Chili : La Santé, un droit !

par Anémone C. HUBERT
samedi 25 février 2012

Parallèlement au mouvement étudiant se développent , au Chili , d'autres mouvements sociaux. Tous remettent en cause, le système sociétal fait par le dictateur Pinochet. En ce moment, le mouvement baptisé "Aysén" fait face à une répression violente. Celle-ci est dénoncée par des organisateurs des droits de l'homme présents à Santiago et dans la région. Mais ce mouvement est rejoint par le mouvement "Salud:Un derecho" (la santé : un droit). Rencontre avec l'un des fondateurs de ce mouvement citoyen, Matias Goyenechea. 

"Le mouvement citoyen "Salud : un derecho" est né en juillet 2010. Il a pour but de rétablir la solidarité comme pilier fondamental du système de la santé au Chili", explique le jeune homme de 28 ans. Matias nous explique que le mouvement pour la santé partage beaucoup de revendications avec le mouvement étudiant chilien. "Notre mouvement fait appel à des réformes du système de la santé, des réformes qui doivent être inspirées des valeurs de l'égalité, de l'universalité et de la gratuité." Celui qui est aussi chercheur, nous explique l'historique de la santé chilienne. " Ce système de santé est profondément marqué par le processus de réformes qui a été lancé sous la dictature de Pinochet. Cette période a impulsé le modèle néo-libéral , cela signifie une énorme réduction du geste social de l'Etat pour la santé, l'éducation, de vie et de prévisions. L'objectif de ces réformes fut d'instaurer un système de marché d'où rien n'a existé et fut réduit. Ces dérives dans les droits sociaux au Chili ont laissé être les biens publiques devenir des biens de consommation."

Pour le jeune chercheur, la forme du système de santé chilien actuel, permet d'être une reconstruction du paradigme mercantile, produit par une énorme inégalité et une ségrégation, consacrant une santé saine pour les plus aisés et, une autre très différente pour les personnes plus défavorisées. "Cela n'est pas mentionné que la santé public au Chili atteint 13 millions de personnes et prend en compte 3,41% du PIB. En fait, le système de la santé actuel atteint 2,8 millions de personnes et prend en compte 4,4% du PIB pour être financé. Cela démontre ma grande inégalité dans la santé chilienne."

Selon notre interlocuteur, le parallèle avec le mouvement étudiant chilien peut se définir dans divers éléments à prendre en compte : "Tant la santé que l'éducation que nous connaissons aujourd'hui, sont le fruit de politiques faites durant la dictature de Pinochet. C'est dire combien ils sont fondés selon les mêmes principes... Ainsi, l'Etat est autant inactif dans l'éducation que dans la santé. La croyance selon laquelle ces droits sont "privés" est fausse car en réalité, ce sont les familles chiliennes qui financent le tout, et non l'Etat. Vu ainsi, les effets de ces droits sont similaires et il y a une véritable inégalité. Il existe aussi une ségrégation selon la capacité de payer, et selon la famille. Le cas de la santé est pire car il n'y a pas dans cette ségrégation que la capacité à financer, il y aussi le sexe et l'âge. Selon que l'on soit femmes, enfant ou personnes âgées..."

Le système de la santé est, selon pas mal de médias chiliens, la seconde "bombe" qui va éclater au Chili, après l'éducation. Pour Matias, le problème de la santé est la préoccupation de nombreux chiliens depuis beaucoup d'années. Un exemple concret est les sondages effectués sur la population. Les chiliens y mentionnent que leurs principales préoccupations vont pour la santé. "Elle fait partie des trois problèmes que mon pays doit solutionner, cela est observé depuis les années 1990 (fin de la dictature de Pinochet, et le retour à la démocratie). La différence, c'est qu'aujourd'hui, il existe au Chili une grande avance dans la prise de conscience de la population, des citoyens, qu'il y a un abus du marché. Cela est le succès qui fut fait grâce aux mobilisations étudiantes de 2011. Cela a remis en question près de 30 ans d'existence du système économique chilien actuel. "

Celui qui fait partie des leaders du mouvement citoyen "Salud : un derecho" continue à faire le parallèle avec le mouvement étudiant. Cependant, il précise qu'il faut reconnaitre une différence entre le système éducatif et le système de la santé au Chili : " Il n'existe pas d'institution qui puisse générer la capacité de se mobiliser. Ainsi, 2012 devrait être une année qui va nous permettre d'avancer et générer le lien social nécessaire pour nous lever et faire une lutte pour la santé public de qualité, gratuite dont le Chili a besoin."

En savoir plus :

Salud : un derecho http://www.saludunderecho.cl/

Article de M. Goyenechea :

http://www.theclinic.cl/2012/02/23/lo-que-el-gobierno-no-reconoce-sobre-aysen/
 
http://www.elquintopoder.cl/fdd/web/salud/opinion/-/blogs/el-financiamiento-de-la-salud-un-aporte-a-la-desigualdad
 
http://www.elquintopoder.cl/fdd/web/salud/opinion/-/blogs/la-salud-como-un-bien-de-consumo
 
http://www.elquintopoder.cl/fdd/web/ciudadania/opinion/-/blogs/derechos-sociales-y-las-tareas-por-venir

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