Dilemmes en série pour l’Europe

par Europeus
mercredi 22 mars 2006

Dilemme. C’est le mot le plus d’actualité dans les ministères des affaires étrangères de l’Union. Dilemme face au Hamas : comment rester ferme face à une organisation qui, malgré l’onction du suffrage universel, reste une organisation terroriste aux yeux des Etats-Unis, de l’Union et d’Israël, sans « punir » le peuple palestinien ? Dilemme face au pouvoir biélorusse  : comment sanctionner un pouvoir dictatorial, maffieux et tricheur, et renforcer les courageuses forces démocratiques, sans « punir » un peuple qui vit dans des conditions d’un autre âge ? Dilemme face aux défis nucléaires iraniens  : comment adopter une stratégie qui concilie le réalisme, les exigences américaines, la position « prudente » des Russes et des Chinois ? Dilemme  ? Lisons les dictionnaires : « n. m. C’est l’obligation de choisir (voir alternative) entre deux partis contradictoires, mais qui tous les deux présentent des inconvénients. Ex : S’il déménage, il perd tous ses amis ; s’il ne déménage pas, il ne trouvera pas de travail. Certaines tragédies (de Corneille en particulier) reposent sur un dilemme ». Comment sort-on d’un dilemme ? En faisant des choix cornéliens, c’est un truisme de le dire. Mais la « puissance douce », comme dit Jean Quatremer avec indulgence, que constitue l’Union n’est guère capable de faire des choix de courage. Elle s’use à donner du temps au temps, en oubliant que s’il guérit parfois, le temps pourrit souvent... Elle se veut « raisonnable » en oubliant que la faiblesse peut être une forme de déraison... Elle oublie surtout que « gouverner, c’est choisir », donc sortir des dilemmes.

Au Hamas, l‘Union fait des chèques (en passant par l’Onu), quitte à se faire accuser de « financer le terrorisme ». Face au « dernier dictateur d’Europe », l’Union divisée s’en tient à des menaces verbales, à des condamnations formelles, et à des déclarations chaleureuses mais peu efficaces en faveur des « démocrates ». Face à l’Iran, son attentisme est tel qu’on se demande si secrètement elle n’espère pas qu’Israël lance une opération coups de poing sur les installations iraniennes... Quitte à condamner a posteriori ce type d’action, bien sûr... Il ne s’agit évidemment pas ici de condamner « l’Europe de Vénus » pour exhorter à la constitution d’une « Europe de Mars ». Mais l‘Europe « douce et molle » ne joue pas le rôle qu’elle devrait jouer. Une crise qui naît des structures et des hommes. Pas d’union politique et pas de vrai leader... Un jour, cela peut se payer très cher. Tragique, redirait Corneille, expert en dilemmes...

Daniel Riot est journaliste


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