Dix-sept ans après le précédent épisode, qui avait remis en selle Bill Clinton face à la vague conservatrice de 1994, les Etats-Unis se retrouvent contraints de fermer à nouveau une partie de l’administration fédérale, faute de vote sur le budget. Un épisode très instructif sur les questions institutionnelles.
Un nouveau psycho-drame
Il est difficile de savoir ce qui va se passer.
Près d’un million de fonctionnaires ont été mis en chômage technique pour protéger les fonctions régaliennes de l’Etat. Il est probable que la gravité de la situation, qui pourrait remettre en question la reprise de l’économie, devrait imposer aux républicains et aux démocrates de trouver un accord. Mais le degré de polarisation de la vie politique étasunienne complique la donne. En outre, le plafond de la dette sera atteint dans deux semaines et en l’absence (improbable) d’accord, le pays pourrait finir par se retrouver en défaut de paiement.
Une démocratie malade
Bien sûr, les exigences de la démocratie imposent des contre-pouvoirs. Mais les Etats-Unis ont poussé la logique jusqu’au point où l’absence d’accord entre les parlementaires peut mener à une fermeture de l’Etat et à un défaut de la dette. Il est bien évident que dans nos institutions centralisées et où le pouvoir exécutif est bien plus fort, ce genre d’épisode n’est pas possible. En effet, à force de mettre des contre-pouvoirs, les Etats-Unis ont fini par devenir une démocratie faible, où les plus radicaux peuvent faire la loi, où les lobbys et les intérêts particuliers gagnent un pouvoir indécent.
C’est aux Etats-Unis également qu’une avalanche de référendums avaient placé la Californie au bord du défaut en limitant fortement les recettes et en imposant des dépenses parfois inconsidérées ainsi qu’une architecture institutionnelle rendant impossible tout changement.
Donner trop de pouvoirs de blocage peut finalement poser de graves problèmes démocratiques quand une minorité d’activistes radicaux finissent par pouvoir imposer leur loi à une majorité plus modérée. Heureusement, la Californie montre la voie avec des réformes institutionnelles pour déradicaliser les primaires.