Des paroles ou des actes ? Avis de forts coups de vent et grande marée au Royaume-Uni
par Clark Kent
mardi 12 juillet 2016
Les vœux des électeurs britanniques ont été exaucés : ils ont désavoué Cameron, ils auront May. Ils n’ont pas aimé l’huile de foie de morue ? Ils auront des suppositoires !
THERESA MAY est opposée à l'introduction d’un salaire minimum en Grande-Bretagne et elle a voté contre un projet de loi destiné à lutter contre l'évasion fiscale, et c’est elle qui, après avoir été proclamée patronne des Conservateurs sera le prochain premier ministre.
C’est par défaut que Mme May a remporté la victoire au concours de chef des Conservateurs, après le retrait spectaculaire de son seul rival, une autre femme, Mme Andrea Leadsom.
Ainsi, demain mercredi, cette dame deviendra la deuxième femme locataire du 10, Downing Street après Margaret Thatcher, malgré un vote favorable de seulement 199 députés.
L’essor rapide de Mme May a commencé le jour où elle a tenté de se démarquer des positions de David Cameron en investissant l’aile gauche de leur parti commun :
- à Birmingham, elle a promis de mettre son parti "au service" des travailleurs et de créer un "pays qui fonctionne pour tout le monde, pas seulement pour quelques privilégiés."
- elle a le projet d’intégrer des travailleurs dans les conseils d'administration des plus grosses entreprises, proposition que Mme Frances O’Grady (Secrétaire Générale du Congrès des Syndicats Britanniques - TUC) a accueilli en déclarant que cela permettrait d"injecter une dose nécessaire de réalité dans les conseils d'administration."
- elle a également promis de donner aux actionnaires le pouvoir de freiner l'excès de rémunération des chefs d’entreprises et de sévir contre l'évasion fiscale.
- dans le Times, elle a également critiqué M. Cameron à propos de l’augmentation du taux de la TVA, et dénonçait l’« explosion » des factures d'énergie ? Dans le même article, elle soulignait que « certains salariés sont exploités par des patrons sans scrupules."
Mais ses opposants ont fait remarquer que sa posture progressiste était discréditée par ses votes au parlement et son rôle central dans le cabinet conservateur pour la définition de la politique du gouvernement précédent.
Après avoir été élue député de Maidenhead en 1997, Mme May avait fait campagne contre l'introduction du salaire minimum, affirmant que le « choix était entre la perte d’emploi emploi ou la diminution des salaires."
Lorsque les conservateurs ont pris le pouvoir en 2010, l'un de ses premiers actes en tant que ministre de la condition féminine a été de supprimer l'obligation légale pour les organismes publics de respecter une parité pour tenter de réduire les inégalités, en la qualifiant de « ridicule ».
Plus récemment, elle a voté contre les propositions de lutte contre l'évasion fiscale, contre un gel des prix de l'énergie et pour une réduction des crédits d'impôts accordés aux familles les plus pauvres.
Jonathan Ashworth, travailliste a déclaré : « Ne nous faisons pas d'illusions. Theresa May a fait partie d'un gouvernement qui a réduit les impôts des millionnaires, mis en place la TVA, et n'a pas réussi à réformer les faiblesses fondamentales de notre économie, y compris en luttant correctement contre l'évasion fiscale. Les gens vont la juger sur ses actions, et non pas ses mots. La vérité est que Theresa May n’offrira rien de nouveau pour les gens qui travaillent, en renforçant les mêmes politiques qui ont déjà échoué. "
Mme Clare Haughey, membre travailliste du Parlement écossais, a déclaré que Mme May avait été un "membre enthousiaste du gouvernement le plus anti-travailleur que le Royaume-Uni ait connu depuis des générations." Elle a ajouté : « Le gouvernement conservateur est engagé dans un assaut implacable et durable contre les droits des travailleurs les plus élémentaires à travers une loi que même Margaret Thatcher n'a pas osé essayer de mettre en place - et Theresa May ne sera pas pourra pas faire oublier le fait qu'elle était assise autour de la table où chacune de ces décisions de régression,anti-travailleurs, ont été prise. "
Les « Lib Dems », « Parti vert » et « Plaid Cymru » ont demandé à Mme May d’organise des élections générales.
La député « vert », Mme Caroline Lucas a déclaré : « Il est inacceptable que la personne titulaire du plus haut poste dans la politique britannique soit nommée par 60 pour cent des députés conservateurs. Une élection générale est la seule voie démocratique."
Toute la question est maintenant de savoir si la lucidité et le discernement dont ont fait preuve les électeurs du Royaume-Uni dans le vote sur l’adhésion à l’Union Européenne était une prise de conscience des nécessités d’un bouleversement ou un simple réflexe nationaliste comme certains observateurs le prétendent.