Crash de l’A 310 au large des Comores : A qui la faute ?

par TSAKADI Komi
lundi 6 juillet 2009

Le crash de l’Airbus 310 de la compagnie aérienne Yemenia en mer près des côtes comoriennes, le 30 juin dernier avec 153 personnes dont une seule survivante est un accident qui continue de susciter la polémique sur le contrôle des avions et des accusations.

Les Comoriens de France continuent de manifester leur colère contre les « vols-poubelles » reprochant à la France d’avoir négligé la sécurité des leurs.

Répondant au vice président comorien Idi Nadhoim qui aussi avait reproché à la France qui, avait déclaré par la voix de son Secrétaire d’Etat aux transports, avoir interdit cet avion sur son sol depuis 2007 (avant de reconnaître finalement que l’avion n’avait pas été formellement interdit mais n’y est pas revenu après un contrôle ayant montré des irrégularités en 2007), de n’avoir pas tenu informer les autorités comoriennes de l’état de ladite Airbus, le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner a martelé que "Tout le monde le savait aux Comores, tout le monde le savait"

Une association dénommée SOS Voyages aux Comores a déploré l’inaction des autorités françaises en ces termes : « nous avons adressé des courriers à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et au secrétaire d’État aux Transports pour les alerter sur ces conditions de vol déplorables et nous n’avons jamais eu de réponse ».

Dans une interview dans les colonnes du journal Le Figaro, le Secrétaire d’Etat français au transport reconnait que la publication de la liste noire européenne a eu pour conséquence d’obliger certaines compagnies comme Yemenia à envoyer des avions aux normes et à réserver les avions les moins rigoureusement entretenus aux autres destinations et de demander la création d’une liste noire mondiale.

Le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) dans un communiqué « demande au gouvernement de prendre immédiatement des mesures énergiques contre ces compagnies qui affrètent au départ de Paris des avions en bon état de vol et changent d’appareils dans des aéroports moins exigeants. »

« A l’approche des vacances estivales très chargées en voyages en avion, nous demandons à la France d’œuvrer pour la mise en place rapide d’une liste noire mondiale des compagnies aériennes dangereuses afin que les français ayant de la famille en Afrique, aux Antilles ou plus généralement à l’étranger, ne soient plus les otages de ces avions-poubelles qui mettent en danger des vies humaines dans le seul but d’augmenter leurs profits » poursuit-il dans on communiqué.

Malgré la fin de la colonisation, la France a tenu à garder des liens avec les pays africains surtout francophones dans plusieurs domaines, notamment monétaire avec l’arrimage du Franc CFA au Franc Français puis à l’Euro, en matière aérienne avec la création de l’ASECNA (Agence pour la Sécurité Aérienne en Afrique et au Madagascar) dont elle est partie prenante. Elle assure la Présidence du Conseil d’Administration de cette Organisation panafricaine et le poste de contrôle financier. Ne peut-on pas voir la France échanger des informations avec les pays africains sur les compagnies à risques susceptibles de menacer la sécurité aérienne ?

Il nous faut aussi rappeler le caractère exorbitant du prix des billets et le nombre réduit des vols des grosses compagnies comme Air France desservant l’Afrique et ses iles (Comores, Madagascar…). Dans ces conditions les Africains n’ont d’autres choix que de prendre des « vols poubelles » et supposés moins chers.

La CGT et la Confédération des travailleurs comoriens, pour leur part, ont réclamé « la mise en œuvre rapide d’une desserte pour les Comores, à prix abordable, assurée de bout en bout par les personnels et les moyens de la compagnie Air France ».

Au-delà de ces polémiques et accusations, il revient aux Africains, tirant les conséquences des échecs de la défunte compagnie Air Afrique de mettre en place des compagnies aériennes communes et aux normes, pour transporter les voyageurs entre les pays africains et vers les autres pays (France…), au lieu de laisser leur marché aérien aux compagnies aériennes étrangères comme la compagnie Yemenia détenue à 51% par le Yemen et 49% par l’Arabie Saoudite et accusée d’affréter des « vols poubelles » avec des avions d’un certain âge comme les vieilles voitures « venues de France » qui roulent sur les quelques kilomètres de routes goudronnées parsemées de nids de poule du TOGO et qui sont source de nombreux accidents.

 Il est donc temps pour les dirigeants africains qui dépensent des milliards de F CFA pour acheter et entretenir des avions présidentiels pour leurs propres voyages et ceux de leurs proches et de leur cour, d’investir cet argent dans de telles compagnies au service de tous les Africains qui souhaitent voyager dans de bonnes conditions et à prix abordable.

Komi TSAKADI


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