Mardi, le Crédit Agricole a annoncé une charge exceptionnelle de plus de 700 millions d’euros pour tenir compte le plan de sauvetage de Banco Espirito (dont il était actionnaire à hauteur de 14,6%) par le Portugal. Une nouvelle affaire bancaire qui en dit long sur la nécessaire réforme de la finance.
Une nouvelle crise bancaire
Décidemment, l’actualité charrie toutes les semaines au moins un nouveau scandale bancaire, que ce soit
la manipulation de cours comme le Libor, les condamnations sur les subprimes, les aléas de l’affaire Jérôme Kerviel,
l’incroyable condamnation de BNP Paribas et les innombrables amendes qu’acceptent de payer les banques à la justice aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne principalement. Mardi,
Lisbonne a annoncé un plan radical pour sauver de la faillite Banco Espirito, en la recapitalisant de 4,4 milliards d’euros, annihilant, pas illogiquement, les parts des actionnaires. La banque va être coupée en deux, entre une Novo Banco qui récuperera les bons actifs et une mauvaise banque pour solder le reste.
Bizarremment, les raisons de cette recapitalisation massive à l’échelle du Portugal ne sont que rarement évoquées, la plupart des médias se contentant d’évoquer les fraudes de la famille Espirito, qui était alors le premier actionnaire de la banque avec 20% du capital. Mais quelques recherches permettent de trouver
cet article des Echos, qui évoque la cascade financière peu orthodoxe de la famille, qui détenait en réalité 100% d’un fond luxembourgeois, qui avait 100% d’un fond portugais, qui avait 49,6% d’un groupe luxembourgeois qui détenait 20% de la banque. La holding de tête a été placée en dépôt de bilan suite à la découverte de fraudes, ce qui a fait tomber le château de cartes du fait d’un jeu de prêts.
C’est pour cette raison que les dirigeants du Crédit Agricole ont annoncé des actions en justice.
Une crise du laisser-faire et du laisser-passer
On pourrait ne retenir qu’une énième histoire de banquiers escrocs, mais la portée de cette affaire dépasse ce simple cadre, qui invite pourtant déjà à réfléchir sur l’organisation du système bancaire. Bien sûr, le Crédit Agricole professe sa bonne foi et on peut a priori ne pas trop en douter. Néanmoins, difficile de ne pas se dire qu’il n’a pas été un bon actionnaire, car la taille de sa participation impliquait une surveillance qui lui aurait permis d’éviter une telle fin. Ensuite, il est tout de même assez effarant qu’une banque accepte de prendre 14,6% du capital d’une autre banque en en laissant 20,1% à une famille qui utilise un montage financier qui lui permet d’en avancer à peine la moitié. Bref, même si le Crédit Agricole s’est fait arnaquer, on peut se demander s’il n’y a pas eu des erreurs de sa part.