Allemagne : hausse de la TVA et baisse de l’impôt sur les sociétés

par ÇaDérange
mardi 16 mai 2006

Il est toujours intéressant d’aller voir dans les autres pays comment ils traitent des problèmes sociaux ou économiques qui sont identiques aux nôtres. Surtout en ces temps où la politique chez nous est quasiment à l’arrêt depuis six mois pour cause d’intérêt unique et politicien pour des problèmes anecdotiques.

En Allemagne donc, l’activité politique reprend, après également une longue interruption pour cause d’élections disputées et de longues négociations pour mettre sur pied le programme commun de gouvernement de la droite et de la gauche. L’avantage, c’est que maintenant que c’est fait, et contractuel, comme ça se pratique beaucoup chez nos voisins, on peut avancer. D’autant qu’entre temps, Angela Merkel, semble s’imposer rapidement à l’intérieur du pays comme au sein de l’Europe, favorisée par l’effacement relatif de Jacques Chirac et de Tony Blair.

Le problème allemand, c’est le même que le nôtre : pas de croissance suffisante et un fort taux de chômage, gros endettement et déséquilibre du budget.

Par contre l’approche est différente de la nôtre (si tant est que nous connaissions vraiment la politique française dans ce domaine), en ce sens que l’Allemagne, droite et gauche confondues, souhaite favoriser le développement des entreprises allemandes et les mettre à l’abri, autant que faire se peut, de la concurrence des pays asiatiques. Pour ce faire, l’Allemagne prévoit d’une part, d’augmenter de 3 points le taux de la TVA du niveau actuel, relativement bas, à 16% par rapport aux standards européens (19,6% en France), et d’autre part, de diminuer le taux de l’impôt sur les sociétés de manière importante, de 25% actuellement à 16, voire 15%.

La hausse du taux de TVA était initialement prévue pour rééquilibrer le budget allemand et passer sous les fameux 3% de déficit. EIle devait être compensée, toujours initialement, par une diminution des charges sociales, pour laisser les prix de vente à la consommation inchangés et améliorer la compétitivité des productions allemandes sur les marchés export. Depuis, il semble que le volet diminution des charges sociales soit passé à la trappe, et donc la hausse de la TVA risque de se traduire par une augmentation des prix et un risque de baisse de la consommation intérieure. Elle a l’avantage néanmoins de s’appliquer aussi aux produits importés, ce qui les rend moins compétitifs sur le marché intérieur. Par contre, le gain de compétitivité à l’export qui en était attendu disparaîtra de facto. Il est vrai qu’entre temps, les entreprises allemandes ont fortement réduit le coût du travail, essentiellement par renégociation des 35 heures sans compensation salariale, et sont donc devenues plus compétitives. Pour preuve, le fait que l’écart du coût du travail qui existait avec la France a quasiment disparu.

La baisse du taux de l’impôt sur les sociétés vise à inciter les entreprises allemandes à ne pas délocaliser, et au contraire à attirer les investisseurs étrangers. La conjonction de ces nouvelles mesures avec les résultats obtenus pour réduire le coût du travail devrait donc rendre l’Allemagne à nouveau attractive pour l’investisseur. Cela traduit que nous entrons dans le domaine de la compétititon fiscale entre les pays de la communauté.

Imaginons une telle approche "pro entreprise" proposée en France, et la levée de boucliers immédiate qui en résulterait. Et pourtant, tout commence par la compétitivité des produits que nous fabriquons, sur le marché local et à l’export. Visiblement, notre compréhension de l’économie n’est pas la même que celle des Allemands...


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