Désastre du golfe du Mexique : quelle réglementation ?
par ÇaDérange
mercredi 16 juin 2010
La catastrophe de la plateforme BP dans le golfe du Mexique est malheureusement loin d’être terminée. Elle va inévitablement se traduire par une sévérisation considérable des spécifications techniques et règlementaires pour exploiter de nouveaux gisements en eaux profondes et équiper en dispositif de sécurité les têtes de puits que l’on installe au fond de la Mer. Il n’est donc pas inintéressant de savoir dans quel cadre règlementaire ces plateformes de production opèrent et comment il s’est pu qu’à cette profondeur d’eau, avec les difficultés d’intervention qu’elle représente, on ait pu installer une tête de puits avec un seul dispositif de prévention des explosions ?
Or je viens de lire dans la presse anglo-saxonne un historique de l’évolution ou plutôt de l’absence d’évolution de ces exigences règlementaires depuis que l’on est passé de l’offshore immédiat( -30 à - 50 mètres de profondeurs d’eau) à l’offshore profond comme celui de la plateforme Deepwater Horizon vers 1500/2000 mètres de profondeur.C’est du moins ce que révèle les investigations conduites par les représentants des Coast Guards et du Minerals Services Département américain.
Il semble en effet qu’au fur et à mesure que l’industrie pétrolière est allée de plus en plus profond dans ses explorations et ses mises en production de gisement sous marin, les obligations règlementaires qui avaient été établies pour de l’offshore de faible profondeur et n’étaient plus vraiment adaptées à ces cas nouveaux d’exploitation et à des risques bien supérieur n’aient pas été modifiées ou ont fait régulièrement l’objet d’exemptions nombreuses de la part de l’administration américaine. De sorte que les plateformes qui opèrent en eaux profondes bénéficient d’un système ad hoc d’exception aux contraintes de sécurité de celles de leurs consoeurs opérant par 50 mètres de fond. Et plus la plateforme opère profond, plus elle bénéficie d’exemptions aux règles !
Il y a des raisons historiques à cette situation. Les profondeurs d’exploitation ne sont pas passées brutalement de 50 à 1500 mètres mais, bien sur, très graduellement. Les équipements divers utilisés ont atteint leurs limites à des périodes diverses de cette évolution ce qui fait que les nouvelles technologies ont été "approuvées" par les autorités les unes après les autres et en bénéficiant d’un régime d’exemption jusqu’à ce qu’elles aient fait leurs preuves. Par ailleurs les "régulateurs" travaillaient côte à côte avec les industriels et ont été amenés à laisser passer des ajustements minimes aux spécifications précédentes. Individuellement ces arrangements avec les règles étaient parfaitement admissibles mais, considérées comme un tout, pouvaient se révéler dangereuses.
Dans le cas de la plateforme Deepwater Horizon, BP avait obtenu pour leur projet de forage des exemptions aux règles fédérales. Le dispositif de sécurité pour prévenir les explosions, dispositif clé qui n’a pas fonctionné correctement,a été testé à plus basse pression que prévu par la loi fédérale et une exemption pour cela avait été accordé par le Minerals Management Service. Enfin les inspections des plateformes se faisaient par hélicoptères avec une simple revue des résultats d’essai effectués par l’opérateur. Bref un certain laxisme dans les contrôles s’étaient installée ce qui ne veut nullement dire que c’est ce laxisme qui a causé la catastrophe.
Autre élément qui a contribué à la catastrophe sans en être responsable, l’empilement des intervenants entre BP propriétaire du puits, Transocéan propriétaire et opérateur de la plateforme et les autorités.
Bref comme d’habitude dans toutes les catastrophes on trouve non pas une seule cause, criante, mais une multitude de petits dysfonctionnements chez les intervenants et les régulateurs.
Il reste à espérer que le prochains cadre règlementaire qui sera défini pour les exploitation en eaux profondes permette d’éviter la récurrence de telles catastrophes.