller les pistes, on nous parle d'islamisme, de communautarisme ; pour une fois de plus, choisir nos dirigeants en nos lieux et places. Voilà, les nouveaux enjeux.

Aimé Mathurin Moussy


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