Après le printemps arabe, l’hiver russe ?
par Henry Moreigne
lundi 26 décembre 2011
Pour Poutine, ça sent le roussi. 120 000 personnes ont manifesté la veille de noël dans les rues de Moscou pour réclamer son départ. Le sort du président russe semble aujourd’hui promis à celui des dictateurs méditerranéens déchus. Une barrière psychologique est tombée. Si la peur n’a pas encore changé de camp, le peuple russe aujourd’hui n’a plus peur du pouvoir.
L’engrenage infernal manifestations–répression est désormais enclenché. Les interpellations nombreuses n’y feront rien. Pas plus que les très importantes forces de sécurité (armée, forces antiémeute, police et FSB) présentes sur le terrain.
Le peu de soins manifesté par le pouvoir pour cacher les malversations qui ont entouré les élections législatives du 4 décembre dernier aura constitué la goutte d’eau qui a fait déborder un vase bien trop plein.
Conscient des risques, le Kremlin tente par tous les moyens d’éteindre le feu qui couve. Outre le maintien de l’ordre dans la rue, le pouvoir veut museler les médias pour éviter l’embrasement.
Les chaînes de télévision sont les premières visées. Elles se gardent bien d’évoquer les manifestations ce qui trahit plus que jamais leur servilité à l’égard du pouvoir. Internet est également dans le collimateur mais sa mise sous coupe réglée est plus délicate. C’est pourtant depuis les réseaux sociaux que la contestation risque de s’organiser et de se propager.
Le virus de la liberté est lâché et l’on ne voit pas ce qui pourrait l’arrêter. A cet égard le ralliement de Gorbatchev au mouvement de contestation n’a rien d’anecdotique. Sale temps en perspective pour l’ami personnel de Nicolas Sarkozy. On est loin des espoirs placés en l'homme fort du Kremlin par le magazine américain Time qui en avait fait "l'homme de l'année 2007" pour avoir "stabilisé la Russie". Une approche contestable qui rejoignait pourtant la position française à l'égard des régimes autoritaires méditerranéens. On sait désormais où la mise en parenthèse démocratique peut conduire lorsqu'elle n'est justifiée que par des intérêts économiques.