Colombie : la deuxième mort du Che

par Alain Hertoghe
lundi 29 mai 2006

La popularité ne dépend pas toujours du charisme. Même dans notre société de l’image omniprésente. Alvaro Uribe, président sortant de la Colombie, l’a prouvé dimanche, en étant réélu triomphalement, avec plus de 60% des suffrages. Un score à peine assombri par un taux d’abstention de 56%, devenu traditionnel dans un pays où le vote n’est pas obligatoire et où les paysans se rendent peu aux urnes.

Les Colombiens n’ont pas plébiscité Alvaro Uribe pour son allure de bureaucrate austère, mais pour sa détermination à mettre fin à la violence politico-criminelle qui dure depuis plus de quarante ans dans ce pays andin. Ce que le président le mieux élu de l’histoire de la Colombie appelle rétablir la sécurité démocratique de ses concitoyens. Durant son premier mandat, le nombre de meurtres et d’enlèvements a baissé considérablement.

En Europe, et tout spécialement en France, la Colombie n’est connue qu’à travers le prisme de la tragique séquestration d’Ingrid Betancourt par la gangsta guérilla des FARC. Très médiatisée, la famille de l’otage franco-colombienne, amie de Dominique de Villepin, renvoie dos à dos les preneurs d’otages et les autorités, accablant tout particulièrement le président Uribe pour son refus de procéder à un échange humanitaire des otages des FARC contre des guérilleros emprisonnés.

De manière révélatrice, en Colombie même, la question des otages n’a pas été abordée pendant la campagne électorale. Les Colombiens n’ont qu’une obsession : la disparition des groupes armés. Et ils ne croient plus qu’en une seule méthode : la mano dura promise et appliquée par leur actuel président. Car toutes les tentatives de conciliation de ses prédécesseurs à la tête de l’Etat ont buté sur l’intransigeance et la duplicité des FARC.

Plus vieille guérilla d’Amérique latine, née en 1964, les Forces armées révolutionnaires de Colombie sont aussi la dernière sérieusement en activité sur le continent. Durant son second mandat, Alvaro Uribe a l’ambition de présider à la disparition des FARC, ces rejetons dépravés de la geste révolutionnaire latino-américaine, inspirée dans les années 1960 par la Révolution cubaine de Fidel Castro et d’Ernesto Che Guevara. Les dernières guérillas dignes de ce nom ont déposé les armes et intégré la vie politique démocratique dans les années 1990, en Amérique centrale.

Son compagnon d’armes dictateur à Cuba ; ses derniers émules terroristes dans la jungle colombienne : El Che n’est plus qu’une îcone désincarnée pour amateurs d’images d’Epinal imprimées sur tee-shirts et posters...


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