Engagement diplomatique de la Syrie au Proche-Orient

par Céphale
mardi 7 avril 2009

Le Président syrien Bashar al Assad demande à l’administration des États-Unis de jouer un rôle plus actif dans la recherche d’un règlement pacifique du problème palestinien.

L’annonce a été faite lundi par l’agence de presse syrienne à la suite d’un entretien de Bashar al Assad avec deux membres du congrès américain, qui se sont montrés optimistes sur les chances d’améliorer les relations entre les deux pays.

Barack Obama laisse entendre qu’il envisage de nommer prochainement un ambassadeur à Damas, ce qui représenterait un changement important par rapport à la politique de son prédécesseur au Proche-Orient. On sait en effet que George Bush avait rappelé son ambassadeur en Syrie après l’assassinat du Premier ministre libanais Rafik Hariri en 2005. La Syrie, qui est sur la liste américaine des États soutenant le terrorisme, a toujours réfuté l’accusation d’avoir été l’instigatrice de l’attentat.



La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a prudemment déclaré le mois dernier qu’elle ne savait pas encore à quoi vont aboutir les contacts des parlementaires américains avec le président syrien, ni si un nouvel ambassadeur à Damas sera nommé. Son seul commentaire : « On n’engage pas des discussions pour le plaisir de la conversation. Il faut que les États-Unis et leurs alliés y trouvent leur bénéfice. »

Un rapprochement entre les États-Unis et la Syrie pourrait faciliter les négociations de paix qui ont commencé l’année dernière entre Israël et la Syrie avec la médiation de la Turquie, mais qui ont été stoppées net en décembre par l’offensive israélienne sur Gaza. La visite de Barack Obama cette semaine à Istambul pourrait être l’occasion pour lui de relancer les négociations de la Syrie avec le nouveau gouvernement israélien, mais on peut s’interroger sur la volonté de Benyamin Netanyahou d’aboutir à un résultat concret. Un sérieux point de blocage sera la reconnaissance du Hamas, soutenu par la Syrie.

Je crains que l’opinion de la majorité des Israéliens ne se trouve dans un article de Shlomo Avineri paru dans Ha’aretz le 6 avril 2009 : « What to speak with Hamas about ». Les Israéliens sont scandalisés par l’idée, très répandue en Europe et aux Etats-Unis, qu’une paix avec les Palestiniens n’est pas possible sans un dialogue avec le Hamas, ce qu’ils refusent catégoriquement. Mais l’auteur de cet article va beaucoup plus loin, au point d’écrire : « Comparés au Hamas, Joerg Haider et Jean-Marie Le Pen sont des modérés ». Il ne s’en tient pas au discours habituel des sionistes, selon lesquels on ne discute pas avec des gens qui veulent « rayer Israël de la carte ». Il porte contre le Hamas une accusation beaucoup plus grave, insensée même, celle de vouloir supprimer tous les Juifs de la terre.

« Il est clair, conclut-il, que si un tel mouvement gagnait l’Europe, personne n’imaginerait qu’on puisse proposer des négociations avec lui, ou qu’il puisse faire partie d’un gouvernement. Il ne serait pas seulement déclaré illégal, mais contraire aux droits de l’homme. Une telle abomination n’a pas sa place dans un discours politique. »

Bashar al Assad, qui n’ignore rien de cette paranoïa collective, peut faire avancer les négociations de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne, à condition d’avoir le soutien du Président américain. Les deux hommes peuvent s’entendre.


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