Electrification de l’Afrique : l’aide doit être globale
par AMeillon
samedi 19 mars 2016
Le 8 février dernier, le président américain Barack Obama a promulgué une loi visant à inciter le secteur privé à venir investir en Afrique pour permettre l’électrification de 60 millions de foyers. Une décision qui doit entrainer dans son sillage d’autres initiatives à l’heure de la transition énergétique.
« Power Africa ». C’est le nom du plan que la loi promulguée par Barack Obama et adoptée par le Congrès début février est venue améliorer. Son objectif est clair : permettre l’électrification de près de 60 millions de foyers en 2018. Pour cela, les États-Unis ont mis la main à la poche à hauteur de 7 milliards de dollars. Avec cette loi, c’est une nouvelle avancée puisque celle-ci exige de l’administration qu’elle coordonne une stratégie destinée à encourager le secteur privé et les organisations internationales à investir dans l’électrification de l’Afrique subsaharienne.
Le continent oublié de l’électrification
Ce soutien américain intervient à un moment où le continent africain est à la croisée des chemins concernant son développement énergétique. En Afrique subsaharienne, 70 % de la population n’a toujours pas accès à l’électricité, ce qui représente 600 millions d’individus. Dramatique quand on sait l’importance, pour ne pas dire l’impérative nécessité, de bénéficier d’une source d’électricité. Hôpitaux, écoles, administration, alimentation : sans électricité rien ne fonctionne.
Mais en plus d’être en retard au niveau des installations, l’Afrique est confrontée à une seconde problématique, sans doute plus grave, celle du réchauffement climatique. Alors que le monde s’est réuni en décembre dernier à Paris à l’occasion de la COP 21, l’Afrique est en première ligne face aux transformations climatiques dues à l’augmentation des températures. Alors que le continent africain n’est « responsable » que de 4 % des émissions de gaz à effet de serre, c’est pourtant là que les conséquences seront les plus importances : +4°C avant la fin du siècle. Sécheresse, montée des eaux, développement des virus, l’avenir est peu réjouissant.
Pour une aide globale
Pour contrer ces prédictions, les pays sont dans l’obligation de s’adapter. Ou plutôt de réussir une avancée technologique grâce aux énergies renouvelables. Car le potentiel est énorme sur le continent. En Afrique de l’Est le changement a d’ailleurs déjà commencé. Le Rwanda va prochainement porter sa capacité de production électrique à 1 160 MW l’année prochaine grâce à un plan ambitieux mêlant énergie solaire, géothermie et hydroélectricité ; Kigali, la capitale, a installé fin 2015 plus de 28 000 panneaux solaires, créant ainsi quelque 350 emplois. Encore plus à l’est, l’Éthiopie investit massivement dans les renouvelables, tout comme, à l’autre bout du continent, l’Afrique du Sud, qui vient de passer un marché pour une ferme solaire d’une capacité de 86 MW, mise en route l’an prochain. Djibouti, malgré l’emprise de plus en plus contestée de son dirigeant Ismaël Omar Guelleh, a lancé en janvier dernier les travaux d’une future centrale solaire au sud de la capitale. Enfin, le Maroc vient d’inaugurer la plus grande centrale solaire du monde (580 MW une fois achevée en 2020) dans la province de Ouarzazate ; Noor (pour « lumière ») n’en est pour l’instant qu’à la phase première et permet déjà de produire 160 MW de puissance.
Avec le nouveau texte de loi américain, les investisseurs d’aide au développement seront vraisemblablement incités à venir traverser l’Atlantique pour accompagner les projets privés d’électrification. Actuellement, la plupart des financements de Power Africa sont issus d’Eximbank, l’agence de crédit aux exportations américaine. Outre les États-Unis, la France, par exemple, va également participer à la transition énergétique en Afrique. François Hollande avait annoncé, en préambule de la COP21, une aide de 2 milliards d’euros d’ici à 2020 et encouragé les autres pays à venir investir dans les grands projets. A l’issue de la conférence de Paris, Laurent Fabius, son ex-président, avait ainsi annoncé que l’ensemble des pays développés apporterait quelque 10 milliards d’euros pour permettre le développement de « 10 GW de nouvelles capacités de production sur le continent africain ».
Cela ne fait aujourd’hui plus aucun doute : la problématique énergétique, parce qu’elle a des conséquences climatiques, doit être déclinée à l’échelle mondiale. Selon Barack Obama, « il n’y a pas de défi qui pose une plus grande menace pour notre avenir et pour les générations futures que le changement climatique », d’où l’importance de venir en aide aux pays ou ensembles de pays qui en subissent les conséquences de plein fouet. Au premier rang desquels, donc, l’Afrique.