Bill de Blasio, maire de New York, premier élu des 99% ?

par Laurent Herblay
jeudi 7 novembre 2013

New York a élu un nouveau maire, Bill de Blasio, pour remplacer Michael Bloomberg. Non seulement les démocrates ont récupéré cette ville, mais c’est un représentant de son aile gauche qui l’a emporté, avec un discours très rooseveltien. Le début de la fin pour les néolibéraux ? La première victoire des 99% ?

Le retour des démocrates à New York
 
Un immense paradoxe politique vient de prendre fin. Alors que New York vote solidement en faveur des démocrates à l’échelle nationale, depuis 20 ans, c’était un maire républicain qui présidait à sa destinée, du fait des échecs des démocrates à régler les problèmes de sécurité. Et c’est un combattant au discours très engagé qui l’emporte : « je suis un homme de gauche qui croit en l’intervention de l’Etat. Appeler ça comme vous voulez (…) une dose de Franklin Roosevelt le New Deal, une dose de social-démocratie européenne et une dose de théologie de la libération. Voilà comment je vois le monde  ».
 
Au programme : une critique vibrante de l’augmentation des inégalités, « défi de notre époque  », dont Obama n’a jamais vraiment osé s’emparer ; une promesse – très rooseveltienne - d’augmenter les impôts des plus riches pour financer des logements sociaux et des maternelles pour assurer l’éducation des classes moyennes et populaires ; une police qui respecte davantage les minorités. Son discours a séduit plus de 73% des citoyens de la ville, qui l’ont élu triomphalement face à un républicain condamné à faire de la figuration, dans un véritable tremblement de terre politique.
 
La première victoire d’un alternatif occidental ?

C’est la question que l’on peut se poser. En effet, la crise de 2008-2009 a accouché d’une souris en matière de réforme du système économique, comme on pouvait l’anticiper. Mais comme tous les excès qui avaient mené à cette crise sont encore là, et que les inégalités ne cessent de progresser, la population est de plus en plus révoltée contre les politiques qui sont menées, dans le monde entier. En Grèce, une nouvelle grêve générale a eu lieu. En Espagne, la population écrit sa révolte sur les billets en euros, cette monnaie qui ne sert que les banques. Mais l’alternance politique tarde à venir.

Et si Bill de Blasio était le premier alternatif à gagner des élections dans les pays dits développés ? Son discours offensif sur les inégalités, pour gagner la ville qui est pourtant le centre financier du pays, mais surtout sa large victoire démontrent que les classes moyennes peuvent rejoindre les classes populaires pour changer la donne. D’où la tonalité assez critique du Monde, devenu défenseur des plus riches, demandant « comment cette générosité sera-t-elle financée ? Sera-t-il capable de rendre la ville suffisamment attractive pour les entreprises  » ou évoquant son « idéalisme  ».

Bien sûr, il est trop tôt pour juger de l’importance de cette élection. Mais je crois qu’elle est la première des 99% théorisés par Joseph Stiglitz. Et ce qui est positif, c’est que cette victoire s’est faite de manière aussi calme que démocratique. C’est la voie qu’il faudra suivre pour l’avenir.

 


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