En Suisse, le gouvernement refuse la nationalisation de la création monétaire

par Laurent Herblay
mercredi 6 avril 2016

C’est un débat qui progresse, lentement, mais de manière intéressante, dans certaines parties de la planète comme en Islande ou Suisse  : faut-il reprendre aux banques privées la création de monnaie, dont on ne peut pas dire qu’elles aient fait un bon usage ces dernières années ? Mais en Suisse, le gouvernement ne goutte guère l’initiative Vollgeld, dite de la monnaie pleine.

 
Une idée qui finira par faire son chemin ?
 
L’article de The Economist est très instructif, à plusieurs titres. D’abord, pour tous ceux qui doutent encore du fait que la monnaie est essentiellement créé par les banques privées, il apporte une confirmation sans détour : « beaucoup pensent que la banque centrale transfère la monnaie aux banques privées, qui agissent comme des intermédiaires, poussant la monnaie dans l’économie. En réalité, la plupart de la monnaie est créé par les banques privées. Elles génèrent des dépôts à chaque fois qu’elles font un prêt, un processus que les banques centrales peuvent influencer, mais pas contrôler. Cela en alarme certains, qui craignent que les banques utilisent ce pouvoir de manière étourdie, alimentant, par conséquent, des bulles et des krachs qui perturbe  » l’ensemble de l’économie.
 
Ce faisant, The Economist, présente l’idée de la monnaie pleine d’une manière plutôt positive, soulignant que « les dépôts bancaires représentent 87% de la monnaie disponible en Suisse, bien plus que les billets et les pièces. Et comme la création monétaire est le principal carburant de l’inflation et de la croissance, ils soutiennent qu’elle ne devrait pas être dans des mains privées, et encore moins être confiée à des institutions sujettes à des bulles et des faillites (…) selon l’alternative proposée, les comptes seraient transformées en quelque chose plus proche de dépôts enfermés dans les coffres Suisses. Les clients paieraient les banques pour garder leur argent. Tous les prêts faits par les banques devraient être financés par les actionnaires ou par un emprunt, pas par les dépôts  ».
 
Le journal poursuit : « le système serait plus sûr pour les épargnants puisque les banques ne pourraient pas prêter et perdre leur argent. Cela permettrait aux gouvernements de retirer la protection implicite dont les banques profitent comme gardiennes des dépôts des électeurs. Même les grandes banques pourraient faire faillite puisque les pertes ne se transmettraient pas autant au système  ». Malgré tout, Berne a émis un avis négatif, jugeant que la hausse du bilan de la banque centrale pour affaiblir la confiance dans la monnaie, ou qu’il faudrait des règles lourdes pour éviter que les banques ne continuent à créer de la monnaie, que cela défavoriserait les banques du pays et qu’une réforme radicale d’un secteur si critique du pays est délicate, sans être sûr de mettre fin à toute forme d’instabilité financière.
 

Comme elle l’était au 19ème siècle aux Etats-Unis, la question de l’organisation monétaire de nos économies est une question fondamentale posée à nos démocraties. On peut regretter le manque de place accordé à ce thème, tout en notant quelques progrès dans la prise de conscience de son importance ci et là. A nous de porter le thème en France, comme Jean-Baptiste Bersac ou André-Jacques Holbecq.

 

Lire l'article complet, et les commentaires