De la COP21 et des négociations internationales
par Laurent Herblay
mardi 1er décembre 2015
Hier, a commencé la conférence internationale sur le climat, un rassemblement inédit de chefs d’Etat depuis 15 ans. L’occasion de réfléchir à la coopération internationale, après des années d’échec des efforts des pays du monde pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Combattre le court termisme
Bien sûr, il existe quelques voix dissonantes sur le réchauffement climatique, mais le fait que la majorité des scientifiques s’accordent pour dire que notre action, par l’émission de gaz à effet de serre, pourrait produire une hausse dangereuse des températures devrait pousser à agir. Cela est d’autant plus nécessaire qu’une grande partie de ce réchauffement vient de la consommation d’hydrocarbures, des ressources naturelles non renouvelables, que nous aurions sans doute intérêt à apprendre à consommer avec modération. Mais ces platitudes se heurtent à de nombreux écueils. D’abord, le risque n’existe qu’à très long terme : dans un monde gouverné, au mieux, par des statistiques trimestrielles, et au pire, par les mouvements erratiques et instantanés des marchés, il est difficile de raisonner à la décennie.
En outre, il n’est pas illégitime que les pays encore en voie de développement, voient d’un mauvais œil les contraintes que souhaiteraient mettre les pays dits développés sur la consommation d’une énergie qui leur a permis d’en être là où ils sont aujourd’hui, semblant rendre le développement plus cher et difficile aujourd’hui qu’hier. Certains ont voulu mettre en place des marchés de droits à polluer, mais les errances des cours ont même poussé le très libéral The Economist à préférer une taxe ! Enfin, un accord se heurte aussi au fait que l’on recherche une formule magique à la fois équitable et contraignante, un menu pour lequel les différents pays du monde abdiqueraient leur souveraineté, sans que l’on sache comment il serait possible de s’assurer que l’accord soit contraignant et si cela est seulement souhaitable.
Quelle coopération internationale ?
Plus globalement, les difficultés des négociations sur le climat devraient amener à se poser des questions sur les choix et la manière d’avancer. Pourquoi donc vouloir un accord contraignant, avec tous les pays du monde ? Les contraintes de baisse d’émission sont souvent extraordinairement complexes, parfois aussi très arbitraires car elles peuvent représenter des nids à avantages et niches plus ou moins justifiées. Au final, sans pour autant abandonner toute coopération internationale, on finit par se demander s’il ne serait pas plus efficace de privilégier des mécanismes plus souples, moins normatifs, moins complexes, où tous les pays pourraient suivre le chemin qu’ils souhaitent prendre, de manière souveraine, loin de ses accords complexes, peu démocratiques et qui ralentissent l’action ?
Après tout, ne pourrions-nous pas plus facilement se mettre d’accord sur une augmentation progressive et souveraine de la fiscalité du carbone, chaque pays gardant la liberté de le faire à sa façon, son rythme et son niveau, en gardant bien sûr la possibilité de le faire de manière similaire, ou identique par groupe de pays. Pourquoi donc une solution taille unique, qui prend extrêmement longtemps à trouver ? En outre, il faudrait aussi permettre la mise en place de droits de douane environnementaux pour permettre à chaque pays de décider de son destin, et ainsi éviter la course vers le moins-disant environnemental. N’irait-on pas beaucoup plus vite finalement si on privilégiait des solutions souples et souveraines, sur lesquelles les citoyens pourraient avoir un mot à dire, démocratiquement ?
Bien sûr, on peut espérer que cette conférence se termine bien, mais les ressorts actuellement utilisés par nos dirigeants ne sont pas forcément les bons. En fait, ces accords aussi complexes qu’à la taille presque unique et oblitérant les démocraties nationales ne rendent pas service à l’humanité.