Comment éviter le bain de sang au Kurdistan ?

par REMY Ronald
vendredi 2 mars 2018

40 jours de honte de la France, de l’Europe et de l’Occident depuis le début de l’invasion de la province d’Afrine par les blindés d’Erdogan. 40 jours de bombardement ininterrompu subis par 800.000 habitants, dont la moitié de réfugiés syriens. Au prétexte de roquettes envoyées par les kurdes (en réalité une provocation organisée par les services secrets turcs, comme du temps des Sudètes et de Dantsig en 1938), les blindés turcs ont envahis le Nord de la Syrie le 20 janvier 2018. Sans mandat de l’ONU, sans autorisation du gouvernement Syrien qui a officiellement protesté auprès des Nations Unis. Erdogan réclame officiellement une zone de contrôle profonde de 30 Km le long de la frontière Turco-kurde de 950 Km, afin d’y extirper les forces kurdes et de les remplacer par une partie des réfugiés se trouvant en Turquie. Malgré le vote à l’unanimité par le Parlement Européen (condamnant à la fois la violation des droits de l’Homme en Turquie et ce démentiel projet officiel de nettoyage ethnique pro charia dans le Nord de la Syrie), Emmanuel Macron a déclaré « comprendre » la Turquie en lui demandant « en même temps » de la « retenue ». Que contient ce curieux concept de « compréhension » face à une invasion brutale violant toutes les lois internationales ? Que contient cette notion soit disant conditionnelle de « retenue » ? Pour la diplomatie française ayant perdu la face au Parlement Européen, à quel endroit (négocié en secret ?) les chars d’Erdogan doivent-ils s’arrêter ? De quelle manière « retenue » les mercenaires djihadistes enrôlés par Erdogan peuvent-ils faire le sale travail de nettoyage (de curetage) local après chaque bombardement ? De quelle façon les patriotes kurdes défendant pied à pied leur terre ancestrale, doivent ils combattre avec « retenue » ? 

Pour Emmanuel Macron et l'ensemble des marcheurs, combien de villages kurdes Erdogan a-t-il déjà rasé et combien peut-il encore en détruire avec « retenue ». Nous attendons les photos aériennes et satellites expressément demandées dans le précédent article sur les bourgades kurdes saccagées par l’avancée du tapis de bombes turc. Pourquoi Emmanuel Macron demande immédiatement à l’ONU, trois jours après le début des bombardements du gouvernement syrien, un cesser le feu sur la Ghouta (enclave rebelle djihadiste de 400.000 habitants près de Damas), en se « retenant » pendant 5 semaines de réclamer la cessation des bombardements turco-djihadiste sur la zone de Safrine pourtant plus grande et plus peuplée ? Pas une ligne à ce sujet non plus dans le texte voté au Conseil de Sécurité par la France, la Russie, la Grande Bretagne, les USA et la Chine. Pourquoi cette immorale, injuste et étrange « retenue » protestataire ? Quand allons-nous cesser de marcher sur la tête diplomatiquement ? (Il est vrai qu’on le fait déjà largement en haut lieu avec l’aveugle –ou intéressé— soutien aux banques dérégulées voyous).

 

Quelles solutions matérielles et diplomatiques envisageables pour « retenir » enfin les actions de dévastations du dictateur fou et criminel pro charia Erdogan ? 

 

Va-t-on accepter sans rien dire le sanglant rouleau compresseur turc sur toute la frontière syro-kurde ? Va-t-on accepter cet effroyable nouveau et long Vietnam au Kurdistan ? (ce qui embrasera de facto toute les régions contenant des kurdes, y compris en Turquie).

 

Va-t-on acceptant une nouvelle avancée des forces turco-djihadistes vers le sud, permettant au islamistes et à DAECH de recevoir à nouveau des armes, des munitions et des renforts en soldats d’Allah ? (ce qui relancera la guerre en Syrie pour plusieurs décennies).

 

Laisserons nous certaines puissances extérieures tirer les ficelles, attiser les haines et alimenter la guerre ?

 

Ou bien va-t-on trouver les moyens diplomatiques et matériels de calmer le fou furieux Erdogan ? (qui n’avait cessé de trahir l’ONU et l’OTAN pendant des années en armant ses propres mercenaires djihadistes et en soutenant quasi ouvertement DAECH)

 

Va-t-on rechercher et trouver une solution constitutionnelle acceptable par tous les partis Syriens ? 

 

Va-t-on proposer en échange un nouveau plan Marshall de reconstruction avec plein d’emplois et de « responsabilités » à la clé pour inciter les factions à s’entendre ? 

 

Pour éviter le génocide culturel voire physique contenu dans le projet guerrier d’Erdogan, devons-nous armer les kurdes ? Quand ? Dans 2 ans ou 20 ans ?

 

Pour inciter la Turquie à revenir sagement dans ses frontières, devons-nous établir une liste de sanctions économiques ? Seront-elles vraiment utiles ?

 

L’aveuglement ou la destruction des radars et missiles sol air russes et américains aux mains des turcs peut-il être un geste militaire d’avertissement compréhensible par Erdogan ? Comment ? La tactique « mongole » dans le cadre d’une opération aérienne soigneusement préparée intitulée « Ourga » ? La Russie va-t-elle s’y opposer militairement avec ses propres missiles sol air et sa propre aviation ? N’y aura-t-il pas un danger de grave escalade internationale ? La Russie sera-t-elle capable de financer une politique de réarmement massif avec son économie retardée parce que gangrenée par la corruption et les mafias ? Les pays d'Europe accepteront-ils de doubler le budget de défense ?

 

Les internautes de tous pays gagneraient à largement diffuser ces questions et ce débat. Sussiter une réaction populaire générale, internationale et massive pourrait « retenir » l’action criminelle d’Erdogan et d’un grand nombre de gouvernements incroyablement complices dans cette boucherie syrienne (ainsi que dans tous les autres foyers de guerre). Refusez l’argument du « confidentiel défense » qui permet d’occulter d’ignobles accords militaires et diplomatiques. Refusez le blocage direct ou indirect des débats. Seule une large transparence et une intense web-communication pourrait éblouir et faire reculer petit à petit les forces de la mort dans chaque dictature ou « démocrature ». Pour ces dernières, bien que ce sera très difficile à causes des mesures tyranniques officielles ou cachées, nous ne devons pas sous estimer l’influence de leurs prochain calendriers électoraux… Quant aux complètes dictatures, qu’il leur soit répété qu’aucune n’est éternelle. Elles se sont toutes très mal terminées. En préambule, suite au spectaculaire vote unanime du parlement Européen, nous devrions mobiliser la cour de justice européenne (puisque la Turquie est encore membre du Conseil de l’Europe) et la cour internationale de justice dès maintenant (pièces et photos à l’appui). Elles devraient s’activer médiatiquement et devenir suffisamment menaçantes pour faire réfléchir Erdogan (et tous les futurs Erdogan de la Terre).

 

Carte de la situation militaire à AFRINE au 2 Mars 2018

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