BMW, multi-nationale maître du monde

par Laurent Herblay
samedi 31 mars 2018

Ce sont deux articles de la presse professionnelle automobile qui resteront probablement des détails dans le flux des nouvelles médiatiques : les dernières annonces de BMW sur ses projets dans la voiture autonome, et les commentaires du même constructeur sur l’évolution des négociations sur le Brexit. Pourtant, ces deux papiers sont extraordinairement révélateurs de l’évolution de notre monde.

 

Ce que multi-nationale veut…
 
BMW est revenu sur l’accident d’une voiture autonome Uber qui a fait un mort, et l’impact sur ses plans. Après avoir annoncé 250 millions de kilomètres de test (dont seulement 20 en conditions réelles), un dirigeant de l’entreprise a carrément demandé des routes dédiées clôturées qui « rendent plus facile d’anticiper ce que les autres véhicules et le trafic feront (…) ce qui rend plus facile de programmer les réactions des véhicules et permettrait d’avoir moins de capteurs et de puissance de calcul qu’un véhicule qui a besoin de naviguer dans un trafic normal avec des choses comme des personnes sur un vélo  » ! Bref, les villes doivent s’adapter pour diminuer les coûts de production !
 
Dans un autre papier datant du même jour, il est indiqué que « BMW dit que l’accord sur le Brexit n’est pas assez bon pour traiter les questions de douanes  ». Son représentant en Grande-Bretagne affirme que « l’accord actuel ne traite pas beaucoup des sujets non tarifaires qui affectent une industrie automobile qui repose sur un mouvement sans entrave des composants et des modèles à travers les frontières (…) Il y aura des vérifications aux douanes, il y aura de l’administration, il y aura des délais aux frontières, il y aura des questions sur le contenu local, il y aura des questions sur les règles  ». En clair, l’entreprise craint de ne plus pouvoir faire absolument tout ce qu’elle souhaite faire.
 
Il n’est pas inintéressant qu’une grande entreprise comme BMW ose tenir de tels propos. Non seulement, il est assez incroyable de demander des voies réservées et fermées pour les véhicules autonomes, ce qui est extraordinairement complexe, comme on le voit bien à Paris, mais ses dirigeants n’hésitent pas à dire que cela leur permettra de diminuer leurs coûts (et donc maximiser leurs profits). Il faudrait donc réaménger les villes pour permettre à BMW de gagner plus ! Et le commentaire sur le Brexit indique bien, a contrario, que les règles actuelles, c’est l’absence de vérifications, d’administration, de délais, de frontières, de la moindre exigence sur le contenu local, bref l’absence totale de règles.
 
 
Merci donc à BMW de rappeler à quel point le monde actuel tourne pour les multi-nationales  : le libre-échange promu par l’UE, c’est l’absence de règles et de contrôle, c’est laisser-faire n’importe quoi, comme le montre trop souvent l’actualité, dans un seul but, l’augmentation sans fin des profits, jusqu'à en arriver à demander un réaménagement des villes pour le faciliter. Triste monde.

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