Bachelet, budget social et polarisation politique

par LYonenFrance
lundi 27 novembre 2006

La présidente chilienne Michèle Bachelet a présenté hier le premier véritable budget de son mandat.



Le budget est marqué par une augmentation importante des dépenses sociales, qui représenteront, selon le quotidien La Nacion, 68% des dépenses publiques. L’ augmentation la plus visible sera celle des ministères de l’Education (+10,6%), du Logement (+12,4%), de la Santé (+13%), des Retraites (+12,1%), et surtout de la Sécurité citoyenne avec un bond de 19,4%.

"Il s’ agit du budget le plus important depuis de très nombreuses années, a noté la présidente, les dépenses sociales augmentent et cela va profiter à des millions de Chiliens".
Tension politique
Les représentants de la droite n’ont pas participé à la présentation du budget, semblant s’aligner sur une stratégie de tension que l’on note plus ou moins fortement dans les pays voisins d’Amérique latine. En Bolivie, par exemple, le président Evo Moralès a dénoncé le refus de l’opposition de participer aux travaux du Sénat. "Je voudrais que le monde sache que ceux qui m’ont expulsé du Congrès il y a quelques années, ceux qui ont essayé de m’envoyer en prison parce que je défendais les pauvres, les mêmes veulent aujourd’hui m’empêcher de voyager à l’extérieur." Selon la constitution bolivienne, en effet, les voyages de plus de cinq jours du président doivent être approuvés par le Congrès. En refusant de siéger, les sénateurs de droite l’obligent donc à revenir tous les quatre jours, "pour quelques heures", ce qui, dit-il, "m’obligera à suspendre des réunions programmées à l’étranger pour concrétiser des programmes de coopération et d’aide à la Bolivie" .
Au Chili, la situation n’en est pas là, mais la présidente doit faire face à une opposition beaucoup plus marquée que dans le cas de son prédécesseur Ricardo Lagos. La droite tire en effet parti de nombreux scandales qui prennent leur origine dans les précédents mandats de la coalition au pouvoir, et qui se succèdent sans discontinuer depuis son élection.
Mais dans ce domaine comme dans d’autres, Michèle Bachellet a su reprendre l’initiative. Forte de sa très grande popularité, elle vient d’imposer un agenda anticorruption. "Les irrégularités dans certains services publics provoquent l’indignation de tous ceux avec qui nous qui partageons une vocation de service", a-t-elle déclaré, en se disant préoccupée par la baisse de plusieurs points du pays dans l’indice de probité établi par l’ONG Transparence internationale.
Les mesures proposées par la présidente impliquent un contrôle des politiques, avec, entre autres, l’établissement d’une responsabilité "patrimoniale" pour des faits irréguliers commis dans l’exercice de leurs fonctions. “Je suis fille de serviteurs publics et j’en suis fière, la corruption m’indigne, mais la vérité est que l’indignation ne suffit pas", a ajouté la présidente.
Au cours d’une autre cérémonie, elle a par ailleurs averti tous ceux qui croient que la présence publique des femmes chiliennes n’est qu’un feu de paille... "Nous sommes venues pour rester."

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