Égypte : le grand silence des chefs d’État mondiaux sur les « pogroms » envers les Coptes et les autres chrétiens

Les critiques les plus vives et les condamnations de l'intervention de l'armée égyptienne contre les partisans de Morsi sont pléthores parmi les chefs d'États occidentaux.

En tête Barack Obama qui de son lieu de vacances qui annonce en répression l'annulation de manoeuvres militaires conjointes avec le Caire qui étaient prévues le mois prochain. "Nous déplorons les violences exercées contre les civils. Nous soutenons les droits universels essentiels à la dignité de l'homme, y compris le droit de manifester pacifiquement", a-t-il dit. Il a demandé la levée de l'état d'urgence et le début d'un processus de réconciliation nationale. (Insérer Vidéo)

En Europe, plusieurs pays ont convoqué l’ambassadeur d’Egypte dans leur capitale (France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, Espagne) pour condamner l’usage de la force.

La Turquie, pays à cheval entre l’Europe et le Proche-Orient, a très vivement réagi. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, chef du parti de la Justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) qui a dès le début qualifié de « coup d’Etat » la destitution par l’armée du président Morsi, a exigé une réunion du Conseil de sécurité.

Même la Chine a mis son grain de sel et s'est dites très préoccupée par la violence des représailles contre les pro-Morsi.

Le Qatar, a également dénoncé, tout comme les pays occidentaux, l'intervention meurtrière contre les partisans de l'ancien président.

De leur côté les pays du Golfe, ont également pris position, notamment les Emirats arabes unis et le Royaume de Bahreïn qui eux apportent leur soutien au Caire.

Enfin, à noter que Navi Pillay, Haut commissaire de l'ONU en charge des droits de l'homme, réclame une enquête sur l'assaut des forces égyptiennes.

Par contre point de critique sur les agressions à l'encontre des chrétiens Coptes par les musulmans pro-Morsi chauffés à blanc par la répression qui s’abat depuis mercredi dans le pays qui en "représailles" ont attaqué de nombreuses églises en Haute-Égypte.

"Des villages entiers sont menacés, pas seulement des lieux de culte ", témoigne Mania Doss, copte égyptienne, interviewée par France Info, "la communauté internationale doit réagir", ajoute-t-elle.(Insérer vidéo)

Les tensions sont anciennes entre les islamistes et cette communauté chrétienne Copte, qui représente entre 5% et 10% de la population et affirme descendre directement des pharaons.

Mais elles ont pris une toute autre ampleur : selon l’ONG Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR), au moins 25 églises ont été incendiées depuis mercredi et des attaques ont visé de nombreuses écoles, maisons et échoppes coptes dans 10 des 27 provinces d’Egypte.

Elle n’a pas non plus été épargnée sous le règne de l’ex-raïs Hosni Moubarak, mais elle paye aujourd’hui le soutien affiché du chef de l’Église copte, le pope Tawadros II d’Alexandrie, à l’auteur du coup d’État le 3 juillet contre Mohamed Morsi, le général al-Sissi. "Évidemment les coptes payent le prix d'être solidaires avec tous les Égyptiens qui sont sortis dans les rues fin juin pour se débarrasser du régime violent et totalitaire des Frères musulmans", déclare Adel Guindy, le président de l’association Solidarité copte, joint au téléphone par FRANCE 24.(insérer vidéo)

À Sohag, dans le centre de l’Égypte, les rues sont silencieuses depuis mercredi. Marco, un ingénieur de 27 ans interrogé par l’AFP, décrit un "paysage de désolation", une "ville fantôme". "Les assaillants savaient où vivaient les coptes" témoigne-t-il "Ils scandaient des slogans pro-Morsi et portaient des bandeaux portant l’inscription ‘Frères musulmans’ autour du front. Les gens sont effrayés, personne n’ose sortir".

Le Maspero Youth Union, un mouvement de la jeunesse copte, n’a cessé de dénoncer les discriminations à l’encontre des chrétiens durant la présidence de Mohamed Morsi. Jeudi, un porte-parole du mouvement a accusé la confrérie des Frères musulmans d’attaquer la minorité chrétienne "sans raison et sans qu’ils n’aient commis aucun crime, excepté celui d’être chrétiens dans un pays dont l’une des factions politiques mène une guerre religieuse".

Les partisans du Président déchu Mohammed Morsi ont pris d’assaut trois églises et deux écoles à Mallawi, ville de Minya en Haute Egypte, ce vendredi 16 Août.

Des témoins rapportent qu’ils ont non seulement saccagés et pillés les églises copte, catholique et évangélique mais également l’Ecole du Bon Pasteur et le Complexe Scolaire de Tahrir.

L'Égyptien copte Dioscorus Boles a écrit sur Twitter qu'un document des Frères musulmans incitant leurs partisans à incendier des églises avait été découvert. Ce document a été publié le 14 août sur le site officiel du Parti de la liberté et de la justice, l'aile poliitique des Frères musulmans

Pendant que l'Occident se tait ou condamne la violence de l'armée contre les pro-Morsi, et que des pays du Moyen-Orient soutiennent les pro-Morsi, il faut noter que seul Poutine s'est fait le défenseur de la chrétienté d'Orient.

Lors d'une rencontre avec les chefs des Églises orthodoxes de plusieurs pays qui étaient réunies à Moscou le le jeudi 25 juillet 2013, il a déclaré :"C'est avec angoisse et douleur que j'observe la montée des tensions interreligieuses, la violation des droits des minorités religieuses, y compris des chrétiens orthodoxes, dans de nombreux pays, surtout au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Je considère que la communauté internationale doit accorder une attention soutenue à ce problème grave"

Ce silence des chefs d'États occidentaux et de la communautté internationale sur les "progroms" envers les Coptes et les autres minorités chrétiennes en Égypte, sont la preuve de leur incapacité à faire face à la montée de l'islamiste radical et surtout de leur peur, une peur qui les tétanise, d'une confrontation entre deux civilisations, pourtant qui semble inéluctable.

 

Sources : RFI, France Info, Rue89, Rianovosti,