Ce jour où Alger a confondu vitesse et précipitation

par Abdalaye
mardi 22 janvier 2013

Abdelmalek Sella s'est (enfin) exprimé après la prise d'otage sur le complexe gazier de Tiguentourine, près d'In Aménas. Le bilan est on ne peut plus lourd : outre les 29 bandits qui ont péri dans l'assaut lancé par les forces algériennes, ce sont pas moins de 38 civils qui ont perdu la vie dans l'intervention. Tout simplement les conséquences d'une opération menée à la va-vite.

La fermeté, c'est donc de tirer dans le tas. De tout buter sur son passage. Pardonnez-moi, mais j'appelle cela de la brutalité. Les forces algériennes ont commis une bavure en agissant de manière aussi rustique lors de la prise d'otages sur le site gazier d'In Aménas. Et le premier ministre Abdelmalek Sella de parler de cette opération comme d'un "succès". Et François Hollande de la saluer avec les termes "réponses adaptées". Eux-mêmes auraient-ils commenté la situation de la même façon si un de leur proches avait figuré parmi les personnes passées de vie à trépas ? Mais où va-t-on ? Et que pensent les familles des victimes civiles mortes dans l'assaut ?

Soyons sérieux. On connait le passé récent de l'Algérie avec les actes terroristes qui l'ont gangrené dans les années 1990. On sait la souffrance qui a été celle du peuple algérien face à ce fléau. Certes. Mais est-ce une raison pour contrecarrer les preneurs d'otages en attaquant de la sorte ? Permettez-moi de qualifier cette intervention de "bavure". La méthode algérienne, c'est donc de ne pas négocier et d'agir dans la précipitation ? Une précipitation qui était d'ailleurs telle qu'aucun membre des autorités du pays n'a été capable de communiquer convenablement sur le bilan final jusqu'à l'après-midi de lundi.
 
Il y a fort à parier que sans cette manoeuvre de la part d'Alger, il n'y aurait pas eu autant de décès du côté des otages. Ils auraient certes été capturé puis mis sous le joug de leurs ravisseurs dans le désert saharien. Mais ils seraient restés en vie, avec une chance d'être libérés. Clairement, le commando étatique qui a mitraillé le groupe d'islamistes dissidents d'Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) - dirigé par le désormais cultissime Mokhtar Belmokhtar - n'était pas la solution à privilégier.
 
Comment, également, du côté français, nos personnalités politiques peuvent-elles prononcer un discours aussi policé à l'égard d'un régime qui ne ressemble en rien à une démocratie ? Nous avons félicité François Hollande pour la promptitude avec laquelle il a réagit à l'appel à l'aide du président Dioncounda Traoré au Mali. Mais il faut considérer qu'en l'espèce, ses propos en forme de dythirambe sur la décision de soutenir Abdel Aziz Bouteflika ne sont pas le comportement qu'il aurait fallu adopter, alors que le vent des révolutions arabes n'a pas eu d'impact sur le palais d'El-Mouradia. La bavure est donc à assumer à deux...

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