Comment l’Amérique s’oriente vers la dictature

par Dominique Larchey-Wendling
mardi 15 mai 2007

Je propose ici une traduction de l’article « America’s Coming Dictatorship » de Justin Raimondo. Cet auteur est un libertaire américain, éditeur du site Antiwar.com. Dans cet essai, il décortique la mécanique du déclin de la démocratie américaine, mise en oeuvre par une élite autoproclamée dont la raison d’être est devenue la sauvegarde d’un empire. Comme l’écrivait fort justement Zbigniew Brzezinski, « la démocratie est antagoniste de la mobilisation impériale. » Le mantien de l’empire doit-il aller jusqu’au sacrifice de la liberté républicaine telle qu’elle est définie par la Constitution américaine ? Telle est la question fondamentale à laquelle fait aujourd’hui face le peuple américain et son choix - si toutefois il lui reste encore la force de l’imposer - déterminera certainement l’avenir des hommes dans ce XXIe siècle qui s’ouvre sur des perspectives aussi graves que celles de celui qui l’a précédé.

La marche de l’Amérique vers la dictature
Théorie et pratique du "conservatisme" oligarchique Justin Raimondo, Article original en anglais

La guerre en Irak et la question ses motivations a suscité de l’intérêt pour un certain nombre de sujets qui étaient jusqu’alors considérés comme obscurs et dont l’évocation était autrefois limitée à de rares cercles académiques et journaux spécialisés. Parmi ces sujets, on trouvera la notion de néoconservatisme, la théorie de la guerre juste, et de manière plus surprenante, les théories de Léo Strauss, le pendant philosophique d’un machiavélisme cynique qui promeut l’idée du "mensonge noble." Alors que le désastre Irakien se matérialisait, des sujets autrefois considérés comme abscons se sont immiscés dans les articles de la presse populaire, au point où nous fûmes un jour instruits d’une longue explication des doctrines de Strauss dans les colonnes du New York Times.

Ainsi que l’a écrit Jeet Heer dans le Boston Globe,

"Aussi curieux que cela paraisse, nous vivons dans un monde de plus en plus façonné par les idées de Léo Strauss, un philosophe controversé qui mourut en 1973. Bien qu’il soit inconnu du grand public, Strauss fait partie des deux ou trois intellectuels les plus influents de la vision conservatrice du monde qui domine Washington sous le règne de George W. Bush. L’envie de décrypter la pensée de la maison blanche a conduit les éditeurs du New York Times et du journal Le Monde à plonger des journalistes dans les travaux de Strauss et à pister ses disciples dans les cercles du pouvoirs. Le New Yorker a même trouvé un contingent de Straussiens affecté à des missions de renseignement au Pentagone."

Cet intérêt soudain fut initié par le constat d’un nombre anormalement élevé de Straussiens ayant trouvé une place à proximité des centres de pouvoir à Washington — un nombre extraordinaire d’étudiants de Strauss (ou de ses disciples les plus en vue) étant employés à l’intérieur et aux alentours de l’administration Bush, en particulier aux postes clefs de la bureaucratie de la sécurité nationale. Comme l’a fait remarquer William Pfaff, il inclut alors "le sous secrétaire à la défense Paul Wolfowitz, Abram Shulsky de l’office de plan spéciaux du Pentagone, Richard Perle conseillé spécial du Pentagone, Elliott Abrams du conseil national de sécurité, ainsi que les auteurs Robert Kagan et William Kristol."

Il est facile de comprendre comment le concept de "mensonge noble" s’inscrit naturellement dans la conception néoconservatrice, et la course vers la guerre d’Irak constitue sans doute un cas d’école d’implantation de la méthode Straussienne : une élite éclairée manipule l’opinion du public dans le but de le conduire à une action qui, en fin de compte, doit être menée pour son propre bien. Dans le cas de l’Irak, on nous a menti dans le but d’envahir et d’occuper ce pays, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec les "armes de destruction massive" ou les liens prétendus entre Saddam, Al Qaida et les attaques du 11 septembre, deux affirmations dont les promoteurs savaient qu’elles étaient mensongères, et qu’ils n’ont pourtant eu de cesse de réitérer.

Alors que nous sommes aujourd’hui dans un état de guerre permanent, c’est à dire une atmosphère idéale au développement des théories d’un Straussien (ou de tout autre personnage autoritaire,) il est temps pour le Parti de la Guerre d’affirmer franchement sa théorie de la gouvernance, qui en temps normal serait maquillée sous les termes de "la paix par la force," mais qui aujourd’hui s’affiche sous les traits de "la paix par la dictature." En plus de rationaliser les pratiques d’un régime fondé sur le mensonge, la méthode Straussienne et la philosophie qui l’accompagne ont d’autres utilités. Harvey Mansfield, une figure Straussienne, professeur de la gouvernance à l’université de Harvard, démontre son utilité comme promoteur de l’autorité du régime, et plus particulièrement de la prééminence de l’exécutif sur les autres branches du gouvernement en temps de guerre. Mansfield "plaide en faveur d’un exécutif fort" dans les colonnes du Wall Street Journal, et il y développe un argumentaire fondateur du modèle de dictature dont j’ai parlé l’autre jour.

Mansfield commence par un panégyrique sur la compréhension incorrecte mais malheureusement presque universelle de la Constitution comme un document "souple," d’où il résulte la notion de "Constitution vivante," un de ces clichés que presque personne ne pense jamais à contester — sauf quand il est trop tard. C’est à dire, lorsque les tanks sont déjà en train de circuler dans les rues...

Regardez : il n’y a rien de "souple" dans la Constitution. Elle signifie très exactement ce qu’elle affirme, et son texte n’est en aucun cas obscur ou même complexe. Je noterai en plus qu’à chaque fois que quelqu’un essaye de nous priver de certaines de nos libertés, ou encore de contourner d’une certaine manière les pleines intentions des pères fondateurs [Ndt : de l’Amérique,] il préface invariablement ces intentions d’une ode à la "souplesse" de la Constitution. Balivernes ! Les pères fondateurs pensaient ce qu’ils ont dit, et ont dit ce qu’ils pensaient dans un anglais simple et compréhensible, une langue que même un professeur de Harvard peut comprendre. Ainsi, après examen de l’argumentaire de Mansfield en faveur d’une dictature de l’exécutif — et il est indubitable que telle est son intention — nous pouvons observer la vieille méthode Straussienne de "réinterprétation" des claires intentions de l’auteur pour les détourner en leur exact contraire.

Il semble au premier abord que les pères fondateurs, des révolutionnaires, et mêmes libertaires par certains aspects (sauf pour Hamilton,) avaient l’intention de fonder une république d’hommes libres, c’est à dire une forme de gouvernement constitutionnellement limité et qui n’avait certainement rien à voir avec le royalisme contre lequel ils venaient de se rebeller. Certes, mais un Straussien est capable d’y lire des messages "cachés" qui restent invisibles aux autres, et Mansfield y détecte une contradiction interne, un lien délibéré entre "le règne d’un seul homme" et l’esprit républicain qui imprègne la Constitution, vous l’aurez compris, d’une teinte d’autoritarisme :

"Il apparaît que la règle de la loi présente deux faiblesses, toutes les deux suggérant le besoin du règne d’un seul homme. La première est que la loi restera toujours imparfaite par sa vocation d’universalité, constituant ainsi une solution médiane même dans le meilleur des cas, qui reste inférieure à la clairvoyance d’un homme avisé, capable de juger des circonstances particulières. Cette faiblesse est discutée par Aristote dans le fameux passage de sa `Politique’ lorsqu’il se demande `s’il est plus avantageux d’être commandé par le meilleur des hommes ou par les meilleures lois.’

"L’autre faiblesse consiste en l’incapacité de la loi à se faire obéir par elle même ... Une police est obligatoire, et les maîtres de la police sont dans l’obligation de mettre en oeuvre la volonté [Ndt : `energy’ est terme utilisé par Alexander Hamilton] en plus de la raison. Il est illusoire de penser que les gouvernements puissent montrer leur volonté sans jamais recourir à l’usage de la force".

"La meilleure source de volonté se trouve être la même que la meilleure source de raison - un seul homme. Un seul homme, ou pour reprendre l’expression de Machiavel, uno solo, constituera la meilleure source de volonté s’il considère nécessaire le maintien de son propre pouvoir. Un tel individu aura la plus grande détermination à rester vigilant, et tout à la fois cruel ou charitable dans d’équitables proportions. Nous sommes en train d’évoquer le prince de Machiavel, l’homme qu’il s’oublia quelquefois à qualifier de tyran."

Tel est le sujet abordé par Mansfield dans son livre, Taming The Prince, dans lequel il affirme que la conception moderne de l’exécutif est simplement le vieux portrait aristotélicien du personnage royal qui personnifie le droit du plus fort à régner sur le plus faible. Notre incapacité actuelle à reconnaitre ouvertement cet héritage ancestral nous conduit à l’habiller de la mythologie de la Constitution. Nous couvrons une réalité royaliste des atours du républicanisme et promouvons le mythe d’un exécutif au service du peuple. "Les pères fondateurs de l’Amérique" avaient une autre idée en tête, affirme Mansfield, parce qu’ils

"étaient conscients de ces deux faiblesses de la règle de la loi lorsqu’il ont créé la présidence. Le président sera la source de volonté du gouvernement, c’est à dire dans l’administration du gouvernement, la volonté étant un terme neutre qui recouvre à la fois la vertu discrétionnaire aristotélicienne et la tyrannie de Machiavel — notions que seul un parti-pris peut distinguer."

Tyrannie ou vertu discrétionnaire, peu importe. Il s’agit là d’une question partisane, totalement subjective. En tous cas, le culte de Strauss se fonde sur le culte du leader, ou de "l’homme avisé," ainsi que le présente Mansfield, le uno solo qui voit plus loin que ce que les citoyens ordinaires peuvent percevoir. Bien sûr, il est conduit par la volonté acharnée d’affirmer et de maintenir son propre pouvoir, mais c’est dans ce caractère impitoyable que la république puise sa "volonté" et sa capacité à survivre à sa fragilité inhérente.

"Un gouvernement libre" affirme Mansfield, "devrait montrer son respect pour la liberté même lorsqu’il est conduit à en priver ses citoyens." Ce petit aphorisme, méritant d’être gravé dans le marbre de la pierre tombale de la république américaine, résume presque parfaitement le ton et le contenu du panégyrique de Mansfield à la "grandeur" de la présidence, et à la nécessaire "extension" de son pouvoir en temps de guerre — ce qui signifie, dans le lexique des néoconservateurs, à partir de maintenant.

Les droits ne sont pas inhérents, dans l’univers de Strauss et Mansfield, mais purement conditionnés, et notre condition actuelle ne nous permet pas de nous payer ce luxe. D’après Mansfield :

"À notre époque ... l’opinion que les libertés civiles doivent rester intactes quelles que soient les circonstances a émergé dans les cercles progressistes. Cette opinion admet comme principe que les libertés civiles ont le statut de libertés naturelles et sont inaliénables. Ceci signifie que la Constitution possède le statut de ce qui était appelé au 17ième siècle, la loi publique naturelle ; elle est aussi naturelle que l’état de la nature duquel elle émerge. Dans cette conception, la liberté n’a qu’un seul ensemble de loi et d’institutions susceptibles de la protéger et elles doivent rester inviolées sauf à remettre en cause la liberté elle-même".

"Mais Locke était un libéral plus avisé. Ses institutions ont été `constituées’ moins par création que par modification des institutions anglaises existantes, et non pas déduites des conséquences invariables du désordre de l’état de la nature. Il reconnaissait la différence, ainsi que les autres Américains de l’époque, entre les libertés naturelles, inaliénables mais peu sécurisantes, et les libertés civiles, plus sécurisantes mais modifiables. Parce les libertés civiles sont assujetties aux circonstances, une constitution libre a besoin d’une institution qui puisse répondre à ces circonstances, un exécutif capable d’être fort lorsque c’est nécessaire."

Je ne vais pas me lancer dans une contestation de la réinterprétation de la position de Locke sur les droits naturels, si ce n’est qu’elle décrit un Locke étrange, en renversant la défense par le philosophe des notions de droits naturels et de gouvernements limités, pour pratiquement parvenir à un manifeste en faveur d’un super-centralisme qui ferait reculer d’horreur ce libéral du 17ième siècle. Voilà un exemple typique de la méthode Straussienne.

En laissant Locke de côté, intéressons nous de plus près à la théorie Mansfieldienne de "libertés civiles" pour toujours "contraintes par les circonstances" — tout comme celle de notre Constitution souple et bien-sûr celle "sécurisante mais modifiable" de la Déclaration des Droits. Dans le monde étrange de Mansfield de la "liberté" parfaite, où "un gouvernement libre doit montrer son respect pour la liberté même lorsqu’il lui est nécessaire de la reprendre à ses citoyens," il n’existe pas de droit à la liberté d’expression, pas de droit de se rassembler, et en fait pas de droit du tout, même celui de la propriété : toutes ces notions ne sont simplement que des privilèges temporaires, et sont éthérées en temps de guerre. Des droits inaliénables ? Sauf si le président en décide autrement.

Il ne s’agit rien de moins que d’un argumentaire visant à légitimer la dictature. C’est de l’autoritarisme déguisé en un verbiage "américanisant," une prescription pour le fascisme aussi surement que les déclamations d’Alfred Rosenberg ou les polémiques de Robert Brassillach. Ainsi que John T. Flynn, le libéral converti à la `vieille droite’ conservatrice et opposé au New Deal l’affirmait :

"Lorsque le fascisme arrivera, il n’aura pas la forme d’un mouvement anti-Américain ou celle d’une apologie de l’Hitlerisme, pratiquant la déloyauté. Il ne prendra pas non plus la forme d’une croisade contre la guerre. Il apparaitra sous les atours lumineux d’un patriotisme enflammé ; il prendra des formes et des couleurs authentiquement ingénues, et se propagera uniquement parce que ses leaders, encore invisibles, sauront identifier les grandes aspirations, désirs et pensées de l’opinion publique et sauront attirer sous leur bannière les leaders qui commandent aux minorités influentes de la vie publique américaine. Le danger ne se situe pas tellement dans les führers en devenir qui pourraient émerger, mais dans la présence en notre sein de certaines aspirations profondes d’espoirs, d’appétits et d’opinions. La guerre contre le fascisme doit commencer à partir de là."

Flynn, l’un des opposants les plus virulents à Franklin Delano Roosevelt, a écrit ces mots dans As we go marching, son réquisitoire contre une Amérique d’après-guerre ayant combattu le national-socialisme — et commençant à combattre le soviétisme totalitaire au moment où le livre a été publié — mais, il le craignait, qui perdrait son combat interne contre un autoritarisme naissant. Flynn définissait le fascisme comme l’émergence de l’état providence et guerrier, fondé sur le principe des gouvernements tentaculaires en interne et du militarisme à l’étranger. "Tout d’abord, posons nous la question de la définition du fascisme," écrivait-il :

"Il s’agit, pour le dire simplement, d’un système d’organisation sociale dans lequel la politique de l’état est conduite par une dictature fondée sur une élite politique et dans laquelle le système économique est un capitalisme oligarchique, fermé et planifié, où le gouvernement assume la responsabilité de la création du pouvoir d’achat par l’instrumentalisation de la dette publique nationale et où le militarisme est adopté comme un grand projet économique visant à créer des emplois autant qu’un grand projet romantique au service de l’état impérial."

Quelle anticipation presque parfaite de notre situation actuelle ! Comment ne pas imaginer qu’il ait dû le voir en rêve. Alors même qu’une guerre impopulaire approche de son crescendo horrifiant, et que le président proclame son "droit" de la mener en défiance avec le congrès et la volonté populaire, les théoriciens de nouveau fascisme — que Lew Rockwell qualifie de manière incisive de "fascisme rouge" — se voient offrir de larges espaces sur les pages éditoriales du War Street Journal pour défendre leur point de vue. Les masses seraient-elles en train d’affirmer un mécontentement croissant envers la "sagesse" de leurs dirigeants, qui ne sont, après tout et par définition, que les meilleurs d’entre eux ? Et bien dans ce cas, nous n’avons qu’à donner au président les pouvoirs d’un roi, de sorte qu’il puisse ignorer les "illusions temporaires" du peuple, ainsi que l’affirme Mansfield — telles que par exemple, "l’illusion" que nous ne pouvons pas gagner la guerre en Irak, et que de toutes façons, nous n’aurions jamais dû nous y rendre — pour laisser notre glorieux leader et commandant en chef s’occuper de ce travail. Ceci affirme Mansfield, constitue la vraie "grandeur." Bien évidement, il rappelle l’esprit de Franklin Delano Roosevelt, parmi d’autres (Lincoln, le grand "émancipateur," qui emprisonnait ses opposants et interdisait des journaux pour des propos "séditieux," reçoit lui aussi la forte approbation de Mansfield.)

Ce qui est étrange, c’est qu’à la fois Flynn et Mansfield soient considérés comme des conservateurs, des hommes de la Droite — pour autant, leurs prises de positions politiques et morales ne pourraient être plus opposées. De quelle espèce de "conservatisme" s’agit-il que celui qui exalte le principe du chef, n’a que dédain pour la Constitution et le concept de "droit" inaliénable, et appelle ouvertement à une direction autoritaire en cas "d’urgence" ?

Aujourd’hui, nous contemplons un "conservateur" ostensible, Thomas Sowell, se languissant d’un coup d’état militaire dans les colonnes du National Review, et dans le même magazine, le colonel "Buzz" Patterson, auteur de War Crimes : The Left’s Campaign to Destroy Our Military and Lose the War on Terror, émettre l’avis que le parti Démocrate, et plus particulièrement sa branche du congrès, sont légalement coupables de "trahison," et devraient être immédiatement punis pour ce crime. Mansfield avance sa théorie, alors que Sowell et Patterson — accompagnés des Anne Coulter et des David Horowitz d’un mouvement "conservateur" néoconnisé — montrent l’exemple pratique de la politique des fascistes rouges. La Droite américaine est aujourd’hui très éloignée de La Conscience d’un Conservateur.

Les bases légales du nouvel autoritarisme — le "Patriot Act," le Military Commissions Act, la croissance de l’état policier — sont soutenues par la théorie de Mansfield sur la suprématie de la présidence et le concept de "présidence unitaire" — en clair, le principe du chef, qui est la pierre angulaire du fascisme moderne.

Centrée sur l’impérialisme et le mouvement qui vise à imposer son système sur presque toute la Terre, cette idéologie "volontariste" utilise la centralisation économique et administrative qui constitue la marque de fabrique du "libéralisme" américain moderne, et le militarisme et l’impérialisme caractéristiques du "conservatisme" moderne, dans une synthèse parfaite de la "gauche" et de la "droite" qui satisfait tout le monde et ne laisse aux dissidents que les espaces marginaux de "l’ultra gauche" et de "l’ultra droite". C’est ainsi que nos fascistes modernes peuvent, non sans raisons, se qualifier eux-mêmes de "centristes", voire de "modérés."

Dans le monde étrange dans lequel nous sommes entrés après le 11-Septembre - lorsqu’un accident de l’espace-temps causé par le pouvoir explosif des impacts des avions sur les tours du World Trade Center nous a poussés vers une autre dimension - qui pourrait leur dénier cette autoqualification ? Après tout, dans ce monde étrange, le haut est en bas, la vérité est mensonge, et la "démocratie" signifie le règne d’une élite autoproclamée. Un Straussien est tout à fait à l’aise avec ces inversions universelles : pour le reste d’entre nous, il faudra juste nous y habituer.


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