Caucase : nouveau sanglant partage géopolitique entre Poutine et Erdogan
par REMY Ronald
samedi 14 novembre 2020
L’opinion publique arménienne internationale est effondrée. Elle n’avait pas imaginé un seul instant une telle catastrophe et un tel lâchage par la Russie (certains parlent même de haute trahison de la part de Poutine, en maudissant la France et les USA de ne pas avoir levé le petit doigt). Pour contrebalancer l’omerta presque générale des médias occidentaux, voici la dernière carte de Sputniknews (avec les flèches rajoutées par le think tank « En Marge » éclaircissant le contexte et les termes de l’humiliant « accord » imposé aux arméniens par Poutine et Erdogan) :
Les troupes arméniennes quittent la totalité des territoires demeurés sous leur contrôle militaire. Les troupes russes seront présentes dans une petite zone résiduelle enclavée (en orange, soit 20% de l’ex zone indépendantiste). Les turcs s’installent dans les zones vertes (80%) et réclament (avec le soutien diplomatique de l’Azérie) d’être également présents avec les russes dans la zone orange ! Le petit couloir de Latchin (type Dantzig) demeure sous contrôle russe. En probable prévision du départ progressif (volontaire ou non) de la totalité des populations arméniennes ?
Pas un mot sur le bombardement des cibles civiles et le saccage des églises par les canons Turco-azéris, ni sur les tortures suivies d’exécutions par la soldatesque islamiste envoyée par Erdogan depuis la Syrie (les photos et vidéos que les djihadistes diffusent fièrement à chaque fois dans le Monde entier sont systématiquement censurées par les gouvernements et médias occidentaux. Officiellement, pour ne pas choquer le public). Un probable nouveau génocide culturel arménien du même type subi par les kurdes d’AFRINE dans le nord de la Syrie ? (La zone au Nord de la Syrie que les russes occupaient pour « maintenir la paix » et qu’ils avaient ensuite évacuée avec armes et bagages à la demande d’Erdogan). Comme en Syrie, tout a été pensé pour entretenir de facto la rancœur, donc la guerre perpétuelle et, par conséquent,… le caractère indispensable d’une présence militaire russe. Le gouvernement arménien avait eu le tort d’agacer Poutine. Il en a payé lourdement le prix. Mortellement affaibli suite à l’effondrement orchestré par ses puissants voisins, il sera probablement renversé pour être remplacé par un gouvernement clairement revanchard… soutenu par la Russie ! La Russie retrouve une Arménie à genoux qui s’en remet à elle comme du temps de l’empire soviétique.
Silence radio « Munichois » (comme d’habitude) des deux autres membres de la commission Minsk (France et USA), soit disant chargée de contribuer à la paix dans cette région… (NB/ La Turquie est membre de l’alliance de l’OTAN, que les États-Unis dirigent. L’Azerbaïdjan reçoit une aide militaire des États-Unis en échange de son pétrole).
Complément d’information récapitulative sur cette guerre ignorée :
Quelles sont les racines de ce conflit ?
Lors du génocide arménien de 1915-1923, les forces turques et azerbaïdjanaises ont tenté d’exterminer la population arménienne. Lorsque l’Union soviétique a envahi le Caucase en 1920, elle a conquis l’Arménie et l’Azerbaïdjan et a mis fin à la tuerie. Sous le régime soviétique, le Haut-Karabakh a été intégré à la République soviétique d’Azerbaïdjan. Lorsque l’Union soviétique a commencé à s’effondrer à la fin des années 1980, les Arméniens du Haut-Karabakh ont demandé leur indépendance, tandis que le gouvernement azerbaïdjanais a commencé à attaquer la population arménienne, pour l’anéantir une fois pour toutes. L’Arménie est entrée en guerre pour protéger le Haut-Karabakh et la guerre a fait rage pendant six ans. Un implacable blocus azerbaïdjanais a suivi. Par la suite, la Russie a imposé l’arrêt des combats et un cessez-le-feu a été accepté. Le Haut-Karabakh est devenu une région autonome.
Le 27 septembre 2020, profitant de l’élection présidentielle américaine, de la pandémie Covid19 et de la vague d’attentats islamistes monopolisant les médias, avec le soutien d’Erdogan et de ses mercenaires djihadistes, du matériel moderne turc (mais aussi du matériel militaire acheté aux américains, israéliens et européens), l’Azerbaïdjan violé le cessez-le-feu par une attaque massive. Bombardement systématique des zones civiles, y compris dans la capitale (Comme dans le Nord de la Syrie). 10 Novembre 2020, après 6 semaines de veulerie européenne et occidentale, « l’accord » imposé par Erdogan et Poutine raye de la carte cette petite république arménienne de l'Artsakh. L’idée d’un tour de table diplomatique pour analyser les conditions de rattachement référendaire à l’Arménie de cette contrée composée à 90% d’arméniens (à l’instar du rattachement de la Crimée à la Russie) n’a jamais pu être mise à l’ordre du jour ! Pourquoi ce non respect du droit à l’autodétermination des peuples ? Grand mystère.
La question qui se pose maintenant : après les troubles en Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du sud, Crimée, Donbass et maintenant en Arménie, à qui le tour ? Pour la Turquie, après la Syrie, Chypre, la Grèce, la Lybie et le Haut Karabakh : à qui le tour ?