Des secours pour Gaza : un heureux épilogue

par Leila
lundi 25 août 2008

Deux navires légers ont réussi à forcer le blocus de la Bande de Gaza à la barbe des Israéliens.

L’Organisation des Nations unies a qualifié la situation actuelle de la Bande de Gaza, où sont enfermées un million et demi de personnes, de désastre humanitaire. Depuis un an, des centaines de personnes sont mortes par manque de soins médicaux, et beaucoup d’enfants souffrent de malnutrition. Rappelons que l’État d’Israël a soumis la Bande de Gaza à un blocus sévère en juin 2007 lorsque le Hamas en a pris le contrôle en battant les forces de sécurité fidèles au président palestinien, Mahmoud Abbas.

Les fondateurs du mouvement Free Gaza sont deux Américains, Paul Larudee et Greta Berlin. Ils ont rassemblé autour d’eux une soixantaine de personnes de dix-sept nationalités différentes, notamment, à ma connaissance, allemande, britannique, canadienne, danoise, américaine, espagnole, italienne, tunisienne, palestinienne et israélienne. Leur but est de briser le siège de Gaza en éveillant la conscience du monde à ce drame, et de conduire ainsi la communauté internationale à ne plus soutenir l’occupation de la Palestine par Israël.

Plusieurs membres de Free Gaza ont participé à des missions humanitaires en Palestine. Certains sont interdits de séjour par Israël. Ce sont des personnes de tous âges et de toutes conditions. Le plus jeune est un Britannique de 26 ans, musicien dans un groupe de rock. La plus âgée est une religieuse américaine de 81 ans. L’expérience ayant montré qu’ils ne pouvaient entrer dans la Bande de Gaza ni par la route ni par les airs, ils ont décidé d’essayer d’y entrer par la mer. Pour cela, ils ont dû acheter deux bateaux d’occasion, car personne ne voulait leur louer un bateau pour une entreprise aussi risquée.

L’objectif n’était évidemment pas de forcer l’État d’Israël à changer de politique, mais de donner à l’expédition le plus grand retentissement possible afin de rappeler au monde entier la dégradation des conditions de vie dans la Bande de Gaza.

Les membres de Free Gaza ont passé deux ans à collecter des fonds pour faire des conférences dans des églises, des synagogues et des mosquées, acheter des bateaux de pêche, les transformer en navires de croisière et les équiper en matériel. Ils ont trouvé deux bateaux de 18 mètres et 21 mètres respectivement, qu’ils ont baptisés SS Free Gaza et SS Liberty.

Les membres de Free Gaza n’ont pas tous été du voyage ; ce sont 42 personnes seulement qui ont embarqué. Partis de Crète, le Free Gaza et le Liberty ont accosté le mercredi 20 août à Larnaca, au sud de Chypre. Ils ont ensuite mis le cap sur Gaza en partant le vendredi 20 août à 10 heures (heure locale) pour une traversée de trente heures. 370 km séparent Chypre de Gaza.

Parmi les passagers figuraient Lauren Booth, belle-sœur de l’ancien Premier ministre Tony Blair, qui est actuellement représentant du Quartette pour le Proche-Orient. Elle a déclaré en partant que ce serait plutôt à lui « de faire le boulot ».


Huwaida Arraf, passagère de nationalité israélienne, a déclaré : « le siège imposé à Gaza par Israël n’est pas seulement illégal en termes de droit international, il est également immoral. Les gouvernements du monde entier savent ce qui se passe et ils ne font rien pour l’empêcher ».

Une longue attente a commencé pour leurs amis. Il était prévu de diffuser des images de la traversée sur internet, mais toutes les communications étaient brouillées. Depuis une semaine, le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, était régulièrement tenu informé des progrès de l’opération. Le lundi 18 août, il avait ordonné à son chef de l’état-major de « prendre les mesures adéquates pour empêcher ces trublions de nuire ». Dans la foulée, le quartier général de la Force navale israélienne avait annoncé que les vedettes patrouillant le long de la Bande de Gaza réagiraient activement si le Free Gaza et le Liberty ne répondaient pas à leurs sommations. Pour compléter ces déclarations martiales, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Aviv Shiron, avait déclaré vendredi soir que le gouvernement israélien examinait toutes les options possibles pour empêcher les deux navires d’atteindre Gaza.

Samedi à 16 heures, le silence radio était enfin rompu. Angela Godfrey-Goldstein annonçait à ses collègues que le Free Gaza et le Liberty étaient sur le point de pénétrer dans les eaux territoriales palestiniennes. Aucun navire de guerre israélien n’était en vue.

Des centaines de Gazaouis et des dizaines de journalistes s’étaient rassemblés dans le port de Gaza City pour accueillir les passagers du SS Free Gaza et du SS Liberty. La scène est passée à la télévision. L’enthousiasme était indescriptible.

Angela Godfrey-Goldstein a déclaré : « Le gouvernement israélien doit savoir que maintenant, oui, le monde entier se préoccupe du sort de Gaza. »

Yvonne Ridley a déclaré de son côté : « Je n’ai pas pu assister à la chute du Mur de Berlin, mais maintenant je sais ce que les gens ressentaient en voyant tomber les premières briques. Aujourd’hui, c’est une grande victoire du peuple sur le pouvoir. »

Quant à Aviv Shiron, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, il a déclaré simplement à la télévision samedi soir que le gouvernement avait décidé de ne pas gêner l’arrivée des deux navires, puisque sa cargaison avait été contrôlée et que tous ses passagers étaient connus.

Quelques membres de Free Gaza


La doyenne de l’expédition, Anne Montgomery, 81 ans, est une religieuse américaine de l’ordre du Sacré-Cœur. Elle est devenue militante pour la paix à l’âge de 50 ans. Elle a travaillé en Palestine en 1995 avec les Christian Peacemakers Teams (CPT).

Huwaida Arraf a la double nationalité palestinienne et israélienne. Elle a fait ses études aux Etats-Unis. Docteur en droit, elle est professeur à l’université Al Qods de Jérusalem.

Paul Larudee, cofondateur du mouvement Free Gaza, est un Américain né dans le Midwest qui habite dans la région de San Francisco.

Greta Berlin cofondatrice du mouvement Free Gaza, est Américaine. Elle milite depuis 1960 pour les droits du peuple palestinien. Elle est mère de deux enfants dont le père est né et a grandi en Palestine. Elle a fait trois séjours dans la Bande de Gaza, où elle a été blessée par une balle israélienne en 2003.

Yvonne Ridley est journaliste à la télévision britannique.

Lauren Booth, belle-sœur de Tony Blair, est journaliste.

Angela Godfrey-Goldstein, de nationalité israélienne, est responsable de campagne du comité israélien contre les démolitions de maisons palestiniennes.



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