Cachez ces peuples autochtones que nous ne saurions voir

par Michel Monette
mercredi 4 juillet 2007

Il y a quelques jours, les Premières Nations manifestaient un peu partout au Québec et au Canada. L’anthropologue québécois Serge Bouchard le dit depuis longtemps : les « réserves indiennes » sont un cul-de-sac où s’accumulent les explosifs. On protège mieux le panda, le nasique ou le lamproie-lanterne que les autochtones. Le problème n’est pas seulement québécois ; ce qui ne nous dispense pas, nous les Québécois, de dialoguer avec les Premières Nations pour enfin trouver un accommodement raisonnable avec notre propre histoire.

Il y a 5 000 peuples autochtones sur la Terre, dont onze au Québec. Longtemps, n’avons-nous pas vécu nous-mêmes ce qu’ils vivent ? Nous devrions pourtant bien comprendre ce que ressentent les onze peuples autochtones du Québec. Mais nous avons la mémoire si courte.

Il faut, nous dit Bouchard, lever la chape de mépris qui recouvre les Premières Nations. Tantôt ils sont des méchants représentants fédéraux entretenus par Ottawa pour nuire au Québec, tantôt des bandes de gâtés vivant aux crochets du Welfare State, tantôt des usurpateurs de droit, des profiteurs, des menteurs et des opportunistes, vraiment toutes les épithètes y passent pour qualifier notre mépris envers eux.

Vous voulez savoir quoi ? Nous, Québécois, ne mériterons jamais notre place dans le concert des nations tant que nous ne porterons pas aux Premières Nations le même respect que nous exigeons du Canada anglais envers nous.

Ouvrez grand votre esprit et entendez Serge Bouchard :

On peut bien parler de la Constitution de 1982 mais alors pourquoi ne pas parler de l’esprit et de l’application de la Loi sur les Indiens de 1876 [note du blogueur : une loi que beaucoup d’organisations autochtones et d’experts des droits des peuples autochtones considèrent comme l’une des lois les plus racistes encore en vigueur], de la politique canadienne des Traités territoriaux de 1830 à 1975, des combats historiques des Premières Nations du Québec pour ne pas disparaître à la face d’une histoire nationale, soit-elle canadienne ou canadienne-française, qui a notoirement et honteusement caricaturé les Indiens ?

Serge Bouchard. Pardon aux Innus.

Nous avons traité les Premières Nations - méditez sur ce terme qui dit bien à quel point nous sommes des usurpateurs en Amérique du Nord - comme des étrangers sur leurs propres terres. Nous les avons enfermés dans d’absurdes réserves, les insultant, les violant, les saoulant, les droguant, crachant sur leurs croyances, alors que nous affirmions notre agnosticisme bienveillant de gens dit rationnels, tout en détruisant la nature pour laquelle ils ont tant de respect.

Nous sommes les vrais exilés de la Terre, dans nos villes où nous polluons tant que demain, nous aurons sans doute réussi l’exploit de détruire le monde. Rien de moins.

À quel point nous pouvons être étroits et mesquins renverse Bouchard. Et il a bien raison d’en être renversé.

De quoi ont besoin ces peuples que nous évitons du regard ? « D’oxygène, de ressources, d’autonomie, de collaboration pour se sortir des carcans institutionnels dans lesquels les politiques canadiennes les ont enfermées depuis des lunes », nous dit Bouchard.

Tendons-leur la main. Nous avons tant à apprendre d’eux.

La « Paix des braves » - « Approche commune ». (Merci, Vigile.net)

Les autochtones et nous : une ignorance crasse. Une entrevue avec Serge Bouchard.

Un site à visiter : AboriNews.com (anglais et français)

 

 


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