Equateur : quand les minerais minent la cohésion nationale

par La centrale à idées
lundi 19 décembre 2016

 

 

Le gouvernement équatorien a adopté l'état d'urgence dans la province amazonienne du Sud-est du pays, après la mort d'un policier le 14 décembre lors de l'attaque du camp minier San Carlos1 par des membres de l'ethnie Shuar. Selon un rapport des autorités équatoriennes, quatre-vingt personnes auraient attaqué à l'aide d'explosifs l'installation gardée par sept policiers, où l'entreprise chinoise ECSA extrait notamment du cuivre. Des camps miniers d'EXSA avaient déjà été occupés en novembre dernier par des indigènes Shuar, pour protester contre la spoliation de leur territoire2.

 

La bataille médiatique entre gouvernement équatorien et représentants des ethnies indigènes fait rage :

 

le président équatorien : « Un appel à tous les Équatoriens a nous unir pour rejeter unanimement la barbarie. Mon soutien à la famille du frère policier »

 

 

la Confédération des Nationalités Indigènes de l’Équateur : « Qu'on cesse d'inculper le peuple Shuar, la violence prend racine dans l’État qui impose l'extraction minière, militarise, criminalise et poursuit le peuple. »

 

Depuis des années le gouvernement de Rafael Correa tente de ménager la chèvre et la chou : en permettant l'extraction du pétrole et des minerais de la région amazonienne, par des sociétés étrangères et en particulier chinoises3, tout en assurant des programmes sociaux et le développement d'un tourisme soutenable grâce à la rente tirée des matières premières4.

 

Seulement, dans l'Amazonie équatorienne comme ailleurs, l'Homme ne vit pas que de pain, et vit surtout très mal la spoliation de ses terres par des entreprises étrangères et leur pollution par les agents chimiques hélas nécessaires à l'extraction minière. Si on ajoute à cela que l'entreprise incriminée est chinoise et se fiche comme d'une guigne de la santé des populations et du biotope5 locaux, on comprend soudain mieux la colère de l'ethnie Shuar...

 

  Une centaine de Shuars mettent en fuite la police de la ville de Macas lors d'une émeute le 19 août 2015

 

Le prochain président équatorien, qui sera élu en février prochain6, saura t-il trouver une articulation harmonieuse entre les intérêts précités ? On l'espère pour ce pays injustement méconnu et en particulier cette sublime province amazonienne.

 

 

 

1http://www.actulatino.com/2016/12/15/equateur-un-policier-tue-lors-d-un-conflit-minier-opposant-indigenes-et-forces-de-l-ordre-en-amazonie/

 

2http://www.aldeah.org/fr/intervention-militaire-nankints (communiqué de la confédération des nationalités indigènes de l’Équateur)

 

3http://www.romandie.com/news/La-Chine-premier-investisseur-en-Equateur-va-investir-davantage/754335.rom

 

4http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/12/15/97002-20161215FILWWW00059-lundin-gold-va-exploiter-une-mine-d-or-en-equateur.php

 

5http://www.lefigaro.fr/environnement/2012/11/27/01029-20121127ARTFIG00660-quateur-une-foret-a-l-abri-des-changements-climatiques.php

 

6http://www.lavenir.net/cnt/dmf20161119_00917189

 


Lire l'article complet, et les commentaires