Cette bulle qui gonfle en Chine

par Laurent Herblay
samedi 25 janvier 2014

Ce serait un sacré symbole de l’évolution de la mondialisation que la prochaine crise financière parte de Chine, après les subprimes aux Etats-Unis. Le signe de l’avènement de l’Empire du milieu mais aussi de sa plus grande intégration à l’économie mondiale. Une perspective malheureusement crédible.

La bulle n’est pas dans l’immobilier
 
Contrairement à une croyance répandue, il n’y a pas forcément une bulle de l’immobilier en Chine. Certes, les prix progressent fortement, mais il ne faut pas oublier que le PIB nominal (croissance + inflation) monte encore de 10%, et que les salaires suivent, ce qui remet en perspective l’augmentation de 8,7% des prix de l’immobilier rapporté par l’indice trimestriel des prix immobiliers de The Economist. D’ailleurs, selon la bible des élites néolibérales, si les prix y seraient surévalués de 7% par rapport aux loyers, en revanche, ils seraient sous-évalués de 37% par rapport aux revenus.
 
Il semble en effet que les revenus progressent encore plus vite que les prix de l’immobilier (en hausse de 23% depuis 2008), même si cela n’exclut pas des zones de plus grande tension, dans les grandes villes particulièrement. Il faut dire que le gouvernement chinois a adopté une politique très interventionniste pour éviter une bulle comparable à celle des subprimes. Dès que les prix s’emballent, Pékin met en place des contraintes plus dures pour les prêts immobiliers (augmentation du dépôt initial) ou cherche à décourager la spéculation en taxant les résidences secondaires par exemple.
 
L’emballement du secteur financier
 

Comme avec les subprimes avant 2008, The Economist lance des alertes sur l’emballement de la machine à crédit en Chine. En juin 2013, il avait relayé une étude de Fitch qui montrait que l’endettement du pays avait grimpé de 125 à 200% du PIB en seulement 4 ans. Si le niveau absolu reste assez raisonnable par rapport aux pays dits développés, il l’est moins par rapport aux pays dits émergents et la progression (à ajouter à la croissance du PIB) ne peut pas ne pas sembler profondément malsaine et dangereuse. Pire, c’est la finance de l’ombre, pas ou mal régulée, qui explique deux tiers de la progression.

 
En outre, comme le rapporte Les Echos, le Bureau National d’Audit chinois a publié un rapport confirmant les hypothèses, vues comme pessimistes à l’époque, de Fitch, soit une dette totale de 215% du PIB fin 2013. En effet, la dette des collectivités locales s’est envolée de 67% en 2 ans et demi, à 33% du PIB, plus que la dette centrale (23%), comme le rapporte The Economist. Pire, une partie du secteur financier chinois reste peu contrôlé, avec notamment l’utilisation du hors-bilan et de prêts informels (en hausse de 43% en 2013). D’ailleurs, le fonds China Credit, distribué par la première banque du pays, ICBC, est en difficulté et pourrait même être acculé à la faillite du fait d’un défaut d’un placement.

Bien sûr, les Echos indiquent que les autorités chinoises veulent davantage contrôler le secteur financier et lui imposent de plus en plus les règles internationales. Mais la crise des subprimes montre bien que ces règles, qui n’ont pas été assez adaptées depuis, peuvent être totalement insuffisantes…


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