De la diaspora : les émigrés Camerounais condamnés à l’exil
par Serges Tambaré
samedi 15 août 2009
Un débat passionné sur la diaspora Camerounaise occupe les esprits. C’est ainsi que nous nous posons les questions suivantes : comment définir le terme diaspora ? Y a-t-il une ou plusieurs diaspora(s) ? Est-ce qu’un émigré qui exclut un retour au pays natal fait-il toujours parti de la diaspora ? Quelle est la contribution de la diaspora au développement du Cameroun ? La diaspora qui vit dans un environnement différent saurait-elle participer à une élection présidentielle au pays quand des conditions de résidence sont exigées pour faire acte de candidature à la présidentielle ?
Combien sont-ils ?
De Lagos à Rabat, de Johannesburg à Londres, de Montréal à Tokyo, d’Abidjan à Stockholm, de Cotonou à Madrid ? Aucun recensement n’a jamais été entrepris pour comptabiliser les filles et fils de notre pays vivant en terre étrangère sans oublier leurs enfants nés sous d’autres cieux.
Le désespoir
Les Camerounais que lque soit leur classe sociale prennent le chemin de l’exil, par voie terrestre, aérienne ou maritime. Nous fuyons la misère, la poussière, les tracasseries administratives, les abus policiers et autres…
Tous aspirent à une vie meilleure. Le bachelier fraîchement diplômé à la recherche d’une formation de qualité que son pays ne peut lui offrir. Le chômeur chronique fatigué d’errer au quartier convaincu qu’il pourra se forger un destin à l’étranger. Les fonctionnaires et autres employés du secteur privé désabusés par nôtre système irrationnel. Les retraités à la recherche de soins médicaux et d’aides sociales.
Le rêve
Tous, nous rêvons d’un retour triomphal en mère patrie, après des années de dur labeur passées pour la plupart comme agents de sécurité, garde-malades, manœuvres sur des chantiers ou pour les plus chanceux col blanc en costume et cravate.
La frustration
Tous les deux ou trois ans, nous rentrons au pays pour constater que rien n’a changé. Que les routes sont toujours en mauvais état. Le réseau téléphonique toujours défectueux. Les hôpitaux toujours délabrés. Les moustiques toujours aussi nombreux. La poussière toujours aussi envahissante. L’eau toujours impure à la consommation. L’électricité qui fait toujours défaut…
Les illusions
Après un, deux ou trois mois passé(s) à boire la bière, manger le poisson braisé et le soya, danser le makossa et le coupé-décalé, écouter les doléances, distribuer des billets de banque, participer aux conseils de famille ; il est temps de rentrer avec l’impression d’avoir passé des moments inoubliables. Cependant, nous laissons derrière famille et amis en chagrin. Les billets de banque distribués ne règlent que des problèmes ponctuels.
La double-nationalité
Il faudrait noter que le fait d’être citoyen d’un autre pays ne nous empêche pas d’accéder à la propriété terrienne au Cameroun, principal facteur de conflits dans des pays mal organisés comme le notre.
Dans ces conditions à quoi nous servirait la double nationalité, une fois que la nationalité allemande, américaine ou australienne obtenue, aucun de nous ne prendrait le risque de se balader avec un passeport Camerounais qui fait de nous d’éternel suspects et peut-nous valoir d’être purement et simplement refoulés aux portes de pays tels que le Kenya pour délit de nationalité.
Le Président Biya semble avoir promis d’y donner une suite – n’oublions pas que cette suite peut être négative – lors d’une rencontre avec la diaspora le 24 juillet 2009 à Paris. Le journal Cameroun-Tribune, bras journalistique du parti au pouvoir, a par la suite relayé le message de M. Biya dans son édition du 30 juillet 2009. M. Essama Essomba y affirme : « Bien que son principe ne soit pas encore de règle chez nous, l’on sait toutefois que de nombreux sportifs et artistes célèbres en tirent des avantages, tout en demeurant Camerounais pour mieux servir notre pays. »
D’après cet article de nombreux sportifs bénéficient de la double nationalité. M. Essama Essomba confirme donc que des individus à la nationalité douteuse représenteraient le Cameroun lors de compétitions internationales.
Pour répondre à cette affirmation de M. Essomba, journaliste auprès du quotidien gouvernemental Camerounais, nous demandons aux nombreuses associations représentant la diaspora Camerounaise de saisir la FIFA, CAF, CIO et autres associations régulatrices du sport à l’échelle continentale et mondiale pour qu’elles demandent au Gouvernement Camerounais de justifier la participation dans ses équipes nationales d’individus qui violent son code de nationalité.
L’avenir à l’unisson
Nos organisations en terre étrangère évoluent en rang dispersé. Il serait bénéfique de créer un Conseil Mondial des Camerounais de l’Étranger, à l’image du « Jewish World Council », qui fédérerait chacune des associations nationales de compatriotes. Imaginons une telle association, avec un, deux ou trois millions de membres, qui ferait pression sur le régime. Imaginons une telle association qui fédérerait et défendrait les intérêts de la diaspora.
Nous invitons donc les leaders des Associations de Camerounais au Canada, en France, au Royaume Uni, En Suisse, en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud et partout ailleurs à se parler afin de mettre en place les bases d’une collaboration qui serait bénéfique pour les filles et fils du Cameroun quel que soit l’endroit où il se trouve.
Signé : Serges Tambaré