Chili : Un leadership discret et puissant
par Anémone C. HUBERT
samedi 10 mars 2012
Daniela fait partie de ces leaders étudiants de l'ombre. Depuis l'explosion du mouvement étudiant chilien en avril 2011, elle a agit avec discrétion. En septembre, elle est élue comme Présidente de la fédération des étudiants de l'Université Centrale du Chili (FEUCEN). Avec l'aide de la fédération, les étudiants ont mené une bataille contre la vente de l'Université. Leur lutte est devenue le symbole de la lutte nationale.
Selon l'étudiante en droit, même si le mouvement étudiant chilien a réussi à mettre sur la table politique la question de l'éducation, il n'a pas réussi à avoir un impact social. La venue de Gabriel Boric à la présidence de la plus grande fédération étudiante du pays, celle de l'Université du Chili (FECh), a été perçue comme une radicalité du mouvement pour 2012. "C'est parce que les étudiants doivent être l'exemple de la vocation transformatrice de cette année et relever le défi d'être radicales dans la largeur et la profondeur de nos revendications qui donneront un nouveau visage à la démocratie du pays et qui permettra de renforcer le mouvement étudiant, explique Daniela. Cela permettra également d'élargir l'arrière d'un mouvement social en cours de construction. Ce qui peut donner corps à de majeurs questionnements en matière de droits sociaux , questionner le système à partir de sa racine, en faisant attention de ne pas tomber dans les forces réformistes cherchant des correctifs pour le système. Nous devons arrêter la progression du capitalisme, en commençant par changer le paradigme existant au Chili." D'où une autocritique procédée au sein des membres de la CONFECH afin d'analyser les erreurs de 2011 et les défis de 2012. "Nous ne sommes pas parvenus à écouter les citoyens qui soutiennent les revendications étudiantes , ayant une cote d'approbation de 80 %, mais ne soutiennent pas la façon dont nous nous mobilisons. Nous avons quelque chose à réévaluer et il faut que nous trouvions de nouvelles façons de nous exprimer . Nous ne pouvons pas nous épuiser dans des marches hebdomadaires." confie la leader étudiante. Dans une interview pour le journal chilien La Nacion, Daniela annonçait l'arrivée forte des universités privées dans le mouvement 2012. "Les universités du secteur privé n'ont pas été des établissements démocratisées. Beaucoup de ses autorités conservent des pratiques non démocratiques afin que les étudiants ne puissent pas se mobiliser." Daniela explique que les étudiants de la U centrale ont dû faire face à l'arrivée des forces de l'ordre. ces dernières avaient été appelés par le Recteur et furent autorisées à employer la force pour déloger les étudiants en grève. "Mais, ces étudiants se sont prononçés et se sont battus , en prenant le défi de se transformer en un acteur important, continue-t-elle. L'entrée des universités privées donnera à la CONFECH un avant et un après. Cela montre que les étudiants laissés de côté par le système (privé ou public) sont tous dans les mêmes problèmes."
Pour Daniela, l'impact qu'a eut le mouvement étudiant à l'étranger n'est pas innocent : " A l'étranger, le Chili est considéré comme un modèle. Or, "la jaguar d'Amérique du Sud" voit monter la lutte pour les droits sociaux. Cela signifie et symbolise une rupture d'un paradigme qui se trouve dans notre société, et cela commence à s'éffriter. Nous avons montré que nous sommes la génération de transition. Le mouvement étudiant doit devenir transcendant et s'allier avec d'autres contestations sociales. Ces mêmes acteurs sociaux doivent se comprendre et construire un pouvoir social d'où nous pouvons décider nos actions entant que société et voir le développement du pays comme un but collectif. Nous devons assumer les difficultés et surmonter les barrières d'un institutionnel excluant et apporter le changement de nos mains". Ces jours-ci, suite à la crise d'Aysén, les dirigeants étudiants ont multipliés les réunions. Daniela, Présidente des étudiants de l'emblématique U centrale , avait bien sûr sa place. Celle qui a travaillé aux côtés de Camila Vallejo, observe la transformation du mouvement étudiant sous la présidence de Gabriel Boric. Nul doute que la lutte des étudiants de l'Université centrale reste encore dans de nombreux esprits comme un exemple fort d'une victoire étudiante contre le profit dans l'éducation au Chili.