De la dignité de l’Arménie, de la grandeur de Russie, de la petitesse des Etats-Unis

par Frédéric MALMARTEL
samedi 25 avril 2015

Bravo au Peuple Arménien. Dans sa dignité, il ne s'est pas indûment approprié toute la douleur monde. C'est avec grandeur qu'il a commémoré, ce 24 avril 2015, le 100ème anniversaire du terrible génocide dont il fut la victime.

Le Génocide Arménien, événement exceptionnel, s'il en est, comme tous les événements exceptionnels aura fait apparaître, la vraie nature des gens.

Le plus marquant dans la commémoration de ce génocide, aura sûrement été la générosité des Arméniens. Au lieu de chercher à capter pour eux et à leur bénéfice propre, la compassion du monde, ils ouvrent leurs mains et offrent, dans un geste très chrétien, cette compassion à toutes les victimes de tous les génocides.

Et ce jour, autour du peuple arménien étaient, ou non, plusieurs chef d'état. Leur présence ou leur absence, dans ces circonstances, aura marqué leur véritable dimension historique.

Lorsqu'en 2006, à Lyon, un monument est érigé à la mémoire du génocide arménien, le premier geste de la Communauté Arménienne fut... d'offrir de monument à toutes les victimes de tous les génocides quels qu'ils soient.

Ce jour, un des porte-paroles les plus célèbres de la Communauté Arménienne, Charles Aznavour, l'a redit : "le plus important est que l'on parle, pas seulement du génocide arménien, mais de tous les génocides".

Cette démarche n'est pas seulement touchante, elle est salutaire parce que, si personne ne fera revenir les victimes du génocide de 1915, peut-être que si son souvenir peut éviter d'autres horreurs, alors leur calvaire aura au moins servi à quelque chose. Mais pour ce faire encore faut-il, et c'est le cas, que les Arméniens ne se considèrent pas comme une exception, mais comme un peuple parmi les autres qui sait aussi partager sa douleur dans la générosité. J'ai la faiblesse de croire que le Christianisme est à la base de cette générosité arménienne.

 

Ce jour, l'Arménie n'était pas seule.

Un chef d'état courageux était à ses côtés, avec son peuple, qui assume pleinement sa dimension de protecteurs de Chrétiens d'Orient. Comme d'habitude, il a dépassé les clivages politiciens, les petits calculs du moment et a su porter la dimension historique qui est désormais la sienne. Trois siècles après Pierre le Grand et Catherine II, au nom de la Sainte Russie, il était aux côtés de l'Arménie. Vladimir Poutine était là, au premier rang.

François Hollande, une fois n'est pas coutume, n'a pas démérité. C'est une bonne surprise, il ne s'est pas trompé, il n'a pas été à côté de la plaque, il était au premier rang aussi auprès du peuple arménien dont tant d'enfants sont désormais des citoyens français, des vrais.

 

Les media ont tu les noms de deux autres chef d'état également présent. C'est dommage, parce que c'est instructif.

Etaient présents également Níkos Anastasiádis, le chef d'état de Chypre, cette petite république, située comme l'Arménie, aux confins de l'Europe et, comme l'Arménie, martyrisée, jusqu'à aujourd'hui par les Turcs qui occupent en toute impunité la moitié de son territoire. Las, l'Union Européenne, n'a pas trouvé à redire à cette occupation. Il n'y a point de sanctions décidées contre la Turquie comme c'est le cas avec la Russie à propos de l'Ukraine, alors que Chypre est membre de l'Union Européenne ! Un scandal permanent.

Et le quatrième s'appelle Tomislav Nikolić, il est... Serbe ! Vous savez ce pays jadis occupé, oh juste 400 ans, par la Turquie ! et ensuite détruit et mutilé par l'OTAN, OTAN dont fait partie... la Turquie ! Quel symbole que cette présence serbe auprès du Peuple Arménien ! Les faits sont têtus !

 

Et puis, il y avait les absents.

Absent des cérémonies, absent de l'Histoire, il n'est pas tout ce que Poutine sait être. Il n'est pas entré dans l'Histoire, arcquebouté sur des petits calculs mesquins à courts termes, Barack Obama de peur d'effrayer la Turquie, en violation de ses promesses, refuse encore et toujours de parler de génocide arménien. Comme l'aurait dit un ancien premier ministre de chez nous, tout celà est minable puisqu'en même temps la même Turquie de toute façon lui échappe chaque jour davantage !

Et la Turquie évidemment, toujours absente, crispée elle auissi sur un mensonge historique qu'elle est désormais le seul pays à défendre ! La Turquie de 2015, c'est un peu la Corée du Nord menée par Faurisson ! Un spectacle affligeant, douloureux bien sûrs pour les Arméniens et tous ceux épris de vérité et aussi, quelque part, pitoyable pour le peuple turc lui même !

Un pouvoir turc décidément totalement isolé, à l'exception peut-être de Daesh qui, je crois le rejoint, dans ce négationnisme obstiné.


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