Climategate : signification et limites de l’enquête du parlement britannique

par jean-michel Bélouve
jeudi 8 avril 2010

Certains commentateurs de mon dernier article sur la pétition de 400 scientifiques contre Claude Allègre et Vincent Courtillot m’ont reproché de ne pas avoir mentionné les résultats de l’enquête parlementaire britannique sur l’affaire du Climatic Research Unit révélée par ce qu’on a appelé le « climategate ». Le sujet de l’article ne s’y prêtait pas vraiment, mais c’est volontiers que j’aborde aujourd’hui ce sujet, dont on peut tirer plusieurs enseignements.
 
D’abord, il convient de définir les buts et les limites de l’enquête. La Commission qui en était chargée s’est satisfaite de consacrer une journée d’audition aux protagonistes britanniques de l’affaire et à des témoins. Le Parlement n’était investi d’aucune autorité de justice et encore moins de police, ni même de pouvoirs disciplinaires. Le rôle de la Commission était d’informer le Parlement et de faire des recommandations, ce qui fut accompli.
 
La Commission a jugé que la focalisation des griefs sur le Professeur Jones et le CRU n’était pas pertinente. Le refus de communiquer des données et des codes informatiques correspondait à une pratique généralisée au sein de la communauté des climatologues, mais la Commission ajoute qu’il faudrait que ces pratiques changent.
 
Faire de Phil Jones et du CRU des lampistes n’aurait pas été convenable. C’est le fonctionnement même de la climatologie qu’il faut mettre en cause, et sanctionner un directeur et un centre de recherches, en laissant se perpétuer ailleurs des méthodes peu recommandables, aurait été injuste et inefficace.
 
La Commission s’est penchée sur l’e-mail dans lequel Jones utilise les expressions « trick  »(combine, astuce) et « hiding the decline »(cacher le déclin). Ne pouvant déterminer en quoi consistaient l’astuce et le déclin, la Commission a accepté la seule explication qui lui a été fournie, celle de Jones. On peut, à bon droit, supposer que ces mots s’appliquent à des manipulations de données, mais il s’agit de termes trop vagues pour prononcer une condamnation.
 
En fait, le recours au Parlement ne permettait pas de traiter ce qui doit l’être. Les emails ont fait l’objet d’analyses minutieuses par divers spécialistes qui ont publié leurs conclusions. Il apparait clairement que des comportements critiquables au regard de l’épistémologie se sont généralisés chez ceux qui font des recherches financées par fonds publics pour alimenter les travaux du GIEC. Renvoyer Jones pour le remplacer par X n’aurait eu aucun effet. C’est l’organisation globale de la recherche, induite par la mission confiée au GIEC, qui pose problème.
 
La question qu’il faudrait trancher, c’est celle de la pertinence des conclusions de ce Groupe d’experts. Ce sont des audits techniques qu’il convient de diligenter, auprès des différents centres de recherche et au sein du GIEC. Ces audits auraient dû d’ailleurs être systématiques, compte tenu de l’argent public investi dans tous ces travaux, et de l’importance des décisions politiques à prendre. Ce n’est pas la recherche de culpabilités qui importe, mais la vérification de la valeur des travaux réalisés et des rapports qui en découlent.
 
La défiance qui se manifeste aujourd’hui ne peut être dissipée que par une clarification complète de l’état de la science. L’opacité constitue un frein à tout progrès des négociations internationales. Elle ne permet pas la prise de décisions politiques rationnelles. Les gouvernements, bien entendu, ne sont pas dupes, et leur agitation discordante n’est pas causée par la crainte de catastrophes à cinquante ou cent ans d’échéance. Chacun utilise des rapports peu crédibles en fonction d’agendas particuliers. Quant aux citoyens, ils sont désemparés, et perdent toute confiance dans leurs dirigeants.
 

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