Algérie : le texte d’avant projet de la révision constitutionnelle divise

par Ibtissem Brahimi
jeudi 7 janvier 2016

Ce mardi 5 janvier à Alger, M. Ahmed Ouyahia, chef de cabinet de la Présidence de la République et ancien premier ministre, a présenté devant les journalistes une copie du texte d'avant projet de la révision constitutionnelle. Ce texte attendu depuis 2011 pourrait être soumis au vote du parlement algérien dès la mi février précise l’animateur de la conférence de presse. Ce texte de lois une fois voté sera la 6eme constitution que l’Algérie adopte depuis son indépendance en 1962 (1ere 1963 ; 2eme 1976 ; 3eme 1989 ; 4eme 1992 et 5eme 1996 revisée en 2008). Le document revient sur l’importance de l’unité nationale, la promotion de la démocratie, la liberté d’expression et la parité homme-femme, les droits de l’Homme et la liberté du culte dans le respect de la loi de la république. Il soutient aussi le commerce et le développement intellectuel.etc. 

Nouveauté de ce texte, Il revient sur le cumul des mandats présidentiels en autorisant qu’un seul quinquennat renouvelable une fois (la révision de 2008 avait permis à Abdelaziz Bouteflika de candidater à un 3eme mandat en 2009 puis un 4eme en 2014). En outre, le texte prévoit plus de transparence lors des élections avec l’annonce de la constitutionnalisation d’une commission de surveillance des élections. Par ailleurs, le texte prévoit aussi d’exclure les titulaires de la double nationalité, ainsi que ceux résidents à l’étranger ou en Algérie depuis moins de dix ans de candidater pour la présidence. Autre nouveauté, l’officialisation de la langue Tamazigh, actuellement reconnue que langue nationale (cf. article 3), et la création d’une académie Amazigh algérienne.

Sur le plan international, la copie du texte reste fidèle à la doctrine algérienne à savoir favoriser le dialogue et la paix entres les nations, et ne jamais interférer dans les affaires internes des autres pays militairement. L’armée nationale n’est déployée que pour servir le pays dans la limite de ses frontières terrestres, aériennes et maritimes.

Si de façon générale les réactions de par et d’autres sont positives quant l’officialisation de Tamazigh. Il demeure que les réactions des divers acteurs politiques au sujet du développement politique et économique du pays sont négatives. Depuis la chute des prix de pétrole en 2015, l’Algérie vit une crise financière et pour y remédier le gouvernement algérien a été contraient de mener des mesures budgétaires strictes à travers la très controversée loi des finances 2016.

M. Ali Benflis, chef du regroupement le Pôle du Changement (PC), ancien premier ministre et opposant à la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, dans un communiqué estime que le texte sur le projet de la révision constitutionnelle est dérisoire sur le fond et ne vise en réalité qu’à aider le régime en place de gagner encore du temps. Pour lui : « la Constitution est réduite à une logorrhée politicienne. »

Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) de Mohcine Belabbas se dit : « sceptique et ne voit pas une avancée réelle sur la voie de la démocratisation des institutions ». Il qualifie de « trompe œil » l’annonce de la constitutionnalisation d’une commission de surveillance des élections. Toutefois, le RCD reconnait que l’officialisation de Tamazight : « consacre enfin le combat de plusieurs générations pour une demande légitime et essentielle pour l’harmonie et la crédibilité des paramètres définissant le cadre devant accueillir notre destin collectif ».

Le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP/Hamas) le parti d’Abderazak Makri,considère : « cette constitution n’est ni consensuelle, ni porteuse de réformes et n’exprime que les orientations du président de la République et ceux qui l’entourent. »  Là ou, le Mouvement Nahda de Mohamed Douibi déclare : « le contenu du texte est une déception pour les partisantes du mouvement, les algériens ainsi que la classe politique algérienne notamment ce qui concerne la liberté, la passassion de pouvoir et la garantie de l’intégrité des élections. » quant au Partie Travailliste (PT) de Louisa Hanoune ou encore le parti Jil Jadid (nouvelle génération) de Soufiane Djilali, tout deux très actifs sur la scène politique algérienne, ne se sont pas encore exprimés. 

Pour conclure, si ce texte d’avant projet de la révision constitutionnelle est approuvé par les parlementaires les prochaines semaines, le grand perdant de la scène politique en Algérie sera sans doute Rachid Nekaz. Le fondateur du Mouvement pour la Jeunesse et le Changement (MJC) est un ancien binational né France et bien qu’il s’est fait déchoir de sa nationalité française en 2013 il ne réside en Algérie que depuis 2014. Ce fait l’élimine automatiquement de la prochaine présidentielle de 2019 étant donné qu’il n’accomplira ses dix (10) ans de résidence obligatoire pour candidater à la présidence algérienne qu’en 2024.


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