Election présidentielle aux Etats-Unis : Obama/Biden, le ticket gagnant !

par Mathieu Soliveres
mardi 26 août 2008

Après avoir tenu en haleine l’ensemble des observateurs politiques des Etats-Unis et du monde entier, Barack Obama, sénateur de l’Illinois et candidat démocrate pour l’élection présidentielle du 4 novembre prochain, vient enfin de choisir son « vice-président », Joe Biden.

Le choix du colistier est toujours considéré comme un révélateur important. Il permet tout d’abord d’analyser la stratégie du candidat, ses motivations, ses objectifs, mais aussi... ses lacunes. En effet, le choix du colistier est crucial en ce qu’il permet une complémentarité avec le candidat « investi » par le parti après les primaires. Le colistier doit être en mesure d’apporter des voix, des idées, et surtout une certaine expérience. Enfin ce colistier doit être apprécié dans son propre camp et ses militants s’il veut pouvoir séduire les indépendants et les indécis.

Barack Obama que l’on sait bon orateur, incarne le rêve américain de par son histoire et son accession fulgurante au Sénat. Fils d’une blanche de l’Arkansas et d’un Kenyan diplômé à Harvard, il a su gravir un à un les échelons tout en s’impliquant bénévolement pour la communauté. Homme de consensus et de dialogue, il est le premier représentant d’une « minorité » à pouvoir accéder à la fonction suprême à seulement 46 ans. Mais Barack Obama manque d’expérience, notamment en matière de politique internationale, et sa tournée triomphale en Europe et au Moyen-Orient pèse peu face au passé « héroïque » du républicain McCain, prisonnier de guerre au Vietnam. Les récentes crises en Géorgie ont permis à John McCain de marquer des points dans l’opinion en prenant fréquemment la parole alors que Barack Obama prenait une semaine de repos dans son île d’Hawaii. Une erreur politique qui pourrait lui coûter cher puisqu’elle a permis au candidat républicain de recoller dans les sondages. A cela s’ajoute le fait que malgré son appartenance à l’église protestante, le sénateur métis de l’Illinois ne séduit pas les chrétiens et plus particulièrement les catholiques. Or, ce sont ces mêmes catholiques qui ont fait pencher plus d’une fois la balance par le passé. Enfin, Obama est considéré comme un « bleu » au Sénat, malgré ses interventions remarquées, il manque d’expérience parlementaire et de relais politiques au sein des assemblées. Il fallait donc trouver le colistier idéal pour combler ses lacunes pour reprendre le large dans les sondages à quelques mois du scrutin.

Alors que beaucoup croyait au ticket Obama/Clinton pour parachever l’unité du Parti démocrate, c’est finalement le sénateur du Delaware Joe Biden que Barack Obama a choisi comme colistier. Sénateur depuis 1972, Biden est un vieux routard de la politique. Candidat à l’élection présidentielle en 1988, le colistier d’Obama connaît parfaitement tous les rouages du parti et a déjà l’expérience d’une campagne nationale. Il permet de redonner du crédit à la candidature de Barack Obama, récemment mis à mal par le camp républicain qui ne le juge « pas prêt » pour la fonction. Professeur à l’université, Joe Biden est un expert en politique internationale, il maîtrise ses dossiers et apparaît comme un fin connaisseur de la géopolitique mondiale. Cette expérience qu’il prodigue à Obama apporte incontestablement un plus au camp démocrate qui se retrouve de facto en position dominante sur ces thématiques. Enfin, catholique, il touche un électorat populaire et influent que le sénateur métis avait du mal à réduire. Seul homme politique du pays à prendre les transports en commun, Joe Biden plaît aux classes moyennes et populaires qui se reconnaissent en lui. L’élection présidentielle se jouant en grande partie sur les valeurs morales (avortement, mariage homosexuel, cellules souches, etc.), le fait que Barack Obama s’entoure d’un catholique permettra aux électeurs croyants indécis de ne pas se tourner systématiquement vers le camp républicain.

Barack Obama a certainement fait un bon choix en faisant de Joe Biden son colistier. Il comble ainsi ses lacunes et se donne, par la même occasion, l’opportunité de séduire un pan de l’électorat populaire qu’il ne parvenait pas à toucher. Expérimenté et ambitieux, incarnant le changement tout en ayant des bases solides, ce duo de choc, présenté il y a quelques jours à Springfield, a de grandes chances d’être élu en novembre prochain s’il parvient tout d’abord à convaincre l’ensemble de sa base, avant de séduire le peuple américain.

Mathieu SOLIVERES


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