Chili : Le souffle des secondaires
par Anémone C. HUBERT
lundi 20 août 2012
Depuis une semaine, dix lycées de Santiago, ont été pris d'assaut par leurs élèves. Cette action commune signifie une radicalisation du mouvement étudiant. Ce vendredi, des étudiants de l'Université du Chili, prenaient à leur tour la "casa central". Surprise par toute cette agitation, la Confédération des étudiants du Chili (CONFECH) cherche à se positionner depuis vingt-quatre heures.
Dix lycées de la région métropolitaine de la capitale Santiago, ont été aligné en "occupation" par les élèves. Parmi eux, des lycées tradtionnelles et prestigieux. Tous appartiennent à l'Assemblée Coordinatrice des étudiants du secondaire chilien (ACES), crée voici dix ans. La porte-parole de la ACES, la lycéenne de dix-sept ans, Eloisa Gonzalez, avait annoncé une radicalisation du mouvement après la marche violente du 8 août 2012. Trois bus avaient été incendiés provoquant l'indignation de la population de la capitale. La ACES y avait convoqué une marche qui fut déclarée non-autorisée, permettant l'action policière contre tout étudiant tentant de se réunir Place d'Italie, lieu de rendez-vous. Le gouvernement chilien était intervenu durant la journée, pour responsabiliser les étudiants des faits de violence dans la ville. Certains, dont Gabriel Boric,Président de la Fédération des étudiants du Chili (FECH) assuraient que ces bus étaient l'objet d'un montage policier visant à criminaliser les étudiants. Deux jours plus tard, l'étudiant en droit fera un mea culpa ,critiqué dans les milieux étudiants. Présente à Valparaiso, la vice-présidente de la FECH, Camila Vallejo assistait au vote en faveur de la Réforme Tributaire. Cette réforme est présentée par le gouvernement chilien comme une solution à la crise éducative que traverse le pays depuis un an. Les leaders étudiants dénoncent une mascarade permettant un profit éducatif plus grand, et mettant en danger l'éducation publique. Ce contre quoi, ils se battent depuis 2011 en réclamant une éducation publique, gratuite et de qualité. L'éducation chilienne ayant été libéralisée sous la dictature de Pinochet ,où l'étudiant est considéré comme une marchandise.
Désoeuvrés, après le rejet d'un rapport permettant d'évoluer les universités faisant du profit éducatif, les étudiants se disent écoeurés par les politiciens chiliens en place, et par le gouvernement , resté sourd à ses demandes depuis plusieurs mois. L'action de la CONFECH était ces temps-ci plus bureaucratique et on disait le mouvement étudiant chilien éteint ou endormi. Avec l'entrée fracassante des étudiants du secondaire, ce mois d'août, les universitaires se sont réveillés. Après un congrès dans la zone rouge du conflit mapuche, à Ecercilla, la CONFECH avait replannifié le mouvement étudiant en axant sa priorité sur des actions pacifiques. Le soutien aux étudiants du secondaire s'est intensifié ces dernières vingts-quatre heures. En pleine thèse, la plus connue des leaders universitaires, Camila Vallejo avait été remettre une lettre au Maire de Santiago, Pablo Zalaquett. Elle y dénonçait l'action violente et répressive des policiers, délogeants les lycéens en grèves et en occupation de lycées. Des faits de violence contre les mineurs ont été établis, ainsi que des abus sexuels dans certains commissariats de la capitale ou plusieurs mineurs ont été incarcérés puis relâchés. L'action de la ACES, outre réclamer une attention gouvernementale au problème éducatif du secteur secondaire, est de démontrer un rejet de la Loi dite Hinzpeter, visant à mettre en prison les leaders étudiants chiliens. Début de semaine, le Maire de Santiago, avait été forcé de rencontrer huit des dix leaders des secondaires mais ils n'étaient pas parvenus à un accord et le Maire avait envoyé la police pour déloger les lycéens.
De son côté, la porte-parole de la ACES, Eloisa Gonzalez a reçu l'appui des leaders universitaires, après avoir reçu des intimidations en rue et des menaces à son encontre de la part d'inconnus. Vendredi soir, la "casa central" de l'Université du Chili était prise d'assaut par des universitaires. Le Recteur de l'Université a indiqué ce matin, ne pas vouloir un jour d'occupation de plus. L'année dernière, l'occupation de la "casa central" par les étudiants avait durée sept mois. Lundi se décidera en assemblée la continuation, ou non, de l'occupation. Si tel est le cas, la CONFECH a déjà prévenu que d'autres universités de la capitale seraient aussi en grève début de semaine prochaine. Une semaine qui s'annonce chargée, avec pas moins de quatres actions prévues en faveur de l'éducation, et en commémoration de la mort par balle d'un lycéen de quatorze ans, Manuel Gutierrez, durant une marche en août 2011, son tireur, un policier, est toujours en liberté.