Ce que les primaires disent des Etats-Unis
par Laurent Herblay
jeudi 4 février 2016
Cela aurait pu être une simple promenade pour Hillary Clinton et Jeb Bush, mais les primaires étasuniennes ne seront pas aussi convenues. Les électeurs ont envoyé un sacré coup de pied dans la fourmilière politique nationale en plaçant Ted Cruz, Donald Trump et Bernie Sanders aussi haut.
Le changement, ils l’attendent toujours !
Barack Obama avait promis le changement. Mais au regard du résultat de la première primaire, il sermblerait que l’envie de changement soit encore plus forte après son passage ! Côté démocrate, Hillary Clinton, dont on a longtemps cru qu’elle avait primaire gagnée, ne bat que sur le fil le vieux sénateur Bernie Sanders, qui se dit socialiste dans un pays où cela est souvent compris comme « communiste », qui a attiré les jeunes avec un discours très marqué à gauche, proposant de passer la tranche marginale d’impôt sur le revenu à 52%, plus haut qu’en France ! Et côté Républicains, ce sont deux candidats réputés extrémistes qui ont pris les deux premières places, Ted Cruz parvenant à tromper les sondages en devançant le milliardaire Donald Trump. Les électeurs ont choisi des candidats radicaux.
Bien sûr, certains parlent de candidats populistes, le mot snob pour dire populaire, et parlent de « primaires de la colère ». Mais après tout, la colère des classes populaires et moyennes est bien méritée dans un pays où la croissance ne profite qu’à 1% de la population (le revenu médian a reculé de 8% depuis 2007), où la sécurité laisse à désirer, malgré une population carcérale extravagante, et où l’espérance de vie recule pour certains ! Les candidats centristes n’ayant pas changé grand chose, il n’est pas surprenant que les électeurs soient tentés par des solutions plus radicales. Malgré tout, l’issue reste incertaine : Hillary Clinton conserve la position de favorite et la primaire républicaine pourrait être gagnée par Marco Rubio, dont le score semble l’avoir remis dans la course à la nomination du GOP.
Mais ce qu’il faut sans doute retenir de ces primaires, c’est surtout la colère légitime et rafraichissante d’un électorat qui a envoyé un profond message de renouvellement, comme dans beaucoup de pays ces derniers temps. Reste à ce qu’un vrai et bon changement arrive.