En Iran, l’arbitraire et insupportable impérialisme étasunien sévit toujours
par Laurent Herblay
samedi 8 septembre 2018
Juillet 2015 : les pays membres du conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne signent l’accord sur le nucléaire iranien. Mai 2018, les Etats-Unis de Donald Trump se retire de l’accord, au regret de tous les autres pays. Peu après, PSA, puis Total, annoncent leur retrait d’Iran, suivant de manière révoltante les injonctions étasuniennes. Nouvel exemple de ce qui ne va pas dans le monde.
Extra-territorialité et acceptation des oukases étasuniens
L’acceptation par PSA du nouveau boycott étasunien sur les activités en Iran est proprement sidérante. Le groupe réalisait en effet 15% de ses volumes mondiaux en Iran, où il a une présence historique et dont il s’était déjà retiré une première fois, suite au premier bocott étasunien. Cela est d’autant plus révoltant que le groupe français ne vend plus une voiture aux Etats-Unis depuis longtemps. Malheureusement, on peut penser que Washington peut faire pression via sa filiale Faurecia, un des premiers équipementiers mondiaux dans l’automobile. Mais même avec cela, la part des affaires réalisées aux Etats-Unis, ou même en dollar, par le groupe semble bien faible pour justifier une telle décision.
Total vient lui aussi plus récemment d’annoncer son retrait du plus grand gisement gazier au monde, dont il avait obtenu la majorité. Les Chinois pourraient remplacer l’entreprise Française… Même si les moyens de pression des Etats-Unis dans le domaine des hydrocarbures peuvent sembler plus forts, une telle décision est totalement révoltante. Pourquoi donc la France et ses entreprises devraient-elles se laisser dicter les choix étasuniens de la sorte ? Il serait tout de même révoltant que la Chine récupère l’exploitation de ce gisement. La France se soumet contre sa volonté, quand Pékin peut continuer comme si de rien n’était. La France est le dindon de la farce iranienne jouée par les USA.
Nos dirigeants devraient dire à nos entreprises de poursuivre leur activité sans prendre en compte les choix étasuniens, qui ne devraient affecter que ses entreprises. Et si Washington les menaçait de sanctions, Paris devrait protéger PSA et Total en étant prêt à prendre des mesures de rétorsion vraiment disuassives à l’égard de l’Oncle Sam. Rien ne justifie aujourd’hui que nos entreprises se retirent d’Iran, alors que quatre pays du conseil de sécurité des Nations Unies soutiennent toujours l’accord de 2015. Cela ne devrait en aucun cas perturber leurs affaires, d’autant plus que l’on sait le double-jeu que peuvent jouer les Etats-Unis dans ces occasions, qui cherchent souvent à favoriser leurs intérêts.
Plus globalement, quel crédit accorder aux Etats-Unis après l’Irak, et plus généralement, dans son deux poids deux mesures absolument sidérant dans le monde en général et au Moyen-Orient en particulier ? L’Irak a été détruite sur des présomptions ridicules, quand Washington laisse aujourd’hui l’Arabie Saoudite faire ce qu’elle veut au Yémen. En outre, il est tout de même frappant de sanctionner durement un pays comme l’Iran, qui est une démocratie, où les femmes peuvent se battre ouvertement pour défendre leurs droits, sans jamais rien dire à cette Arabie Saoudite non démocratique et où les droits de l’homme sont bien plus limités. Un nouvel exemple de l’arbitraire gestion des intérêts étasuniens.
L’absence totale de réactions de nos dirigeants sur cette question révèle une soumission crasse à la volonté de l’Oncle Sam. Le président et le gouvernement devraient s’afférer à défendre les intérêts de PSA et Total et défendre l’accord signé en 2015, qui ne devrait pas pouvoir être remis en cause dans sa totalité par un seul des parties prenantes. Ce qui se passe en Iran est un vrai scandale.