Débat des VP : Biden face à Palin... et Perot

par stephanemot
vendredi 3 octobre 2008

 Après quelques jours de fine tuning dans le ranch de McCain à Sedona, AZ, la dernière version de Sarah Palin a été présentée à la presse.

Moins crispé que lors de ses dernières sorties et désormais autoproclamé expert national sur les questions énergétiques, le Gobernator d’Alaska nous a joué la partition du pitbull mâtiné de Ross Perot.

Quelques clins d’œil forcés, une flopée de "Maverick" en veux-tu en voilà, et puis un déluge de Joe Six Pack, Hockey Mom, Heck of a lot, mainstreeter, walk-the-walk-talk-the-talk... décochés avec un accent résonnant de façon beaucoup moins "naturelle" que chez George W. Bush (ce fameux "Texan du peuple" élevé avec une cuillère d’argent dans la bouche en Nouvelle-Angleterre).

Joe Biden a joué la sobriété. Comme Obama lors du débat précédent**, il a manqué d’incisivité sur l’économie - son adversaire s’inscrivait en plus totalement dans le registre de la "peur" pour gagner l’audience.



Pour le plus grand plaisir de Mme Palin de Main Street Wasilla, AK, Mr Biden s’est parfois embarqué tout seul dans le jargon d’arrière-cuisine des sénateurs au long cours, et il a une fois de plus gaffé en s’aliénant une partie de sa base sur la question-piège du mariage gay-lesbien (Palin se félicitant de le compter dans son camp), mais il n’a pas mâché ses mots au moment de régler leurs comptes à l’héritage de George W. Bush ("un échec abject") et de son âme damnée Dick Cheney ("le vice-président le plus dangereux de l’Histoire").

Surtout, il est apparu comme l’authentique "natural" dans ce débat. Quand le "body language" de Sarah Palin hurlait à l’imposture, son seul moment d’émotion à lui a sonné fort et juste**. Avec lui, le soutien à Israël (un passage obligé dans toute campagne) semble venir du cœur ; avec elle, tout droit d’une brochure de l’AIPAC.

Comme prévu, Sarah Palin a plus que tenu le choc, retrouvant la confiance en soi qui avait dynamisé la base conservatrice il y a un mois. Les comtés reculés sont donc saufs pour le ticket McCain. Reste à rebâtir une dynamique de victoire sur cette nouvelle non-défaite.


* cf "Premier débat présidentiel - un air de déjà vu"
** l’équivalent américain du "vous n’avez pas le monopole du cœur" : quand Palin joue très basiquement sur la fibre maternelle, lui a la gorge serrée au moment d’évoquer sa responsabilité d’élever seul ses enfants (il avait à l’époque considéré le suicide).


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initialement publié sur blogules (également sur blogules en VO).


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