Algérie : Le mirage de l’adhésion aux BRICS

par Yacine Chibane
jeudi 13 juillet 2023

L'Algérie a formulé en officiellement en 2022 sa demande d'adhésion aux BRICS. Cette alliance regroupe les puissances économiques émergentes Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du sud qui vise à créer une coopération économique autonome vis-à-vis du dollar qui règne sur l'économie mondiale depuis l'après-guerre en 1945 et surtout depuis la chute du mur en 1989. Le président Abdelmadjid Tebboune a indiqué que l'Algérie intégrerait les BRICS lorsque son produit intérieur brut atteindra le seuil des 200 milliards de dollars. Cette adhésion suscite beaucoup de faux espoirs et de fantasmes idéologiques...

Il est utile de rappeler que l'Algérie avait établi en 2002 un accord d'association commerciale avec l'Union Européenne en 2002 qui est censé renforcer les liens entre l'Algérie et l'Union Européenne par des aides au développement, un démantèlement tarifaire pour les produits de façon réciproque et progressive. L'Algérie avait également intégré la GZALE (Grande Zone Arabe de Libre-échange) en 2009. Quinze ans après, les résultats promis ne sont pas au rendez-vous, bien que l'accord d'association ait permis de renforcer les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'UE bien entendu en faveur de l'Union Européenne. Si l'accord avec l'UE n'a pas fait de ce pays une puissance émergente, qu'attendre d'un groupe de pays qui sont eux-mêmes en retard économiquement par rapport aux pays occidentaux de le faire ? Cela relève de la pensée magique. Le seul bénéfice qui pourrait être tiré est l'accès à des crédits de développement alternatifs au FMI qui impose le dollar de facto. 

Il ne faut pas être naïf, la Chine comme puissance au singulier s'est avérée être plus vorace que les pays européens notamment en Afrique et en Asie par le "trap debt" qui est un système d'endettement à visée dominatrice. La banque des BRICS projette de créer une monnaie commune entre les pays membres et de procéder à une "dédollarisation". On oublie juste une chose, l'Algérie est presque de fait dans la dédollarisation car 51% des échanges sont avec les pays européens et si l'on ajoute la Chine, la part des USA est faible. Les doux rêveurs parmi les nationalistes algériens nostalgiques du bloc de l'est qui croient que les Russes et les Chinois sont des pays alliés dans l'axe "Alger-Pékin-Moscou" contre l'Occident "judéo-maçonnique-homosexuel décadent" ignorent le fait que la Chine investit plus au Maroc qu'en Algérie et que la France, l'Italie et les USA, trois pays de l'OTAN, sont beaucoup plus présents dans l'économie algérienne que l'axe sino-russe. Quant à l'Inde et l'Afrique du sud, ces pays sont des alliés des USA et sont des membres du Commonwealth... 

Lorsque l'Algérie intégrera les BRICS, elle deviendra le cancre du groupe. Le PIB algérien pèserait 200 milliards face aux 1700 milliards de la Russie, 17.000 milliards de la Chine et des 3000 milliards de l'Inde, on ne représenterait pas 1% du groupe qui fait 24.000 milliards... L'Algérie sera, et l'est déjà, un marché pour l'exportation des marchandises indiennes et chinoises beaucoup plus qu'une puissance économique. 

 

ARTICLE REPRIS DE MON BLOG PERSONNEL Algérie : Le mirage de l'adhésion aux BRICS - Yacine Chibane (over-blog.com)


Lire l'article complet, et les commentaires