Barack casse la baraque

par LeWebMulticulturel.fr
vendredi 26 janvier 2007

Les États-Unis font partie de ces pays qui ne laissent personne indifférent. Certains trouvent les Américains arrogants, imbus de leur personne. On trouve qu’ils gèrent les affaires du monde de manière cavalière, unilatéralement, et avec mépris. On les trouve également peu à l’écoute des pauvres, de leurs pauvres, écrasés par un capitalisme sauvage. D’autres louent cet esprit d’entreprendre, cette société où tout peut arriver pour qui aime travailler, avec acharnement. On apprécie cet endroit du monde où le rêve est encore possible, et où la réussite n’est pas une honte. Vous ferez votre choix...
Ce qui me fait réagir au sujet des États-Unis et des Américains, c’est certainement la capacité qu’ils ont de (se) changer et de changer leur société, là où la vieille Europe reste dans ses stéréotypes et ses contradictions. Je veux parler de Barack Hussein Obama. Ce nom ne vous dit rien ?
Alors suivez-moi, je vous emmène au sein de l’une des nombreuses contradictions du continent américain en la personne du premier Afro-Américain ayant une réelle chance de gagner les prochaines élections présidentielles !


« With such a name, he is ------ ! »


C’est ainsi que Kris Schultz, consultante politique, se souvient de la première fois où elle a entendu parler de Barack Obama, plaignant une de ses collègues d’avoir à travailler avec un homme dont le nom rime maladroitement avec le pire cauchemar des Américains, Oussama Ben Laden. C’était en 2002, soit un an après les terribles attentats du 11 septembre 2001. Aujourd’hui, Kris Schultz travaille bénévolement auprès de cet Afro-Américain, afin qu’il puisse accéder à la fonction suprême.

Barack Hussein Obama est né le 4 août 1961 à Honolulu, Hawaï, d’un père noir, musulman, kenyan, et d’une mère blanche, américaine. Il n’a absolument pas le profil typique des politiciens noirs classiques, puisqu’il n’est pas issu du mouvement des droits civiques ou de l’Église, et n’a jamais vécu dans le Bronx ou dans un quartier défavorisé. Et sa force se situe peut-être à ce niveau, dans une société américaine où les rapports entre Noirs et Blancs se limitent souvent à des rapports de force. D’ailleurs, il avoue, dans son premier livre publié en 1995, Dreams from My Father, avoir toujours été gêné et mal à l’aise lorsque ses amis noirs pestaient contre le racisme de la société blanche...


« Obama ? Don’t know that guy. » 

C’est là la première phrase prononcée par G.-W. Bush en 2003, lorsqu’une représentante démocrate de l’Illinois lui demande ce qu’il pense de Barack Obama. Ce à quoi elle répondra, sourire léger : « Vous en entendrez bientôt parler. » Avec raison : un an plus tard, il décroche le poste de sénateur de l’Illinois avec 70% des voix !

Comment, en si peu de temps, ce brillant diplômé de la Columbia University et de Harvard, ancien musulman converti au christianisme, a-t-il réussi, sans grande expérience au niveau national, à s’imposer comme un candidat crédible aux élections présidentielles de 2008 ? Que peuvent tirer les démocraties européennes de cet exemple ?

Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti démocrate, un grand Noir inconnu, au sourire avenant, prononce un discours ferme et réaliste, rompant avec le populisme habituel, c’est le début de « l’obamania ». L’Amérique voit en cet homme sa vraie image, multiraciale. D’autant que ses propos réconciliateurs, ouverts, tolérants rassurent la middle class blanche, généralement effrayée par les leaders noirs charismatiques. Dans la même idée, il refuse clairement de commenter une éventuelle candidature de Hilary Clinton, tranchant avec la tradition des attaques personnelles. Et ça marche. Les médias relayent le phénomène, et les militants sont aux anges. La créneau de communication est parfait ! Barack Obama reste toutefois lucide. Il sait pertinemment que l’engouement dont il est l’objet peut très vite se changer en ignorance. Quant à son inexpérience, il la balaye d’un revers : Rumsfeld et Cheney avaient les meilleurs CV de Washington...


Pendant ce temps, en France...

Le premier constat, brut de décoffrage, qui me vienne à l’esprit en comparant les deux campagnes présidentielles, séparées par un immense océan, c’est qu’un immense chemin reste à parcourir en France en ce qui concerne la représentativité des minorités en politique, à l’échelle locale et dans les hautes fonctions de la société en général. Devons-nous nous inspirer du modèle américain, qui, rappelons-le, a fait face à de violentes émeutes raciales en 1965, en 1992 en Californie ?

Évidemment, non. Mais peut-être serait-il intéressant de s’inspirer de cette capacité qu’ont les Américains de changer les choses, ce pragmatisme, pas toujours efficace, il est vrai, mais tellement rafraîchissant, pour qu’enfin nous ayons une société française à l’image de sa population : multiple.

A l’heure de la crise des banlieues, du malaise de l’intégration, il n’est bien sûr pas question d’appliquer un modèle américain, qui répond en partie aux spécificités culturelles nord-américaines. Il convient néanmoins de s’emparer de ce thème pour que la frustration ne soit pas invasive.


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