Camila Vallejo : « Le Chili n’est pas en guerre ! »
par Cecilia de León y Tachi
mardi 22 octobre 2019
Le président chilien, Sébastian Piñera, a déclaré "le pays en guerre" lors d'une allocation aux médias internationaux dans le but de justifier l'Etat d'urgence. Pendant ce temps, des députés refusent de signer des projets de Loi allant à l'encontre de la population chilienne. Le parlement chilien, tant de gauche que de droite, demande au président d'opérer le retrait immédiat des militaires des rues du pays.
L'explosion sociale a démarrée au Chili suite à l'augmentation du prix des transports. Le ticket du Métro de Santiago passant de 800 à 830 pesos. Une hausse difficile à supporter pour les familles chiliennes les plus précarisées. Au Chili, le salaire moyen peut être de quatre cent euros. L'augmentation du prix des transports intervient au moment même où la Chambre des députés du Chili s'apprête à réviser les heures de travail, ce mercredi 23 octobre 2019. De 45 heures, les heures pourraient passer à 40h. Ce projet de loi fut soumis à la Chambre par la députée de la Florida, Camila Vallejo. Approuvé cette semaine, il devrait ensuite passer au Sénat.
https://www.youtube.com/watch?v=pEjoYFbG5jk
Le projet de Loi de la députée d'opposition dérange. En effet, celle-ci a réussi à fédérer autour d'elle des députés de droite et de gauche à travers la création d'une "rangée transversale" de parlementaires. Le gouvernement chilien tente depuis le mois d'aôut d'arrêter ce projet de Loi par tous les moyens. Face à la violence générée depuis vendredi à Santiago du Chili, la députée de gauche ne mâche pas ses mots sur Twitter : "Le gouvernement de Sébastian Piñera déclare l'Etat d'urgence, démontrant qu'ils ne savent pas comment répondre aux demandes légitimes des citoyens si ce n'est avec la répression et la restriction des droits. Un dialogue est nécessaire ! Respectez la dignité du peuple chilien. Fini le terrorisme d'Etat ! Sébastian Piñera restera dans l'Histoire en tant que premier président de la démocratie à imposer un couvre-feu pour une manifestation sociale. Il sera écrit dans les livres d'Histoire que, pendant que le peuple se levait pour réclamer sa dignité, qu'il décréta une répression lâche (...)"
https://www.youtube.com/watch?v=jlxxnm7dGUA
Les lycées et les étudiants du Chili s'étant solidarisés suite à l'augmentation du prix des transports. Ils avaient pris en masse le métro sans payer le ticket en signe de protestation depuis le 14 Octobre 2019. De la protestation est venue la manifestation sociale. Relayées par les réseaux sociaux par de nombreux députés, les images de violence policière envers les adolescents sont insoutenables. Dépassé, le gouvernement chilien de droite a décrété l'Etat d'urgence et transmis la gestion de l'ordre au Général de division, Javier Iturriaga del Campo désormais à la tête de la défense nationale, selon les dispositions de la législation chilienne concernant l'Etat d'urgence. Une décision dénoncée en force par la Chambre des députés qui réclame le retrait des 15.000 militaires déployés dans Santiago et le reste du pays.
Afin de faire respecter le couvre-feu établit de 19h à 6h, les convois de l'armée ont déambulé dans la ville de ce pays du Cône sud. Filmés par de nombreux chiliens, ceux-ci rappellent des heures sombres que le pays ne voulait pas revivre. Parallèlement à ce contexte social surchauffé, le Ministre du Travail chilien a appelé lui les citoyens à continuer à travailler comme si de rien n'était.
https://www.youtube.com/watch?v=UqUawa9n5rg
Lors de la dernière session de la Chambre des députés du Chili, plusieurs parlementaires ont refusé de signer des projets de Loi allant à l'encontre de la population. Ce que révèle Camila Vallejo dans des tweets : "Nous refusons de légiférer des projets gouvernementaux avec l'armée dans les rues !! Nous demandons la restauration de la démocratie, la fin de la répression du peuple et de l'escalade de la violence MAINTENANT !"
Lucide, la députée voit en l'établissement de l'Etat d'urgence, une stratégie du gouvernement de droite, évitant ainsi le vote des réformes proposées par le parlement chilien : "S'il-vous-plaît, ne soyez pas dupe. #Nous ne sommes pas en guerre, l'indignation remplit la patience des chiliens. Le gouvernement doit cesser d'inciter à la peur (...) en retirant les militaires de la rue et en s'efforçant de répondre aux demandes de la population. Mais la violence ne fait qu'augmenter." En décembre 2019, le Chili acceuillera la Cop25 et de nombreux Chefs d'Etat feront le déplacement vers la "Jaguar d'Amérique latine" où l'injustice sociale augmente. A la tête du pays, ils seront reçus par Sébastian Piñera, héritier politique d'Augusto Pinochet. Lui-même avait incité la jeunesse de son pays à prendre d'assaut les rues via FridaysForFuture Santiago afin de dénoncer le changement climatique. Force est de constater que sans le savoir, il a crée les conditions d'une révolution de sa jeunesse. La deuxième sous sa présidence puisqu'en 2011, année de son premier mandat, avait éclaté le fameux "mouvement étudiant du Chili".
Sources :
http://www.slate.fr/story/182963/chili-temps-travail-40-45-heures