Côte d’Ivoire : vive le Conseil Gbagbotutionnel !
par Allain Jules
jeudi 9 décembre 2010
Le Conseil constitutionnel ivoirien, au temps pour moi, le Conseil Gbagbotutionnel du Plateau, serait donc le nec plus ultra, le must, la quintessence même de la démocratie ivoirienne. De quoi parlons-nous au juste ? Est-ce qu’il s’agit de l’énergumène qui s’accroche au pouvoir comme une huître à son rocher, et qui en dix ans, n’a rien fait pour son peuple sinon semer la haine entre Ivoiriens en faisant semblant d’apporter la paix ? Le Conseil constitutionnel ivoirien a fait fort, c’est le moins qu’on puisse dire.
La forme olympique de ses membres est à saluer. Eux, au moins, ne sont pas grabataires, avec une moyenne d’âge de 60 ans. Quelle santé ! Figurez-vous que ses 7 membres -en excluant Henri Konan Bédié qui n’a pas assisté à ce travail titanesque des 6 membres restants-, ont même surpassé Hercule. Ces génies de la forêt ont, en moins de 24h, parcouru, lu et vérifié, avec maestria, la quasi totalité des Procès verbaux, soit 20 000, que l’ONUCI (Opérations des Nations Unies en Côte d’Ivoire) et la CEI (Commission électorale indépendante) ont mis 4 jours à éplucher, avant de proclamer les résultats du grand manitou d’Abidjan, Laurent Gbagbo, qui n’a plus rien à envier à Mobutu et ses pairs de triste mémoire.
Le plan savamment préparé par le clan Gbagbo avait poussé Pascal Affi Nguessan, son directeur de campagne, à lancer des cris d’orfraie dès la sortie des urnes, accusant de tricherie ses adversaires dans ....4 préfectures. Mais, après s’être limité aux 4, le Conseil Gbagbotutionnel se rendit compte qu’Alassane Ouattara faisait toujours la course en tête. Par une voltige dont ils ont le secret, prenant les Ivoiriens comme une tribu paléonégritique (celle des “ hommes nus ”) ont alors rajouté 3 autres préfectures, avec brio. Le tour était joué : Ainsi, le président sortant s’en sortait avec un maigre 51% des suffrages. Comment quelqu’un aussi mal élu peut parler alors d’ingérence ?
Mais, il y a pire. Personne ne s’est posé la question de savoir ce que cachait réellement le Conseil Gbagbotutionnel. Ses membres avaient-ils pris connaissance de l’article 64 du code électoral de Cote d’Ivoire ?C’est hallucinant de découvrir tout ça.
Art 64. - Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection.
La date du nouveau scrutin est fixée par décret en Conseil des ministres sur proposition de la Commission chargée des élections.
Le scrutin a lieu au plus tard quarante cinq jours à compter de la date de la décision du Conseil constitutionnel.
Visiblement donc, le Conseil qui ferait force de loi a outrepassé ladite loi, en l’espèce, en validant cette élection entachée d’irrégularités. Il fallait couronner Ubu roi, bien sûr, celui-là qui fait et défait les membres du Conseil. Une petite visite dans cette institution gbagboïste et vous découvrez facilement le pot aux roses. Tous ses membres sont issus du parti du président autoproclamé, le Front populaire ivoirien (FPI). Cette situation facilite donc le maintien au pouvoir de Gbagbo à l’issue de l’élection présidentielle de 2010. Cherchez l’erreur.
Par le mode de désignation de ses membres, le Conseil gbagbotutionnel est et sera toujours acquis au chef qui nomme trois de ses membres. Ensuite, le président de l’Assemblée Nationale, Mamadou Koulibaly, membre du FPI lui aussi, en nomme trois autres. Quant aux anciens présidents, ils sont de facto membres, à vie. C’est le cas d’Henri Konan Bédié.
Alors, jouer à la victime, faire croire aux uns et aux autres que l’étranger veut déstabiliser la Côte d’Ivoire, c’est se moquer du monde. C’est vrai que, d’un côté, les sorties hasardeuses d’un Sarkozy ne créent pas les conditions sine qua non pour régler ce problème. Aux dernières nouvelles, il se peut qu’un contingent de l’armée angolaise est arrivé à Abidjan pour protéger Laurent Gbagbo. De quoi a-t-il peur ? Selon encore les mêmes sources, ces militaires seraient venus simplement pour l’exfiltrer vers l’Angola. Info ou intox ?
Vive le Conseil Gbagbotutionnel !