Aucune avancée dans la réunion tripartite
par Antoine Christian LABEL NGONGO
mardi 20 février 2007
La Paix aura-t-elle lieu un jour ? Que veulent vraiment les dirigeants israéliens et américains ? Qu’en est-il de cette reconnaissance de l’Etat d’Israël ? D’un côté, certains veulent obliger les palestiniens à reconnaître l’Etat d’Israël, de l’autre ils ne font aucune promesse claire sur la création de l’Etat palestinien. La semaine dernière, le président palestinien Mahmoud Abbas de l’Autorité palestinienne et le Premier ministre israélien (Ehud Olmert ont discuté de leurs vues concernant l’horizon diplomatique et politique et comment cela pourrait conduire à la réalisation de la vision du président Bush pour deux Etats distincts. Madame Condoleezza Rice espérait apporter une avancée probante sur la question qui divise ces deux peuples. Mais la situation n’a guère avancé.
Le mois dernier, je soulignais déjà l’utopie dans le rêve de paix lors de la rencontre à Charm el-Cheikh entre le président égyptien Hosni Moubarak et le Premier ministre israélien Ehud Olmert. Ils devaient évoquer à ce moment des alternatives pour faciliter une relance des négociations de paix impliquant les quatre voisins. Rien de concret à ce moment. Que de réunions ont eu lieu pour essayer de faire progresser les relations israélo-palestiniennes.
D’autres rencontres de ce genre avaient déjà eu lieu depuis la rupture du processus de paix israélo-palestinien, en 2001. Mais, c’est la première fois que la question du futur Etat palestinien est évoquée à haut niveau depuis la réunion de Camp David en 2000, organisée par l’ancien président américain, Bill Clinton. La Feuille de route lancée en 2003, fut le dernier plan de paix officiel parrainé par les Etats-Unis et leurs partenaires au sein du Quartet, prévoyait la création d’un Etat palestinien indépendant fin 2005.
La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice a affirmé « ne pas savoir » si un Etat palestinien verrait le jour pendant le mandat du président Bush qui s’achève fin 2008. Elle faisait cette déclaration au quotidien palestinien de Rammalah, Al-Ayyam, avant cette réunion tripartite. La formation du futur gouvernement palestinien a dominé la rencontre de ce lundi. Les trois dirigeants ont discuté de la nécessité de reconnaître Israël. Madame Rice a fait cette déclaration à la fin de la réunion qui a duré plus de deux heures : messieurs Ehud Olmert et Mahmoud Abbas ......ont discuté de la position du Quartet selon laquelle tout gouvernement de l’Autorité palestinienne doit s’engager à ne pas recourir à la violence, reconnaître Israël et accepter les accords passés, les engagements, y compris la Feuille de route ».
Monsieur Olmert reste intransigeant
En ce qui concerne la question de la reconnaissance d’Israël, le Premier israélien Olmert s’est montré ferme. Il a réaffirmé son refus de négocier avec un gouvernement palestinien qui ne reconnaîtrait pas « l’existence d’Israël comme Etat juif ». Devant les membres de sa formation politique, Kadima, juste après la réunion, Ehud Olmert a ajouté que l’autre exigence posée, avant une négociation avec tout gouvernement palestinien, était la « libération immédiate de Gilad Shalit », le soldat israélien enlevé en juin dernier par des groupes armés palestiniens, dont le Hamas. Ehud Olmert a aussi défendu la voie du dialogue avec Mahmoud Abbas, considérant que « la rompre serait une grave erreur ». Le ministre israélien de l’Intérieur, proche de Ehud Olmert, Roni Bar-On a été plus explicite et a affirmé à la radio militaire que « ...l’accord de La Mecque constitue une tentative assez naïve pour blanchir le Hamas aux yeux de la communauté internationale ». Le ministre israélien de l’Intérieur explique également pourquoi il faut dialoguer avec Mahmoud Abbas : « il ne faut pas boycotter Mahmoud Abbas sinon cela le pousserait dans les bras du Hamas, mais il faut continuer à faire pression sur lui ».
Les pressions augmentent sur le président palestinien, alors que la formation du futur gouvernement palestinien est toujours en préparation. Le Quartet exige que ce gouvernement reconnaisse explicitement Israël. L’accord signé le 8 février 2007, à La Mecque, en Arabie Saoudite, entre Mahmoud Abbas, chef du Fatah, et le leader du Hamas, Khaled Mechaal, ne fait pas mention d’une reconnaissance d’Israël, mais il stipule, néanmoins, que le gouvernement palestinien s’engagera à respecter les accords conclus par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), y compris ceux signés avec Israël. L’OLP et Israël s’étant mutuellement reconnus lors des accords d’Oslo, en 1993, cela équivaut à une reconnaissance implicite de l’existence d’Israël. Jusque-là, le Hamas, qui dirige le gouvernement palestinien depuis mars 2006, après la victoire aux élections législatives de janvier 2006, a refusé de reconnaître l’existence d’Israël, malgré les pressions internationales. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont suspendu leur aide financière au gouvernement palestinien dirigé par le Hamas, qu’ils considèrent comme une organisation terroriste.
Un chantage américain selon le Hamas
Le porte-parole du Hamas, IsmaÏl Radouane à Gaza, a rejeté les pressions et le chantage exercés par l’administration américaine sur l’Autorité palestinienne et l’a appelée à « reconnaître le gouvernement palestinien et à ne pas lui poser d’obstacle ». De son côté, le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, a « regretté que l’administration américaine se comporte toujours selon la logique de l’isolement et du boycott qui a démontré sa faillite ».
Cette rencontre de Jérusalem pourrait marquer le début d’une série d’autres réunions tripartites. Madame Condoleezza Rice a affirmé que les deux dirigeants, israélien et palestinien, « ont réitéré le désir d’une participation et d’un leadership américains afin de faciliter les efforts visant à surmonter les obstacles, rallier un soutien régional et avancer vers la paix » et qu’ils ont convenu de se rencontrer de nouveau « prochainement ».
Condoleezza Rice avait, dimanche, rencontré séparément messieurs Ehud Olmert et Mahmoud Abbas. Elle avait alors écarté toute avancée dans l’immédiat, étant donné les profondes divergences persistant entre Israéliens et Palestiniens : « Si on demande aux uns et aux autres de courir à ce stade, je pense que quelqu’un va tomber et cela ne sera pas une bonne chose ».
La France souhaitait que cette réunion tripartite permette de faciliter un « dialogue constructif » entre Israéliens et Palestiniens et de définir « un horizon politique ».