Bin Laden exécuté : une décision raisonnable

par hommelibre
mercredi 4 mai 2011

Qui connaît Maurice Bavaud ? Presque personne. C’est un oublié de l’Histoire. Un Suisse mort en 1941, décapité par décision du régime nazi. Son crime : avoir mis en place un plan pour assassiner Hitler en novembre 1938. S’il avait réussi l’Europe aurait probablement pris un autre chemin que celui de la boucherie et de l’Holocauste. Il n'a malheureusement pas eu les moyens d'aboutir dans son projet.

Pourtant tuer est à l’opposé de tout humanisme et respect de l’humain. Tuer fait de nous des tueurs. Tuer un tueur n’est pas mieux qu’être un tueur. L'humanisme en prend un coup. Cette manière de voir est pertinente. Mais malheureusement inefficace. Et un peu trop angélique.

Le monde est en guerre. Pas une grande guerre comme 39-45. Une guerre diffuse qui frappe sans discernement. Une guerre dont les responsabilités sont largement partagées. Il n’y a pas d’un côté le grand Satan, soit l’occident mené par les Etats-Unis, et de l’autre les anges menés par Ben Laden et consorts.

Je suis étonné de voir nombre de personnes pleurer Bin Laden ou condamner son exécution. J’emploie à dessein le terme exécution. Quoi qu’en ait dit Barak Obama, c’est la version la plus plausible, la plus logique, la plus économique. Pourquoi pleurer cet homme, incarnation de l'extrême-droite moyen-orientale ?

 

Un succès

Cette opération est un succès politique personnel pour Barak Obama. Il fait taire les critiques à son égard et reçoit l’assentiment d’une grande majorité de ses compatriotes. Il est le chef attendu. Il a les couilles. Il peut rapatrier les soldats d’Afghanistan sans donner le sentiment d’une défaite, ou au mieux d’une non-réussite. Le job est fait. Les américains se retrouvent la tête haute. Peu importe si d’autres terroristes sont dans l’ombre : Bin Laden était le symbole, le chef charismatique, l’unificateur. La structure peut fonctionner sans son chef symbolique mais elle n’a plus le même pouvoir d’attraction.

C’est aussi un succès militaire qui rappelle à qui l’entendra que les Etats-Unis sont toujours bien dans la course. Leur efficacité est indiscutable. Leur capacité d’intervention intacte. Leur réseau de renseignement fonctionne. Leur volonté et leur détermination à préserver une certaine idée de la liberté est démontrée.

On peut discuter de la liberté dont ce pays serait le héraut. Discutons-en, justement. Ou discutons de ces pays arabes qui aspirent à la même liberté que nous. Pourquoi ? Parce que notre forme de liberté : liberté d’expression, de réunion, de pluralisme politique, de choix de vie, est universelle. Nul doute que sous Ben Ali, El-Assad et tutti quanti, la liberté n’a pas tout-à-fait le même sens.

 

L'imposteur

La liberté qui est la nôtre n’était certes pas défendue par un Bin Laden. Ce magnat milliardaire s’octroyait des droits, mais ne laissait à ses adeptes que le droit de mourir éclatés en petits morceaux. Ses valeurs : l’argent, la domination, l’utilisation de la souffrance des autres pour se faire subventionner. Cela au nom d’un islam de foire qu’aucun musulman sincère ne reconnaît aujourd’hui.

Bin Laden était un imposteur, qui ne se posait pas de question sur la souffrance des victimes directes et indirectes des attentats fomentés par la nébuleuse qu’il chapeautait.

Si encore il avait eu quelque efficacité. Même pas. Il n’a en rien fait avancer la matérialité d’un Etat palestinien. Il n’a pas rendu l’islam populaire, au contraire : l’occident démocratique se lève avec une vigueur inattendue contre cette religion et son volet politique totalitaire. L’intégrisme musulman est démasqué grâce à Oussama, homme de l’extrême-doite la plus dure, qui en a montré la vraie face : mépris, argent, pouvoir, tueries.

Oui Bin Laden a perdu la partie. A preuve cette déclaration d’un haut responsable des Frères Musulman en Egypte, faite hier à l’AFP :

« Les Frères musulmans en Egypte ont affirmé lundi qu'Oussama Ben Laden, tué par les forces américaines au Pakistan, ne représentait pas l'islam, soulignant que les Etats-Unis devraient se retirer d'Afghanistan et d'Irak.

"L'islam n'est pas Ben Laden", a déclaré Mahmoud Ezzat, le numéro deux de la confrérie islamiste, à l'AFP.

"Après les attentats du 11-Septembre, il y a eu beaucoup de confusion. Le terrorisme a été confondu avec l'islam", a-t-il protesté. »



Le terrorisme n'est pas l'islam

Quel désaveu ! Quelle révolution culturelle s’opère actuellement, pour que les Frères Musulmans, organisation qui à ses débuts a collaboré avec Hitler, désavoue cette icône sanglante ! Oussama était donc encore plus à droite que l’extrême-droite fasciste arabo-islamique puisque les descendants de celle-ci ne veulent plus le reconnaître comme un des leur. Le monde arabo-musulman réalise peut-être que la violence dans laquelle certains ont voulu l’entraîner est inutile et contre-productive. La loyauté religieuse et ethnique ne marche plus. Le terrorisme n’est pas mort. Mais c’est symboliquement la fin d’un cycle.

C’est clair : les terroristes ne sont pas les défenseurs de l’islam.

Et c’est cet homme que certains pleurent ou défendent... On rêve.

Alors oui, c’est vrai, les américains ont bafoué le droit de la guerre, le droit d’un pays, le droit international. Mais Bin Laden respectait-il le droit ? Non bien sûr. Oui c’est vrai ils ont dépensé beaucoup d’argent pour cette opération. Mais a-t-on estimé l’argent récolté et dépensé par le terroriste pour entretenir son organisation meurtrière et organiser ses attentats ? Non.

On peut regretter que les valeurs de respect de l’individu semblent peu de chose à côté de cette opération, et l’on est d’autant moins complaisant à l’égard des Etats-Unis qu’ils sont supposés défendre ces valeurs. Mais il faut encore une fois rappeler qu’une guerre se déroule. Et que la guerre est un sale jeu où l’important est de gagner. Il ne fallait pas offrir à Bin Laden une tribune mondiale sous forme d’un procès. Le symbole devait disparaître. Il ne faut pas dérouler le tapis rouge à ceux qui veulent uniquement nous détruire.

Son exécution sans procès était la seule solution raisonnable.


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