De Chávez ŕ el-Bechir, en passant par Kadhafi

par Jean-Luc Crucifix
lundi 9 mars 2009

Une rue portait déjà son nom au Liban. Voici maintenant qu’un stade s’appelle Hugo Chávez. Cela se passe en Libye, à Benghazi, où Mohamed Kadhafi, le fils du président Mouammar Kadhafi, a inauguré le 5 mars dernier le stade Hugo Chávez.

Le nom du président vénézuélien a été donné à ce nouveau stade « en reconnaissance de son programme révolutionnaire au Venezuela et de son rôle dans l’avènement de l’espace sud-américain », indique l’agence de presse libyenne Jana.

D’une capacité de 11.000 spectateurs, le stade fera partie des sites qui accueilleront les rencontres de la Coupe d’Afrique des nations de football 2014, qui se déroulera en Libye.

Le principal intéressé n’est pas vraiment satisfait : « On m’a dit qu’en Libye Kadhafi a donné mon nom à un stade à Benghazi. Kadhafi est Kadhafi, mais cela ne vaut pas la peine de faire un tel geste », a commenté le président vénézuélien. « Je refuse que l’on mette mon nom sur quoi que ce soit », a-t-il ajouté.


Popularité


Il n’empêche : la popularité du président vénézuélien dans le monde musulman ne se dément pas. Et pour cause : après avoir expulsé l’ambassadeur d’Israël en représailles aux crimes commis à Gaza, Hugo Chávez récidive.

Le gouvernement vénézuélien vient en effet de mettre en cause le mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir, estimant qu’il s’agissait d’une ingérence dans les affaires intérieures susceptible de conduire à une recrudescence de la violence. « Le Venezuela conteste cette ingérence dans les affaires légitimes et intérieures (relevant de) la souveraineté du peuple soudanais », a indiqué le secrétaire d’État vénézuélien aux Affaires étrangères chargé de l’Afrique, Reinaldo Bolivar, dans un communiqué.

Le gouvernement vénézuélien se joint ainsi à l’appel de « l’Union africaine, de la Ligue des États arabes et de nombreux pays de la communauté internationale afin d’éviter que les organismes juridiques » tels que la CPI « ne soient politisés à des fins de déstabilisation en Afrique et au Soudan en particulier », continue le communiqué.

Dérive inquiétante

Qu’on ne s’y trompe pas : une telle position, assez incompréhensible dans nos belles démocraties, se justifie aux yeux de beaucoup de non-Occidentaux. Si l’on examine les choses d’un peu plus près, on remarque en effet, que le « nouveau droit international », représenté notamment par la Cour pénale internationale, se colle de plus en plus aux valeurs défendues par l’Occident, au nom, notamment, d’une prétendue universalité des droits de l’homme. C’est le cas à propos de la Chine, de l’Irak, de l’Afghanistan, de divers pays d’Afrique et d’ailleurs : les sempiternels droits de l’homme sont de plus en plus instrumentalisés à des fins politiques, ouvrant la voie à l’ingérence -on parle même de « droit d’ingérence ».

Très beau tout cela, mais ne s’agit-il pas d’une dérive inquiétante à de nombreux égards ? D’autant plus inquiétante que la cause des droits de l’homme obtient sans peine le soutien massif de millions de citoyens bien intentionnés (et dupes, pour la plupart) dans les démocraties occidentales.

Réfléchissons-y, si vous le voulez bien, de ce point de vue : une fois de plus, le droit international se place au service des puissants de ce monde. Il n’est pas neutre. Et son instrument privilégié, les droits de l’homme, ne l’est pas non plus, n’en déplaise à certains.

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