Décryptage d’une transition en Egypte

par NewsofMarseille
jeudi 10 mai 2012

A deux semaines de l’élection présidentielle, les tensions montent entre la population cairote et l’armée régulière. Manifestations, milices et répression, le désordre gagne du terrain tandis que l’armée du Maréchal Tantawi renforce son pouvoir. Pour comprendre ce qui s’y passe, on a rencontré Rabha Attaf, grand reporter et spécialiste du monde arabo-musulman.

Rabha Attaf est Algéro-marseillaise. Grand reporter pour l’ancien magazine Actuel, elle collabore régulièrement aux Inrockuptibles et s’est spécialisée dans le monde arabo-musulman. Aujourd’hui, elle revient de six mois passés au Caire et prépare un livre sur la révolution : Place Tahrir, la révolution de l’an 1, à paraître en juin.

Occupés par notre calendrier électoral, les médias français ont peu relayé les différents événements qui ont secoué le Caire à l’approche de la présidentielle égyptienne. Retour sur deux faits récents.

Vendredi 4 mai, des salafistes ont organisé une manifestation devant le ministère de la Défense. Un mouvement rejoint par les révolutionnaires de Tahrir. Sur place, la situation a dégénéré lorsque des hommes habillés en civils et armés ont attaqué les manifestants. Le bilan fait état d’au moins 130 blessés et trois morts dont un militaire.

L’armée a répliqué par l’arrestation arbitraire de plus de 310 personnes, selon un collectif d’avocats, dont 19 journalistes. Cinq d’entre eux sont toujours incarcérés selon Reporters sans Frontières.

Le groupe de manifestants qui a été arrêté risque gros. « Ça peut aller de un à sept ans de prison. Ceux qui sont accusés d’homicides de soldats risquent la peine maximale » comme le confiait dans le Figaro, Heba Morayef, un responsable de Human Rights Watch en Egypte.

Mardi, la militante pro-démocratie, Asmaa Mahfouz, qui est actuellement aux USA, vient d’être condamnée par contumace à un an de prison. Elle serait coupable d’avoir agressé un témoin dans le procès sur les violences entre l’armée et les chrétiens. Une accusation qu’elle dément catégoriquement.

© i3atef – Creative Commons

 

Cette condamnation est considérée par l’Arabic Network for Human Right (ANHRI), association égyptienne des droits de l’homme, comme un retour aux anciennes méthodes de condamnations politisées contre les militants de l’opposition sous l’ère Moubarak.

Décorée par le parlement européen du prix Sakharov pour la liberté de l’esprit, Asmaa Mahfouz avait déjà été inquiétée par la justice militaire qui l’accusait d’avoir diffamé sur les réseaux sociaux le Conseil suprême des forces armées (CSFA).

Un CSFA qui pourtant, ne cesse de marteler qu’il laissera bien les pouvoirs au nouveau président fin juin. Quel rôle jouera le prochain président égyptien ? C’est la question qu’il faut se poser. Rabha Attaf nous livre quelques éléments de réponses…

Damien Isoard

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