En Israël, « il y a des limites à la démocratie »

par Clark Kent
mercredi 30 mars 2016

Lundi soir 28 mars, le parlement israélien a approuvé en première lecture un nouveau projet de loi qui vise à exclure les élus palestiniens.

La modification prévue de la législation a été rédigée après que trois membres palestiniens de la Knesset aient été suspendus pour avoir rendu visite aux familles des Palestiniens tués dans des affrontements avec les forces d'occupation israéliennes et les colonies illégales de Cisjordanie.

Les trois députés, membres de la Liste arabe « bloc commun », ont été sanctionnés par le comité d'éthique de la Knesset.

La modification de la loi permettrait que n’importe quel membre de l’assemblée puisse être suspendu par le vote de plus de 90 députés (les trois-quarts de la chambre). Mais l’opposition affirme que le but est de faire taire les membres palestiniens qui soutiennent l'opposition à Israël.

Sur 8,5 millions de citoyens d'Israël, 1 750 000 sont palestiniens (en plus des 4,7 millions de Palestiniens vivant dans les territoires occupés de la Cisjordanie et de Gaza qui se sont vu refuser la citoyenneté de toute nation depuis 1967).

Si la nouvelle législation était adoptée, la Knesset pourrait suspendre un de ses membres pour « incitation au racisme", "soutien de la lutte armée, par un organisme d'Etat ennemi ou terroriste, contre Israël », ou « négation de l'existence d'Israël en tant qu'Etat juif et démocratique ».

L'Association pour les droits civils en Israël (ACRI) a déclaré que le nouveau projet de loi permettrait de justifier des suspensions uniquement sur la parole d'un des députés.

"Cette loi est une incitation à nuire aux députés arabes, dont les déclarations et les actions ne vont pas dans le sens de la majorité politique", a déclaré l’ACRI.

Nissan Slomiansky du parti « foyer juif » a présenté le projet de loi, fortement soutenu par la droite et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en déclarant : « Il y a des limites à la démocratie. »

De son côté, la « Liste Arabe Commune » a condamné le projet de loi, le considérant comme « raciste et anticonstitutionnel. » Dans un communiqué, l'alliance a déclaré :

« La loi de suspension n'a qu'un seul but : s’attaquer à l'existence politique des Palestiniens en Israël. Ce que Netanyahu ne comprend pas c’est que, tout comme le nettoyage ethnique n'a pas réussi à nous éradiquer, le nettoyage politique ne réussira pas à arrêter notre mouvement de résistance. Nous refusons qu'un gouvernement d'occupation radical et raciste fixe des limites à notre capacité politique en assortissant de conditions notre mandat parlementaire."

Le mois dernier, le leader de la « Liste Arabe Commune », Ayman Odeh, a menacé de démissionner de la Knesset avec les autres députés arabes si le projet de loi était adopté.


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