Côte-d’Ivoire : La communauté internationale élève Gbagbo au rang de martyr

par Aimé Mathurin Moussy
mercredi 8 décembre 2010

DROITS DE POUVOIR

En lisant les dernières dépêches, j’ai découvert que la CEDEAO a reconnu Ouattara vainqueur et a exclu la Côte-d’Ivoire. Cette décision loin de m’effrayer, m’a plutôt conforter dans l’idée que je me faisais de ces morgues, appelées communautés d’intérêts économiques et politiques.
Laurent Gbagbo ne fait pas partie des grands hommes politiques africains, parrainés par des écuries européennes : partis politiques et diverses obédiences occultes , c’est peu de le dire.
Si l’argent est le nerf de la guerre, les avoirs de ses concurrents et leurs carnets d’adresses, militent plus en leur faveur, que leurs auras ou leurs projets de société.

Bedié 76 ans, fut ministre, président de l’Assemblée nationale du défunt président Houphouet Boigny et par la suite président de la République ivoirienne ; Alassanne Ouattara 72 ans, représentant de la Haute Volta, actuel Burkina, au sein des institutions financières internationales, et par la suite, premier ministre du même Houphouet. Ce sont en effet, les hommes des réseaux français en Afrique. La preuve, lors du deuil d’Houphouet, un mini sommet France-Afrique, avait été initié lors de ses obsèques , pour redistribuer les rôles aux politiques africains présents. Ceci démontre bien que, pour la droite française, la Côte-d’ivoire , c’est sa « chose ».Ces deux hommes politiques, qui étaient partie prenante à ce sommet, au sens propre du terme, ne sont pas du vin nouveau. C’est du vieux vin, qui veut se recycler dans de nouvelles outres. Par ailleurs,ils sont comptables du passif de la Côte-d’Ivoire. Si ce n’est au même titre que Gbagbo, voire même, plus que lui.

Lors de ces joutes politiciennes, Gbagbo est présenté, comme l’empêcheur de tourner en rond, le poucet dans la forêt des éléphants. Cela est d’autant évident que, les avoirs de Gbagbo ressemblent à une aumône dans le concert de cette présidentielle. Son aura est réduite en peau de chagrin, parce qu’il n’est ni ancien collègue de Strauss Kahn au FMI, ni ancien ministre sous la droite coloniale, encore moins un idolâtre des Américains. La droite est aux affaires, et lui, est un homme de gauche. Donc, il a 98 fois moins de chance que ses adversaires mondialisés, et copains des puissants de la terre. Dans cette ligue du pouvoir, Gbagbo, c’est le villageois qui court pied nu, et fait des exploits à la Jesse Owen, et les autres courent avec des chaussures Nike et autres enseignes prestigieuses, mais patinent.

LA FELONIE ET LE MENSONGE

Comment Gbagbo ne va-t-il captiver une certaine classe de progressistes africains ? Il suscite l’adhésion populaire, car, il est le représentant des laissés-pour-compte. Il est à l’image de cette vieille garde nationaliste africaine qui fut jadis incarnée par les Lumumba, N’krumah,Amilcar Cabral, jetée en pâture et assassinée par les faucons du colonialisme. En somme, Gbagbo est le Ghandhi des temps modernes.

On peut aussi comprendre que, Ouattara et Bedié étant riches et puissants, ont tous les médias capitalistes et mondialisés à leur portée et peuvent à force de publicité même barbare, jouir d’un espace de propagande aux effets dévastateurs. Car, on ne saurait comprendre que , devant les caméras du monde entier, on voit des miliciens armés acquis aux Ouattara, parader et être interviewés au nez et à la barbe de l’Onu . Il paraît curieux que, au lieu de privilégier les voies du droit, l’opinion internationale valide une élection, sans s’en référer aux institutions en place. Si ce n’est le hold-up, le mépris, ou l’assimilation, comment qualifier cette attitude ?

Si ce n’est un complot international, comment cette opinion internationale, qui condamne Gbagbo, valide-t-elle l’élection d’un Moubarak, Compaoré, Faure Eyadéma, avec la mise au ban de tous leurs opposants respectifs ?

Pourquoi Ouattara, si légaliste et pacifiste n’a-t-il pas épuiser les voies de recours juridiques dont jouissent les institutions de son pays et par la suite se tourner vers la communauté internationale ?

J’ai entendu , et pas de la bouche des moindres, dire que la CEI a déclaré Ouattara vainqueur. Est-ce la CEI qui valide les élections ? C’est comme si en France on enlevait au Conseil Constitutionnel son pouvoir de valider ou invalider les comptes de campagnes...

Par la suite, les procès verbaux ont-ils été validés par tous membres-ce qui a entraîné les disputes des différents devant les cameras, c’est cette image que Ouattara brandit- ? C’est comme si dans l’Europe des 27, un État s’oppose à décision commune ; comme par exemple l’adhésion de la Turquie. Automatiquement, l’adhésion de la Turquie sera invalidée. C’est ce qui s’est passé au niveau de la CEI, selon ses propres règlements. Par conséquent ce litige, opposant les différents membres, seule la juridiction compétente, en l’occurrence le Conseil Constitutionnel avait les compétences de trancher.

La CEI proclame-t-elle les résultats définitifs ou c’est du ressort du Conseil Constitutionnel ?

Si Ouattara dit que ces institutions sont partiales, devant lesquelles auraient-il voulu être investi ? S’il dit que c’est Gbagbo qui a nommé tous ces hauts responsables. D’accord, nous le lui concédons ! Si nous suivons sa logique et celle de la communauté internationale, il aurait nommé d’autres dignes représentants au Conseil Constitutionnel. Une question me taraude l’esprit avant son investiture ou après ? En suivant le raisonnement de ces érudits du droit et de la gouvernance, je reste sur ma faim...

Dans mes pérégrinations à la recherche du savoir, on m’a appris qu’un démocrate s’incline devant une décision de justice, quitte à se pourvoir en appel. Comment celui qui voudrait être le gardien de la loi suprême,peut-il être obsédé par la filouterie ? D’une chose l’une, soit Ouattara vu son âge avancé est gâteux, soit c’est un fieffé démagogue !

Enfin quand des illuminés comme Sarkozy, condamnent Gbagbo d’avoir nommé ses amis au Conseil constitutionnel. Pourrait-il contester que les institutions des colonies françaises, sont un copié-collé de celles de la France ? Dans la Vème République qui nomme les membres Conseil Constitutionnel ? De De Gaulle à Chirac quelles ont été les tendances du Conseil Constitutionnel ?N’est-ce pas que les nominations dans cette institution, ont toujours été le reflet de la tendance du président en exercice ? Tous les présidents n’ont-ils pas placer leurs proches ?

Le malheur de ces faucons du colonialisme, c’est que beaucoup d’Africains, ont fait des études,ont voyagé et sont cultivés, les recettes préfabriquées ne passent plus au XXIème siècle.

Aimé Mathurin Moussy


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