Discours de Moubarak : Noirs nuages sur l’Egypte...
par D.BENCHENOUF
vendredi 11 février 2011
La victoire annoncée du peuple égyptien a tourné au désastre annoncé. Moubarak se retire un petit peu, tout en restant leur Président. Et ceux qui vont prendre en main la destinée de l’Egypte sont tous copains coquins. Les chefs de l’Armée connaissaient la teneur du discours plusieurs heures avant sa diffusion. Puisqu’il a été enregistré dans la matinée. C’est dire qu’ils étaient d’accord avec Moubarak sur toute la ligne. Le Peuple égyptien n’est pas sorti de la dure épreuve qu’il traverse.
Les chefs d’Etat arabes ne changeront jamais. Autistes, menteurs et irresponsables !
Je suis désolé de le dire comme cela, mais c'est la vérité crue.
Le discours de Moubarak que la planète entière attendait avec impatience, et qui devait annoncer le changement qui allait consacrer la victoire de tout un peuple contre l’oppression, aura été été un soliloque de vieillard gâteux.
La seule annonce relativement importante qu’il a faite, et qui n’était un secret pour personne, est qu’il délègue une partie de ses pouvoirs à Suleiman, le Vice-Président qu’il a nommé, et néanmoins redouté chef des services secrets. Ce qui fait que non seulement rien n’a vraiment changé, mais qu’en plus, c'est rajouter un autre despote éprouvéau au dépostisme en place.
Et comme tout chef d’Etat arabe qui se respecte, il a, comme de bien entendu, accusé les ennemis de l’extérieur d’avoir fomenté les troubles qui agitent l’Egypte, et qui ont, selon lui, causé d’énormes pertes économiques au pays ;
Il a poussé le cynisme jusqu’à promettre de sanctionner ceux qui ont été les auteurs de la répression sauvage qui s’est abattue sur les manifestants égyptiens. Une répression dirigée, entre autres, par ses propres fils.
Il a consacré une partie de son discours à faire son propre éloge, et a parler, toute honte bue, des victoires qu’il a remporté sur l’ennemi. Lui qui a abdiqué la souveraineté égyptienne sur les propres territoires de son pays.
Autant dire que l’Egypte n’est pas sortie de la terrible et grandiose épreuve qu’elle traverse. Hosni Moubarak, comme pour défier le peuple égyptien, a déclaré avec des accents qu’ils voulait pathétiques, mais qui sont autant de défis suicidaires, qu’il ne quittera l’Egypte qu’a sa mort. Aurait-il l’intention de se faire enterrer ailleurs ?
Moubarak n’a certainement pas reçu des assurances de cet ennemi extérieur qu’il invoque. Un Quittus pour le pillage de l’Egypte. Les révélations sur son immense fortune sont certainement la cause principale de son obstination. Obama ne lui a certainement pas donné l’assurance que les plaintes du futur Etat égyptien, pour recouvrer les dizaines de milliards de dollars que la famille Moubarak a volés au Peuple égyptien, n’auront pas de suite, et qu’il pourra, avec sa famille, jouir tranquillement du fruit de l’odieuse rapine.
Le président américain ne pouvait pas lui donner de telles garanties, parce que les contribuables américains n’accepteraient jamais que celui qui a détourné la majeure partie de l’aide qu’ils ont consentis au peuple égyptien puisse en jouir en toute impunité. C’est cela, vraisemblablement, qui a bloqué toute la machine.
De lourds nuages s’amoncellent au dessus de l’Egypte. La révolte risque de dégénérer gravement.
Tout président symbolique qu’il est devenu, Hosni Moubarak ne pourra pas imposer sa détestable présence à ce grand peuple d’Egypte.
Ni celle de l'oligarchie corrompue qu’il a choisie pour le remplacer.
Il n'a pas cédé d'un pouce, sur les véritables revendications du peuple égyptien.
La balle, si l’on peut dire, est dans le camp de l’armée égyptienne. Sera-t-elle à la hauteur de son destin ? Rien de moins sûr…
D.Benchenouf