Belgique : N-VA hors-jeu, le dialogue peut reprendre

par Gil Genappe
mercredi 24 septembre 2008

Après s’être désolidarisé de la majorité fédérale, la N-VA vient de faire de même avec le gouvernement flamand. Une manœuvre qui pourrait, cette fois-ci, marginaliser le parti séparatiste qui empoisonne les négociations institutionnelles depuis quinze mois. Mais qui fait planer une ombre brune sur les prochaines élections…

La N-VA s’est donc retirée dimanche de la majorité fédérale dans laquelle elle était associée via le cartel qu’elle forme (encore) avec le CD&V. Ce lundi, elle a également claqué la porte du gouvernement flamand, son ministre Geert Bourgois déclarant qu’il ne voulait plus jouer dans cette « comédie », que le lancement du dialogue institutionnel était assorti de garanties insuffisantes et qu’il était déçu par l’attitude du CD&V. Il a ajouté que, pour lui, le cartel CD&V/N-VA avait vécu. Ce n’est pas encore une position officielle, mais cette déclaration venant du n° 2 du parti flamingant n’est pas anodine. Lundi matin pourtant, Etienne Schouppe, ministre fédéral de la Mobilité et ancien président du CD&V, nous déclarait que le divorce n’était pas à l’ordre du jour. Il estimait, en effet, que la N-VA n’y avait pas intérêt car elle allait se marginaliser, et que le CD&V ne souhaitait pas s’en séparer « pour mieux le contrôler » et éviter qu’il n’aille s’allier avec les populistes et l’extrême droite. Un risque désormais de plus en plus plausible, ce qui mettrait la droite extrémiste flamingante à quelque 40 % aux prochaines élections régionales. Le ministre-président flamand, Kris Peeters, n’a pas voulu commenter la déclaration de M. Bourgeois selon laquelle le cartel CD&V/N-VA était mort.

Le dialogue communautaire enfin lancé ?

Cette désertion ne présente donc, à première vue, que des inconvénients pour Yves Leterme. Le retrait des députés autonomistes lui enlève la majorité des deux-tiers nécessaire à la réforme de l’Etat. De plus, elle rend les partis francophones majoritaires au gouvernement fédéral, ce qui sera difficile à faire avaler à son électorat. Mais d’autre part, cette nouvelle farce politique pourrait finalement débloquer la situation du pays. Car en même temps que la N-VA jouait son nouveau psychodrame, le gouvernement flamand marquait son accord au lancement du dialogue communautaire sur la réforme de l’Etat. Avec quelque chance de réussite peut-être, puisque le trublion Bart De Wever et ses affidés sont désormais hors course et ne pourront plus faire capoter les discussions aussi facilement. Qui plus est, l’exécutif nordiste s’est prononcé à l’unanimité, Geert Bourgeois n’étant pas présent. M. Peeters a informé ses partenaires des "éclaircissements" reçus des francophones au cours d’une réunion lundi matin, et le gouvernement a répondu unanimement "oui" à la question de savoir s’il était prêt à commencer le dialogue. Et comme pour lui faire écho, les socialistes et libéraux flamands semblaient soudain tout disposés, eux aussi, à lancer les négociations. Celles-ci débuteront le 8 octobre. Seize mois pour décider de se mettre à table : le record sera difficile à battre, mais, aujourd’hui, le spectre d’une séparation de la Belgique s’éloigne. Il faut dire que, la semaine dernière, un économiste renommé avait calculé le coût économique d’une telle rupture. Apparemment, il a été convaincant !


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